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Doudou Issa Niasse, membre du BDS en 1948 : « Senghor voulait des ministres ayant une personnalité incontestée au niveau de leur terroir »

Le maire de la commune de Biscuiterie est un pur produit du mouvement sportif. A l’âge de huit ans déjà, Doudou Issa Niasse a adhéré à la Jeanne d’Arc, club dont il est jusqu’à présent  membre du Comité directeur. Par contre, si le doyen de la défunte douzième Législature s’est fait un nom, c’est grâce à la politique.

En 1948, il a intégré le BDS avec pierre Goudiaby, se rappelle-t-il, avant de rejoindre, en 1959, le PRA, qui avait suggéré l’indépendance immédiate. Finalement, le jeune panafricaniste décide de se retirer de l’arène politique, avant de réintégrer, en 1964, sa première formation, devenue UPS.

Dans cet entretien, Doudou Issa Niasse revient sur les critères de nomination des ministres et Directeurs généraux sous Abdou Diouf et Léopold Sédar Senghor. 

Source A : Comment le président Senghor choisissait-il ses responsables ?

Du temps de Feu le Président Léopold SédarSenghor, on avaitdémarré le multipartisme. Mais le multipartisme intégral n’a été effectif qu’avec Abdou Diouf. Cela dit, Senghor voulait des ministres compétents, mais qui avaient une personnalité incontestée au niveau de leur terroir.

Ils devaient être, d’abord, en relation avec les populations, donc leurs représentants. Ou alors être des cadres de très haut niveau. Mais pouvant avoir le soutien de leur base. C’était en général  des éléments du Parti ou ils ont été obligés d’aller dans le parti. C’est le cas d’Abdou Diouf et d’Habib Thiam. Concernant ce dernier, c’est ce qui nous a poussé à nous retrouver pour créer l’Union nationale des originaires du Walo, qui le soutenait et allait avec lui vers le Walo.

Source A : Pourquoi avoir obligé Habib Thiam et Abdou Diouf à faire de la politique ?

Parce que c’était un Parti quasiment unique. Et à ce niveau, le responsable, qui était choisi au plan national, devait pouvoir polariser les responsabilités au niveau de la base.

Source A : Est-ce que ces personnes avaient en principe la représentativité pour convaincre les habitants du Walo d’adhérer au Parti socialiste ?

En fait, Habib Thiam avait des relations avec quelques responsables. Ce sont ces responsables, originaires du Walo, qui ont réuni les fils de ce terroir pour mener avec eux des actions sociales et implanter, au niveau de chaque village, la personnalité d’Habib Thiam.

Finalement, nous l’avons amené avec nous pour faire le tour du Walo et pour être adopté par les populations de cette contrée. Abdou Diouf aussi a fait la même chose au niveau du Ndiambour,à Louga, après avoir été nommé Premier ministre. Les Lougatois se sont regroupés pour mettre sur pied une Association nationale et l’impliquer.

Donc, qu’est ce qui était vraiment déterminant pour devenir ministre sous Senghor ?

Pour le choix des ministres, pour la plupart d’entre eux, il fallait qu’ils soient des fonctionnaires aguerris comme Abdou Diouf, Habib Thiam qui, après leur sortie de l’Ecole nationale d’administration de la France d’outremer, ont commencé à servir. Abdou Diouf a été nommé à 35 ans Gouverneur du Sine Saloum. Depuis, il a gravi les échelons, pour être un Conseiller au niveau des Affaires étrangères. Par la suite, il a occupé le poste de Conseiller diplomatique au niveau de la Présidence, les fonctions de Directeur de Cabinet, ministre du Plan et ensuite Premier ministre. Donc, c’est un cheminement non seulement dans le cadre de la hiérarchie administrative, mais aussi au niveau des Directions nationales.

Source A : Parmi les ministres et Directeurs de Feu Senghor, est-ce qu’il y en avait certains qui avaient une représentativité, avant d’être nommés ?

Si tu prends le cas de Moustapha Niasse, il était le responsable des élèves et étudiants socialistes. C’est à ce titre-là, après sa réussite à ses examens, qu’il a été nommé Directeur de l’Information. Mais ce poste était toujours occupé par un responsable.

De Directeur de l’Information, il est allé à la Présidence comme Directeur de Cabinet. C’est à ce moment qu’il s’est implanté au niveau du Saloum. Des éléments comme ça, il y en avait. Ils étaient politiques, et du fait de leur représentativité, avaient eu des postes au niveau gouvernemental et ont essaimé au niveau de la base.

Maintenant, des responsables étaient là avant l’indépendance. Au fur et à mesure, ils ont été évincés et remplacés par des jeunes cadres qui ont travaillé à la base comme Robert Sagna, Landing Sané. C’étaient des éléments qui ont fait leurs études, ont travaillé jusqu’à être parmi les meilleures dans leur profession et leur terroir au point d’être Directeur national.

Source A : Est-ce qu’il y avait des postes de ministres ou directeurs généraux qui n’étaient pas politiques ?

Non, je ne pense pas. Du temps de Feu le Président Senghor surtout, on peut dire qu’il y avait des personnalités, qui ne faisaient pas de politique à la base. Mais, elles étaient, quand même, politiques. Nous pouvons nommer, par exemple, Jean Colin, qui avait opté pour la nationalité sénégalaise.

Source A : Est-ce à dire que ces postes sont éminemment politiques ?

Ce sont les postes de ministres qui sont politiques. Mais, du temps d’Abdou Diouf, plusieurs Directeurs  généraux  n’avaient pas fait de politique. Je me rappelle, plus très exactement, leurs noms. Ils étaient là pour faire le travail que le Président leur demandait.

Et les ministres de l’Economie d’Abdou Diouf ?

Les ministres des Finances, jusqu’au temps de l’ancien Président, Abdoulaye Wade, ne faisaient pas fait de politique, directement. C’est-à-dire qu’ils ne descendaient pas sur le terrain. Mais ils avaient un appui en direction des éléments du Parti, qui étaient dans leurs terroirs respectifs. Il y a, par exemple, le cas de Moussa Touré durant le magistère d’Abdou Diouf. Il avait beaucoup de soutiens. C’est ce qui faisait que tous les éléments de la Gueule-Tapée, de Fann, entres autres étaient avec lui.

Entretien réalisé par Omar Ndiaye

 

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