Contribution

A propos de la corruption au Sénégal

La publication du rapport de l’OFNAC sur la corruption au Sénégal n’a pas fini de soulever des vagues de contestation, de dénonciations et d’indignation quant aux conclusions tirées, faisant de la Police, de la Gendarmerie et de la Santé, les secteurs les plus corrompus du pays.

Ben..

On peut s’émouvoir sur la stigmatisation de certains secteurs pointés du doigt car les enquêtes en question ont été faites sur la base de sondages, c’est à dire de  l’aléatoire. Or qui dit aléatoire dit imprécision et hasard. Ne serait-ce que pour ces aspects,  le rapport aurait pu faire preuve de circonspection et de prudence avant de certifier des conclusions péremptoires qui auront, sur la base de données hasardeuses parce que non scientifiques, jeté surtout l’opprobre sur des corps de métiers. Le sondage est une pratique statistique qui laisse des marges d’erreurs énormes. Combien de fois des sondages réputés fiables ont été démentis par les faits ?

La grande déconvenue infligée à Hilary CLINTON lors des Présidentielles américaines de 2016 malgré tous les sondages qui la donnaient largement gagnante, devrait inciter tout un chacun à prendre les sondages pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils valent et les manipuler avec prudence, circonspection et surtout RETENUE…Tant il est prouvé que les statistiques tout comme  la comptabilité d’ailleurs sont « les formes les plus élaborées du mensonge». On leur fait dire ce qu’on veut et non ce qui est …Absolument !!!

Sur ce plan, l’OFNAC a donc manqué de tact et de par les conclusions péremptoires de son rapport incriminé, il a jeté à la vindicte publique certains corps de métiers qui n’ont pas le monopole de la corruption.  Loin s’en faut…

De ce grand corps de contrôle qu’est l’OFNAC –qu’on attendait plus sur des dossiers connus de tous et plus « brûlants » – on aurait aimé trouver plus d’organisation et de méthode dans la communication pour livrer des informations aussi sensibles sur le baromètre de la corruption au Sénégal.  Bref, le mal est fait il faut le gérer…et en apprendre pour la suite.

Toutefois, sans refléter la vérité vraie pour parler comme l’autre,  ce rapport comme tous les rapports, vaut ce qu’il vaut, moitié vraie, moitié fausse. Il a tout de même le mérite de montrer qu’au Sénégal, la corruption est endémique et gangrène presque tous les secteurs de la vie économique, sociale, politique, religieuse et j’en passe. Ce que tout le monde sait d’ailleurs pour le vivre quotidiennement à tous les niveaux.

La corruption est plus un problème de personne que de corporation. Dans tous les secteurs de la vie, on trouvera des corrompus et surtout des CORRUPTEURS…Cela n’a rien à voir avec la corporation.

 La corruption est plus une prédisposition de l’individu qu’une pratique grégaire.

Une personne perméable à la corruption active (corrupteur) ou passive (corrompue) fera toujours des siennes partout où elle se trouvera. La corruption est consubstantielle à l’avidité et revêt diverses formes qu’il serait illusoire de pouvoir citer dans cet article.

Le bakchich  ou « noyau mouride ou tidiane » c’est selon, n’en est d’ailleurs que sa forme la plus vulgaire, la plus simple et … la moins mauvaise. Les pires formes de corruption sont à chercher dans  d’autres pratiques « plus soft » mais beaucoup plus répréhensibles. On ne le dit pas assez mais la transhumance  politique qui est une pratique homologuée au Sénégal est une forme de corruption dangereuse des pratiques politiques.

De même, le proxénétisme tarifié est de la corruption exercée sur des êtres dominés (hommes ou femmes) pour vendre de la perversion des mœurs . L’allégeance quasi servile au marabout est aussi une forme de corruption du maître sur l’apprenant. Le trafic d’influence est aussi de la corruption exercée sur un tiers pour obtenir un résultat recherché. Le chantage sous toutes ses formes est aussi de la corruption pour obliger une victime à accepter vos conditions . etc…etc..

On le voit bien la corruption revêt des formes plurielles qu’on voudrait dénommer autrement mais qui n’en demeurent pas moins de la CORRUPTION.

Dès lors  que le phénomène est multiforme et endémique à tous les niveaux, plutôt que chercher à l’éradiquer ce qui me semble chimérique, il s’agit surtout de savoir comment gérer la corruption pour la rendre moins destructrice. Et dans cette perspective, les sanctions doivent porter plus sur le corrupteur que sur le corrompu.. L’action de corrompre est corrosive et induit une intention vénale, le corrompu étant souvent plus une victime qu’un intrigant.

Seules les âmes fortes et très fortes peuvent résister au « cadeau » et elles ne sont pas légion. Il s’agira donc de créer les conditions qui vont permettre au corrompu d’accepter –ou d’avoir le courage -de démasquer le corrupteur pour dissuader cette pratique. Même DIEU a absout Adam le corrompu, après son mea culpa et l’a renvoyé sur Terre en pénitence. Réservant la Grande Punition à Satan le Corrupteur Maléfique.

C’est ce changement de paradigme qui permettra certainement de réduire les pratiques de corruption qui gangrènent tous les secteurs de notre vie.

Que DIEU nous gardes et gardes le Sénégal.

Dakar le 28/12/2017

Guimba  KONATE

DAKAR

guimba.konate@gmail.com

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