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Dans l’univers du ramadan des teinturiers de la Cité des Eaux: Les aléas d’un métier difficile en période de jeûne

Dans le cadre de sa rubrique intitulée «dans l’univers du ramadan…», Actusen.com a rendu visite aux teinturiers établis dans le quartier de la Cité des Eaux sise à Dakar. Leur métier est très prospère durant cette période. Tout de même, cela nécessite un travail fait avec minutie et auquel plusieurs personnes prennent part.

Derrière le quartier de la cité des eaux, se trouve un grand espace aménagé pour  les teinturiers. Le site qui s’étend sur plusieurs hectares  est divisé en deux grands compartiments. Le premier est constitué de plusieurs tentes. Ces petits abris sont  faits de tissus, de bois et de  zincs. À côté, il y a quelques cantines qui ont été aménagées. A quelques mètres de là, se trouve l’autre subdivision. Séparée par un mur de clôture d’avec le premier, elle s’étend sur une surface qui fait à peu près la taille d’une dizaine de maisons. A l’intérieur, on aperçoit une multitude de tissus teintés accrochés sur des étendoirs à linge. Il y en a pour tous les goûts : vert, jaune, rouge, marron, bleu…  L’endroit accueille tous les jours des teinturiers. Des feux incandescents sur lesquels sont posés des barriques en fers découpés se distinguent.

Coudou Seck, teinturière : «Le ramadan est une période propice. Il y a beaucoup de femmes qui offrent des tissus à leur belle famille. De même, la fête de Korité avance à grand pas.»

Munies de ses gants, Codou Seck, une sénégalaise bon teint, inhibe  un tissu sur l’une de ses grandes marmites.  Les manches du boubou de la dame, un batik qui comporte plusieurs couleurs dont le vert et le rouge, arrive à peine au niveau de son avant-bras. Ce qui lui permet d’enfiler ses gants sans énorme difficulté. «Le ramadan est une période propice. Il y a beaucoup de femmes qui offrent des tissus à leur belle famille. De même, la fête de Korité avance à grand pas. Il est sûr  que les parents vont chercher à faire plaisir à leur progéniture en achetant pour elle des habits.  Donc, on ne se plaint pas. Soit on travaille avec nos propres tissus soit on vient avec ceux de nos clients. Le fait que la boutique qui nous vend les colorants soit à portée de main nous aide beaucoup.»

«Les seuls produits que l’on utilise pas, sont ceux qui nous viennent de la chine. Pour cause, ils sont de mauvaise qualité.»

Codou Seck  fait allusion à une échoppe aménagée tout près des teinturiers. Le maître de lieux, un certain Diaguily, a été trouvé en pleine prière. Un signe qui ne trompe pas. Il portait un masque. Ce qui montre que les produits qu’il a disposés sur des étagères de fortune  ont une certaine nocivité. Ils sont mis dans des sacs à plastiques jaunes ou blancs qui laissent transparaître leur couleur. Certains sont déposés sur les étagères.

D’autres accrochés à l’aide de petits clous. Ces colorants, les teinturiers les associent avec d’autres produits chimiques. L’assistant de Diaguily nous explique que, jusqu’à un passé récent, ces produits leur venaient surtout des pays africains notamment le Mali et le Burkina Faso. Seulement, aujourd’hui, nous révèle-t-il, les occidentaux se sont investis dans ce marché qui génère beaucoup d’argent. Toutefois, l’assistant de Diaguily tient à préciser : «Les seuls produits que l’on utilise pas, sont ceux qui nous viennent de la chine. Pour cause, ils sont de mauvaise qualité.»

Massamba Sow : «Il est très difficile d’exercer ce type de métier durant le mois de ramadan. Par contre, c’est mieux que de rester chez soi à ne rien faire. Cela fait quinze ans que je suis ici.»

La teinture ne se limite pas à imbiber les tissus dans une marmite. Après le séchage, les étoffes sont envoyées au premier compartiment. C’est là que Massamba Sow, un jeune homme qui porte en ce jour un t-shirt col v blanc,  entre en scène. Avec sa grosse batte, il est assis dans une tente en face d’un autre de ses compagnons.  Ce dernier aussi tient par devers lui  un gros gourdin sur la main. L’un après l’autre et sans interruption, ils sont en train de battre un tissu rouge étendu sur un tronc d’arbre qui fait près d’un mètre et demi. A côté d’eux, beaucoup de leur camarade sont étendus à même sol. Ils ont sans doute donné tous ceux qu’ils avaient dans le ventre. Mis à part le bruit engendré par les chocs entre les deux bois, c’est le clame plat.

Mame Gor Sarr : «Ce sont les femmes teinturières qui nous amènent les tissus. Les prix varient. Parfois, on demande 500 FCFA, 1000FCFA. On peut aller jusqu’à 5000FCFA.»

« Il est très difficile d’exercer ce type de métier durant le mois de ramadan. Par contre, c’est mieux que de rester chez soi à ne rien faire. Cela fait quinze ans que je suis ici. Les heures de travaillent sont définies en fonction de la commande. Même si nous sommes en période de jeûne, il m’arrive de rester là jusqu’à 19heures et plus», nous raconte Massamba Sow.   Comparé à ce dernier qui habite la cité des eaux, Mame Gor Sarr quitte Fass Mbao tous les jours. Il nous explique que : «Ce sont les femmes teinturières qui nous amènent les tissus. Les prix varient. Parfois, on demande 500 FCFA, 1000FCFA. On peut aller jusqu’à 5000FCFA. Tout dépend du travail qui est attendu de nous.»

Les teinturiers seront une fois de plus  mis à contribution  pour rendre belle la fête de Korité. D’aucuns les sollicitent même au début du mois de ramadan pour offrir des habits à leur belle famille. Aujourd’hui plus que jamais, les sénégalais sont attachés au travail de ces artisans qui associent tradition et modernité. Seulement, c’est un travail qui est non seulement pénible surtout au mois de ramadan. Mais aussi, il requiert l’utilisation de produits chimiques.

Omar Ndiaye (Actusen.com)

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