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Des milliers de membres présumés de Boko Haram jugés au Nigeria

A partir de ce lundi 9 octobre, plus de 2 300 personnes accusées d’appartenir à Boko Haram comparaîtront dans une série de procès inédits à huis clos au Nigeria. C’est une première depuis le début de l’insurrection en 2009. Des procès dont on sait peu de choses et qui suscitent déjà interrogations et inquiétudes.

Jusqu’à maintenant au Nigeria, seules neuf personnes ont été jugées et condamnées pour leur appartenance à Boko Haram. Cette fois, la justice fédérale se dit en mesure de juger 1 670 personnes actuellement détenues dans le centre militaire de Kainji dans l’Etat du Niger, dans le nord-ouest du pays.

Parmi ces détenus, 200 devraient être relâchés et intégrés à un programme de « déradicalisation », selon une déclaration du ministre de la Justice au journal nigérian The Vanguard, il y a quelques jours.

Ensuite 651 personnes détenues dans le camp Giwa de Maiduguri, dans le nord-est, devraient à leur tour être jugées. Des espaces ont été aménagés pour juger à l’intérieur des centres militaires de détention.

Audiences à huis clos

Seulement voilà, ces procès annoncés ne sont pas sans poser un certain nombre de questions. Dans quelles conditions vont-ils se tenir ?

Les audiences auront lieu à huis clos. Les autorités craindraient la diffusion d’informations sensibles. On sait déjà que les médias en seront exclus et que rares seront les observateurs : le CICR et les ambassades américaine et britannique ont obtenu de pouvoir y assister.

Certains voient d’ailleurs dans la tenue de ce procès le résultat de pressions diplomatiques, américaine et britannique ? Yan St-Pierre, du Modern Security Consulting Group, n’en est pas convaincu. Pour lui, la présence de diplomates américains et britanniques au procès est plutôt une façon de trouver « un compromis avec l’absence complète de médias ».

Des enquêtes bâclées ?

Autres questions, celle de la crédibilité et du sérieux des enquêtes menées sur les détenus, dans des zones particulièrement dangereuses. Celles aussi des conditions de leur arrestation et de leur détention. Selon un spécialiste américain cité par l’AFP, Matthew Page, la plupart sont détenus depuis des années au secret sans avoir pu voir ni avocat ni juge.

Plusieurs rapports d’Amnesty International ont pointé par le passé des manquements graves dans la lutte contre le groupe armé Boko Haram. En juin 2015, toujours par écrit, l’ONG a dénoncé 20 000 arrestations arbitraires et près de 1 200 exécutions sommaires. Juste après son élection en 2015, le président Muhammadu Buhari avait promis d’enquêter sur ces accusations de violations des droits de l’homme. Au moins deux commissions ont bien été lancées. Mais en juin dernier, l’armée a renoncé à poursuivre les officiers mis en cause par Amnesty International.

Qui sont les accusés ?

Parmi les questions posées, on se demande aussi qui sont ces accusés. S’agit-il de cadres de l’insurrection ou de simples combattants ?

Avec RFI

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