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(Chronique de Alioune Fall) Le football, une affaire d’émotion

Si vous choisissez de  supporter un club de foot, de vous abonner au stade pour ses rencontres de la saison, de faire vos marchés dans les boutiques du club, de voyager d’un pays à l’autre, c’est que vous êtes un fan de foot au degré le plus élevé. Vous en êtes un adepte devrais-je dire. Vous avez décidé de vouer votre existence au foot. Un non amateur poussera l’étonnement même jusqu’à vous demander s’il ne s’agit pas pour vous d’autres choses de plus importantes que le foot. Vous abandonnez vos émotions à ce jeu qui mobilisent dans la transcendance des races, des peuples, des continents. Vous n’êtes pas très différents des pensionnaires des monastères. Vous n’avez juste pas la même divinité. Le vôtre est rond et omnipotent quand il roule. Il est omniprésent, il roule partout. A la Mecque ou à Jérusalem, il mobilise les fidèles. Et quand il fait des dons, peu lui importe la couleur de votre peau. Votre origine, il n’en a que faire. Ses prophètes ont eu pour nom Pelé, Maradona, Zidane, Ronaldo, Messi.

Vous êtes un adepte du foot, vous l’adorez mais vous n’avez pas besoin de le démontrer. En réalité, vous n’avez rien à démontrer. On vous demande juste de supporter l’équipe et d’accepter ceux qui le supportent différemment. Ceux-là, ils y sont plus par amour de la patrie que par amour du foot. Ils ne vénèrent pas le foot. Ils se défileront en réalité quand l’équipe connaitra des difficultés et iront épancher leur soif de chauvinisme dans un autre domaine.

Et comme un peuple a besoin de se nourrir de fierté, la vitrine que constitue la Coupe du Monde donne une image reluisante du pays à l’étranger. Personne ne veut la rater. Cela n’arrive pas tous les jours. C’était arrivé pour la dernière, il y a 16 ans. Certains de ceux qui en avaient joui ne sont plus de ce monde. D’autres étaient encore des bébés et n’ont que des souvenirs volatiles de l’épopée de la bande à Elhadj DIOUF. Autant en profiter au maximum que cela ne soit pas l’affaire exclusive des amoureux du foot. Oui c’est vrai que vous avez l’avantage, d’être patriote et amateur. C’est un plus qu’on ne peut vous soustraire. Mais le foot a des enjeux bien plus importants. Aucun évènement n’a aidé Nelson Mandela dans sa quête de réconciliation du peuple arc-en-ciel plus que la coupe du monde de rugby de 1995 et la CAN 1996.

La coupe du monde c’est moins de divergences quand on gagne. C’est plus de synergie et d’amour pour la chère patrie. Le sport et l’émotion sont indissociables. Le premier se nourrit du second, renchérit l’attachement des uns aux autres et attisent le patriotisme. Cette émotion ambiante est tellement disponible qu’on pourrait en revendre encore. Que ce soit une écharpe, un maillot, un drapelet. Les couleurs sont rayonnantes et les peuples se drapent de leurs plus beaux atours nationaux pour bien vivre cela.

Ne leur demandez aucun préalable. Ils ne sont pas forcés de maitriser les règles de hors-jeu ou dans quel cas, il faudrait recourir à l’arbitrage vidéo. Ils n’ont besoin que d’énergie et de voix pour l’ouvrir à chaque fois que le filet adverse tremble. Celle à qui on a tendu le micro et qui, à la mi-temps, pronostiquait 5-0 alors que le score était déjà de 1-1, ne doit aucune explication sportive pour les critiques portées sur Aliou Cissé ou Khadim Ndiaye. Tout ce qu’on peut lui offrir c’est de la tolérance. Les rideaux de la coupe du monde tomberont au soir du 15 juillet et chacun retournera à ses occupations avec les stigmates des émotions des jours passés. Un parcours honorable des lions auraient quelques impacts positifs sur les envies du peuple des lions. Quoi qu’il en soit un nouveau jour naitra et les actualités afficheront politique ou économie ou fait divers.

Le temps que les rideaux tombent, vous les adeptes, reconnaissez que quand un évènement de quelque nature que ce soit arrive à pénétrer les cœurs des citoyens, il faut se préparer à écouter ce que ces cœurs vous livrent. N’étouffez pas les critiques, écoutez-les plutôt. Elles ne dureront que le temps qu’on renoue avec le succès. Ils fêteront à nouveau, chanteront, danseront et se croiront plus forts que tous. C’est le charme d’un pays habité par des émotifs. Et le destin d’un émotif est de réagir au chaud dans la joie comme dans la déception. Il en sera ainsi aussi longtemps que le pays aura le privilège de se rendre à la grande messe du foot mondial.

Donc silence et laissons les choses se faire. Celui qui ignore pourquoi au centre du terrain, il y a un cercle n’a aucune obligation vis-à-vis des grands savants du sport. Il retournera dans son magasin en attendant une autre campagne. Il insultera celui qu’il a adoubé quelques jours avant. Ainsi marche les choses, vous n’y pouvez pas grand-chose à part vous chamailler pour quelque chose qui n’attend que le 15 juillet pour s’en aller.

Et si vous ne me croyez pas parcourez les rues de Russie, vous comprendrez que la coupe du monde est plus qu’une affaire de sportifs, c’est une affaire de peuple. C’est la Nation qui accueille d’autres Nations qui s’y rendent avec ce qu’ils ont de plus rayonnants à montrer à la face du monde.

En attendant…que tout le monde en profite. Que les fan-zones se multiplient. Le monde est immense, sa coupe quoique petite de taille a une dimension symbolique aussi grande que le globe ; chacun peut s’y engouffrer et elle contiendra le monde. Même le politicien y investit pour espérer en tirer du profit. Si là aussi vous ne me croyez pas alors regardez comment les fan-zones se multiplient.

Alioune Fall

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