Contribution

Eviter de voter pour les candidats, anciens dignitaires de régimes déboulonnés.

Il est important d’analyser la trajectoire sociale et le parcours professionnel et politique des entrepreneurs politiques pour présager la gouvernance qui sera la leur une fois élu à la magistrature suprême. Notre analyse porte sur la relation étroite du passé de chacun de nos présidents et de leur mode de gestion de la chose étatique. Elle a pour but d’éclairer les citoyens sur le choix juste, objectif et éclairé qui faudra faire le 24 février 2019.
Senghor, étant jeune étudiant, avait décidé de faire une recherche sur la poésie et la mélodie africaines. Arrivé à Dakar, il a été reçu par Lamine Gueye qui le proposa de faire la politique. Il accepta tout en faisant une tournée à l’intérieur du pays au contact du peuple réel, au-delà des habitants des quatre communes. En bon visionnaire, il s’appuya sur cette manne électorale pour défier son mentor Lamine Gueye et devint président du Sénégal avec le projet d’éliminer la discrimination de citoyenneté établie par les quatre communes.
Élu comme premier président de la République du Sénégal, conscient de ses limites sur la marche de l’administration, il laissa la gestion étatique à Mamadou Dia pour se consacrer aux relations internationales. Sous son magistère, le Sénégal a connu un rayonnement culturel et le début de l’expérimentation et le développement des institutions territoriales fortes.
Abdou Diouf, pure produit de l’administration sénégalaise, fut repéré par Senghor comme son remplaçant en 1981. Son mandant présidentiel est teinté d’une administration forte avec des fonctionnaires chevronnés qui exécutent l’action gouvernementale au rythme des institutions de Bretton Woods (FMI et BM). Ce fut l’ère du plan d’ajustement structurel avec toutes ses conséquences néfastes.
Sous le président Diouf, les fonctionnaire « socialistes » faisaient la pluie et le bon temps. Le peuple s’en souvient encore avec nostalgie et amertume.
Abdoulaye Wade, avocat, séduit par le libéralisme keynésien, explosa le diktat des organismes internationaux et s’ouvre à l’économie de marché. Le secteur privé connut une croissance quasi exponentielle et les titres de fonctionnaire, de cadre et de haute fonction se dégradèrent. N’étant pas un homme des rouages administratifs, il dévalorisa certaines fonctions administratives comme celles de ministre, de directeur général et de PCA, avec toutes les conséquences enregistrées. Les institutions de la Républiques connurent une forte désacralisation.
Macky Sall, lui, a un parcours politique extraordinaire. En revanche, son parcours professionnel est marqué de compromissions. Tous les postes qu’il a occupés, c’est grâce à la politique. Sans la politique, il aurait perdu ses repères. Ce qui s’explique et se justifie. En effet, depuis qu’il est président, il ne pose que des actes purement politiques en vue de négocier la confiance des sénégalais pour un second mandat. A l’occasion de sa première visite officielle aux Etats Unis, quelques semaines seulement après son accession à la magistrature suprême, après avoir réitéré sa volonté de réduire son mandat à cinq ans, il déclarait : « j’espère qu’au terme de ce quinquennat, les sénégalais me feront à nouveau confiance pour présider aux destinées de notre pays ». Ainsi, toute l’administration vit actuellement sous la tutelle des objectifs politiques du président. Le fonctionnaire a l’obligation de se plier ou d’être sanctionné.
Au total, il est important de fouiller le passé de chacun des candidats. Car leur gouvernance ne sera que le fruit de leur parcours social, politique et professionnel. Dans un pays pauvre, le peuple n’a pas droit d’élire un président par accident. Le prochain président doit avoir un passé professionnel et politique sans faute. Il ne doit pas être un homme simple, mais quelqu’un qui sort de l’ordinaire par le mérite de son parcours professionnel et de par ses positions patriotiques durant son expérience de la chose étatique. En sus, nommer quelqu’un qui n’a jamais été ministre et qui n’a jamais voyagé et négocié au nom de la république sénégalaise pourrait être fatale pour le pays… Last but not least, sur le bon choix à opérer le 24 février 2019, l’électorat sénégalais devra éviter de voter pour les candidats, anciens dignitaires de régimes déboulonnés, qui se sont enrichis sous le dos du peuple et qui ont une fois raté leur rendez-vous avec l’histoire politique du Sénégal…
Madior Ly République des Valeurs

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