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CE QUI LIE OUSMANE SONKO AVEC LA CASAMANCE : C’EST UN DISCOURS PLUTÔT QU’UNE SIMPLE APPARTENANCE RÉGIONALE.

La percée du candidat déclaré à la présidentielle du 24 février 2019, M. Ousmane Sonko, en Casamance inquiète plus d’un, surtout lorsqu’il a déclaré ouvertement que la Casamance entière reste sa base politique. Depuis lors, une masse non négligeable de jeunes, d’adultes et de vieillards lui vouent sympathie. Ce qui, naturellement, met mal à l’aise ses concurrents avec qui il partage la même base politique et ses adversaires du pouvoir et d’opposition du palais.

Une stratégie de diabolisation a été, depuis lors, bien réfléchie pour le mettre en mal avec l’opinion nationale comme cela a été le cas avec son appartenance religieuse, ses positions sur les dirigeants du pays depuis 2000 et tant d’autres.

D’abord, ses accointances avec le Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC) ont été mensongèrement avancées pour montrer que le Patriote en chef est un indépendantiste. Ensuite, son prétendu financement par le président gambien d’alors, le Big Man, a été inventé pour faire croire que Sonko est un homme dangereux pour la cohésion nationale. Tous ces mensonges du pouvoir et ses alliés sataniques n’ont pas réussi à freiner cet élan de sympathie dont bénéficie Sonko dans sa base politique et dans le pays, dans son entièreté.

Aujourd’hui, c’est à son électorat de la région que l’on s’attaque sur la base d’une prétendue « solidarité casamançaise ou régionale, c’est selon ». Sur la base de simples slogans « localisés » du genre « Sonko ololi » qui veut dire « Sonko est le nôtre », on veut en faire un débat.  Est-ce un crime de dire que Sonko est le nôtre ? A-t-on oublié le « So ko lalé, lal nga Buur Sine » !Est-ce que l’on en avait fait un débat ?

On oublie que l’électorat est d’abord affectif pour le clair des hommes politiques du pays. Ce qui n’a jamais été le cas pour nous autres de la Casamance. A titre exemplatif, Robert Sagna a candidaté à la présidentielle de 2007 mais n’a pas gagné la Casamance et personne parmi ceux de la région qui ont candidaté à une présidentielle n’a réussi a gagné la Casamance. Ceci dit que c’est le discours qui intéresse les Casamançais.

Ce n’est pas pour rien que le « NON » ait été important au référendum de septembre 1958 en Casamance : au moment où le pays enregistrait 97,55% de OUI, la Casamance enregistrait 7,42% de NON et Ziguinchor 48,57% de NON. Alors qu’à la même époque, le MFDC avait déjà fini de rallier le BDS aux congrès respectifs de Marsassoum en 1951 et de Bignona en 1954.

Ce n’est pas, non plus, pour rien que l’opposant Me Wade ait fait ses premiers meilleurs scores électoraux en Casamance. C’est dans la région qu’il a, d’ailleurs, eu ses premiers élus dès 1978.

Ce qui est aussi le cas du candidat déclaré M. Ousmane Sonko qui a le verbe et la plume sans parler de son parcours. Il faut signaler que M. Sonko est « le moins Casamançais des Casamançais » si je peux m’exprimer ainsi ; d’ailleurs on dit même qu’il est un « Casamançais hybride ».

Je ne suis pas« SONKO-BOY » et je ne cherche point à prendre sa défense. Seulement, je vois mal qu’une catégorie de Sénégalais soit stigmatisée, marginalisée et diabolisée.

Ce débat dangereux doit cesser au risque de fabriquer des « extrémistes politiques » qui réussiront à se hisser au sommet de notre pays ? L’exemple du Brésil qui vient d’élire un candidat d’extrême droite doit nous inspirer. Le cas de Trump aux États-Unis est un autre exemple. C’est l’échec de la classe politique traditionnelle qui a fabriqué ces personnalités troubles.

Si nous autres Sénégalais continuons à débattre sur des futilités, diabolisant une catégorie du peuple et non de débattre sur des questions de fond, nous finirons par fabriquer des Jair Bolsonaro, des Donald Trump voire même des Adolphe Hitler.

Débattons utilement et le Sénégal  aura tout à gagner !

Soumaïla MANGA, coordonnateur du Mouvement JUSCA « Justice sociale pour la Casamance »

Membre fondateur « Debout Pour La Patrie-DLP » et « Ziguinchor JOGNA »

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