Contribution

ET SI L’ON SE PARLAIT DANS LE BLANC DE L’ŒIL ?

Le Président de la République vient de mettre en place le gouvernement qui doit l’accompagner et l’aider à atteindre les objectifs qu’il s’est fixés pour son second et dernier mandat. Un gouvernement “fast-track” selon ses propos. Et depuis, les supputations vont bon train quant à l’efficacité de ce dernier. À raison ou à tort?
Certains parlent d’un gouvernement de complaisance, c’est à dire où les postes ont été distribués suivants les derniers résultats obtenus par la coalition Benno Bokk Yaakaar à l’élection presidentielle du 24 Février dernier. L’on serait tenté d’y croire, vu le nombre de ministres siégeant dans le nouvel attelage gouvernemental et qui ont obtenu un score plus que satisfaisant dans leur localité ( Fouta 12 ministres, Linguère 5 ministres…)  Si tel est le cas, l’on se demanderait alors pourquoi l’éviction du Professeur Mary Teuw Niane, si l’on sait qu’il a été le seul et véritable artisan de la victoire du Président à Saint-Louis ( et ce pour toutes les élections remportées par la coalition dans ce département). Aurait-il fauté dans l’exercice de ses fonctions ministérielles? Les plus proches collaborateurs du désormais  ex-Ministre de L’enseignement Supérieur, de la Recherche et de L’innovation  et toutes les personnes qui ont eu à le côtoyer, tant sur le plan du travail, de la politique ou dans la vie de tous les jours, le présentent comme un “fou du travail bien fait” qui, à force de travail, en oublie même jusqu’à sa propre famille, sa propre personne. Un homme d’une simplicité démesurée, dévoué à sa communauté, à son pays et à l’enseignement supérieur. Le Président de la République a, à plusieurs reprises, et devant d’éminentes personnalités nationales et mondiales, félicité celui qu’il avait fini de surnommer “l’Excellentissime”. Alors, l’on est amené à se poser cette lancinante question: Pourquoi lui?
La réponse est toute simple pour qui connaît et maîtrise l’emballage politique saint-louisien. Seulement, avant d’y répondre, quel est le sentiment le mieux partagé après la formation de ce gouvernement “fast-track”?
MARY TEUW NIANE, OU UNE ÉVICTION À LA LIMITE SURPRENANTE !
L’éviction du Professeur Mary Teuw Niane du MESRI ne saurait être compréhensible… Il est vrai, et nous n’en disconvenons pas, que le Président de la République a un pouvoir discrétionnaire. Cependant, force est de constater et de reconnaître que l’éviction de certains ministres a surpris plus d’un, surtout le cas au niveau de  l’enseignement supérieur.
Au Sénégal, en Afrique et partout dans le monde les gens s’interrogent: “Pourquoi enlever l’éminent Professeur Mary Teuw Niane?”. “L’EXCELLENTISSIME PROFESSEUR MARY TEUW NIANE”, ( les termes exacts utilisés par le Président Macky Sall ), mis à part le fait qu’il soit l’initiateur des réformes universitaires que nous savons tous, mis à part le modèle sénégalais des ENO, mis à part les nombreuses avancées notées dans ce secteur clé de l’émergence, est un érudit des sciences, un homme de défis et un véritable innovateur.
Nous nous souvenons encore de la situation chaotique, comatique et désespérant où il avait trouvé l’Enseignement supérieur en 2012.
Le Président MACKY Sall a vu le profil pertinent d’un homme du sérail, l’honorable Professeur Mary Teuw Niane, lui avait donné l’impossible tâche de redresser et de mettre sur l’orbite de l’émergence ce secteur, crucial, capital humain, deuxième pôle du PSE.
Monsieur Mary Teuw Niane accepta, et convoqua les Assises par esprit d’ouverture et d’inclusiveté.
Il fit honneur à l’honorable Professeur Souleymane Bachir Diagne de présider les Assises de l’Enseignement  supérieur.
Les Assises qui ont fécondé les 11 principes sur lesquels le référentiel pour l’enseignement supérieur se base et se fonde.
L’excellentissime professeur Mary Teuw Niane ( dixit le Président MACKY Sall) innova: Campusen, UVS, ENO. Monsieur le Président chanta ses louanges et  lui assigna une autre mission: celle de ministre de l’innovation.
“Monsieur le MESRI Mary Teuw Niane, humble, fidèle, travailleur, courageux, qui s’est sacrifié” ( selon toujours les termes du Président). Ambitieux, voulant révolutionner le secteur qu’il aime, passionné de savoirs et de recherches, il s’est efforcé corps et âme à  accompagner la politique du Chef de l’État.
Il fut le coordinateur départemental de toutes les élections remportées à Saint-Louis ( sans lui, il en serait autrement).
“Tous les Sénégalais connaissent maintenant par cœur, les ENO, les ISEP, les nouvelles universités, les CRE, l’UVS, et j’en passe. C’est dire que Monsieur le Ministre est demeuré le véritable professeur, le vrai pédagogue. Demandez aux habitants de Méry, d’HaayreLaaw, de Matam, d’Ourossogui, de MadinaYeroFoulah, de Kolda, de Ziguinchor, de Richard Toll, de Bignona, de Thiès, de la banlieue dakaroise, de Kaolack, de Diourbel, ils vous confirmeront mes propos. Oui, le désormais ex-MESRI a été le premier communicateur, le premier crieur public de toutes les réalisations dans le sous-secteur de l’enseignement supérieur. Il en était le premier chantre, le premier porte-parole auprès de toutes les audiences foraines tenues jusque sous les épaisses frondaisons des géants kapokiers et autres fromagers de la Casamance, sous l’ombre des malingres acacias des savanes dénudées et chauves du Centre, de l’Orient ou du Septentrion sénégalais, à travers la savane roussie ou reverdie par le soleil. Ce Ministre « Plein » a fini d’être adopté, aimé, admiré et célébré dans tous les foyers sénégalais. La jeunesse estudiantine, captivée par ses explications lors de leurs nombreuses présentations de plateformes revendicatives savent que Monsieur le Ministre connait très sérieusement et profondément tous ses dossiers. Une vraie lame de fonds d’admiration est partout notable dans les universités publiques et privées de notre pays. Ils étaient, en réalité, très en phase avec leur Ministre. Cette communion était toujours matérialisée par des tableaux d’art qu’ils lui offraient et qui tapissaient les murs du Ministère, des boubous savamment apprêtés par nos artisans à la main dextre et ingénieuse. Il est connu et reconnu dans tous les campus des universités de la sous-région et même au-delà. Quel est le Président Africain qui ne rêverait pas de l’avoir, avoir ce joyau de la science comme commandant de bord pour la transformation profonde de son système d’enseignement supérieur ? Quelle est l’organisation internationale non gouvernementale qui ne prierait pas pour l’avoir, avoir cette pépite d’or comme expert assermenté et permanent ? Quelle est cette institution mondiale qui ne s’empresserait pas pour l’avoir, recruter ce génie qui a mis au point la théorie du contrôle, comme consultant à vie ? Suivez mon regard. Aussi, j’ose attirer l’attention sur cet homme de valeur, cet emblème national, cette icône nationale, cette  fierté nationale et panafricaine, qui a fini de convaincre au local comme à l’international. Monsieur le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation ne construisait pas pour lui ;il ne construisait pas la maison du père ou celle de la mère, mais il construisait pour la nation sénégalaise, celle de notre temps et celle des temps à venir. Avec lui, et dans une excellente et parfaite intelligence, le Sénégal est entré dans l’Histoire, qu’on le veuille ou non. En tous les cas, la population est en train de  témoigner de sa loyauté, de son courage, de son engagement irréductible, de sa solidarité gouvernementale, de son élégance républicaine, de sa disponibilité envers le Chef de l’État, le gouvernement et envers toute la nation sénégalaise. Il s’est fondu, entièrement, totalement, dans la cause universitaire nationale jusqu’à s’oublier, oublier sa personne, oublier les siens. Pour tout cela, le choix fait de se séparer de ce “Ministre Fast-Track” est incompréhensible.
UNE RIVALITÉ  AVEC LE BEAU-FRÈRE DU PRÉSIDENT.
Entre le Professeur Mary Teuw Niane et l’actuel maire de Saint-Louis et non moins frère de la première dame, il y a toujours eu cette dualité dont tous les habitants de la capitale du Nord sont témoins. Cette dualité entre les deux leaders de l’Alliance Pour la République (APR) de Saint-Louis trouve sa source bien avant l’accueil des Présidents Macron et Sall à Saint-Louis. Mais, c’est précisément à cette période que les rapports entre les deux hommes sont devenus plus tendus ( même s’ils voulaient montrer le contraire en public). Pour rappel, en préparant l’arrivée des deux Présidents, la coordonnateur départemental de l’APR de Saint-Louis s’était fendu d’un communiqué selon lequel interdiction était faite à tous les responsables de flanquer de leur photo les t-shirts et banderoles devant servir à l’accueil, hormis celles des présidents Macron et Sall. Et dans la même période, on retrouvait des t-shirts et banderoles avec la photo des deux Présidents et du Maire de Saint-Louis. Paradoxe. Le Professeur Mary Teuw Niane, en mission à l’extérieur avec le Président Macky Sall, mis au parfum de ce coup bas, intima l’ordre à sa base (sur sa page facebook) de confectionner des supports avec sa photo.
Il est aisé de comprendre, après cet accueil où le Président a félicité publiquement le Professeur, et devant le Président Macron, pourquoi les relations se sont tendues. Durant cet accueil, la mobilisation du camp du Professeur était exceptionnelle. Partout, on ne voyait que ses hommes. Et cet exercice s’est répété encore et encore. La dernière en date, fut pendant le meeting du Président Macky Sall à Saint-Louis où, la marée blanche constituée par les partisans du Professeur a véritablement englouti ceux du maire de Saint-Louis. Et c’est durant ce même meeting que SEM Macky Sall a flanqué au Professeur le sobriquet d’EXCELLENTISSIME.
Qui plus est, sachant que sans lui gagner une élection serait incertaine, voire impossible, le Professeur a toujours été mis au devant de la scène politique en tant que coordonnateur électoral départemental. Et les résultats jusque-là obtenus témoignent de la valeur de cet homme sur le plan politique et relationnel.
CALCUL POLITIQUE ???
Au niveau national en général, et dans la vieille ville en particulier, la thèse a plus brandie par rapport à cette décision du Chef de l’État de se séparer de l’un de ses meilleurs ministres( sinon le meilleur) est le calcul polititique. Le Professeur Mary Teuw Niane bousculerait-il les calculs du maire de la Capitale du bon goût et de l’élégance sénégalais? En tout cas, il y ressemble. Le non moins beau-frère du Président Macky Sall et maire contesté de Saint-Louis, avec l’ascension fulgurante ( politiquement parlant) du Professeur Mary Teuw Niane, verrait ses ambitions politiques revues à la baisse. En effet, c’est un secret de polichinelle que de vous dire que Mansour Faye ( pour ne pas le citer) s’est lancé ces derniers temps dans une campagne de séduction pour rempiler comme premier magistrat de la ville. Mais cette opération, se heurtant à une imposante montagne indéboulonnable ( le Professeur Mary Teuw Niane) qu’il croit intéressé par la mairie, avec l’aide de sa famille, et aidé en cela par son beau-frère de Président, le maire a réussi un coup de maître : amenuiser les forces de son potentiel adversaire qui l’empêche de dormir. En quoi faisant? Le faire sortir du gouvernement. Le constat est amer, et la nuit agitée pour les partisans du désormais ex-MESRI. Partout, les mêmes interrogations: Pourquoi? Qu’a-t-il fait? La dynastie Faye-Sall est passée par là.
Et le comble, c’est qu’avec la récente répartition des services de l’État, le Président vient de créer un nouveau “Karim”, mais celui-là porte le nom Faye. “Karim Mansour Faye”, le nouveau ministre du développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale est devenu un super ministre, très puissant. Son ministère gère des programmes tels que le PUDC, le PUMA, Promovilles, la DGPSSN et l’ANACMU. Plus de 1000 milliards à la disposition du beau-frère. Le préparerait-on au dauphinat? Non, nous diraient ses plus farouches partisans et le camp présidentiel. Mais, avec la suppression du poste le Premier Ministre ( qui est d’ailleurs irréversible et qui devrait freiner les ardeurs des prétendants au titre de numéro 2 du parti) le Président de la République, avec cette puissance allouée à “Karim Mansour Faye”, vient de jeter les bases de ses intentions: baliser le terrain au frère de la première dame.
Quid du cas du nouveau MESRI? Parachuté de la direction du COUD à l’enseignement supérieur, le nouveau pensionnaire de l’immeuble de allées Papa Guèye Fall, malgré un rapport de l’OFNAC recommandant à le relever de ses fonctions de DG du COUD, a été promu. Dans quel but? Par précipitation? Le Président, aurait-il été poussé à prendre cette décision on ne peut plus illogique? En tout cas, nous sommes bien partis pour la politique de “la famille avant la patrie”, de la politique avant la compétence.
Benjamin.

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1 commentaire

Ibrahima ba 14/04/2019 - 22:37 at 22:37

Votre succés est celui du sénégal donc on vous le souhaite vivement afin que chaque sénégalais ait un habitat y compris moi.

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