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Ghislaine Dupont et Claude Verlon: le point sur l’enquête

C’était il y a 4 ans. Le 2 novembre 2013, Ghislaine Dupont, journaliste, et Claude Verlon, technicien de reportage, en mission à Kidal, sont enlevés et assassinés peu après par leurs ravisseurs. Quatre ans après, aucun des auteurs présumés du rapt n’a été arrêté vivant. Et la motivation de l’enlèvement pose aussi question. Si au vu des dernières déclassifications de documents classés secret défense au printemps la chronologie des faits est mieux connue, beaucoup de zones d’ombres et d’interrogations demeurent toujours.

Depuis un an, les avancées sont maigres. Une nouvelle déclassification de documents a eu lieu au printemps. Mais comme la précédente, elle a avant tout été source de frustration pour les avocats, de nombreux passages étant masqués en vertu du secret défense.

Rien de très nouveau non plus dans les documents fournis en mai dernier par la Mission des Nations unies au Mali. La Minusma a communiqué à la justice toutes ses notes internes liées aux évènements du 2 novembre. Des écrits qui permettent notamment de mieux connaître la chronologie des faits juste après l’enlèvement, mais ne donnent pas d’information vraiment nouvelle sur le fond.

Concernant le mobile du rapt de nos confrères, toujours pas d’explication. Mais le juge Herbaut, qui a succédé au juge Trévidic, a choisi d’écarter l’idée d’une vengeance qui serait liée au non-versement d’une part de rançon lors de la libération des otages d’Arlit. Cette hypothèse avait été accréditée dans un reportage diffusé en janvier dernier sur la chaîne France 2.

Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont-ils été trahis?

Après cette émission, les avocats des parties civiles avaient demandé l’audition d’une quinzaine de personnalités, mais sur la base d’informations qu’il aurait récoltées ces derniers mois, le juge a refusé la quasi-totalité des demandes. Enfin, faute d’état civil fiable des principaux suspects encore vivants, aucun mandat d’arrêt international n’a pu encore être lancé par la justice française.

Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont-ils été trahis, comme l’a répété à plusieurs reprises le ministre de la Défense de l’époque, Jean-Yves Le Drian, sans jamais en dire plus ? Et si oui, par qui ?

Autre interrogation, celle liée à la présence d’un hélicoptère dans le ciel de Kidal au moment de l’assassinat de nos confrères, et qui pourrait avoir fait paniquer les ravisseurs. Vraisemblablement, l’appareil appartiendrait à la Minusma selon les informations relayées par les avocats, mais aucune certitude à ce jour.

Un des freins à l’enquête aujourd’hui est l’impossibilité pour la justice malienne et française d’enquêter sur le lieu du drame, à Kidal. La situation n’est toujours pas normalisée. L’administration commence à faire son retour timidement dans la ville jusque-là tenue par les groupes armés. Un nouveau gouverneur vient d’être nommé, il a pris ses fonctions le 19 septembre. A titre personnel, il pense qu’il est encore trop tôt pour venir enquêter sur place.

 Où en est l’enquête côté malien ?

« Vous parlez d’enquête ? »  L’homme qui pose la question est celui qui au sein de l’appareil judiciaire malien maîtrise le plus le dossier. Du 2 novembre 2013 au 2 novembre 2017, explique cette source, « il n’y a concrètement pas eu d’avancée dans l’enquête sur l’assassinat de Claude Verdon et de Ghislaine Dupont ». Aucun mandat d’arrêt international n’a été par exemple émis par un juge malien. Notre interlocuteur arbore subitement un sourire nerveux, avant de couper : « Avant même d’émettre un mandat arrêt, il faut éplucher le dossier, faire des auditons, ce qui n’a pas été fait ». Alors pendant 4 ans, peut-on dire que la justice malienne a sur le dossier fait du surplace ?

Une liste de suspects existe. Par suspects, il faut entendre de possibles commanditaires et exécutants de l’assassinat. Mais « ils n’ont vraiment pas été entendus ». Pourquoi ? Certains sont probablement dans la région de Kidal qui jouxte l’Algérie. L’Etat malien n’est pas présent dans cette partie du pays. Donc impossible d’aller fouiner dans ce nord-est du Mali dont la superficie est de 260 000 kilomètres carrés dont les 2/3 sont composés de massifs rocheux montagneux. Une autre source au cœur du dossier nous regarde droit dans les yeux : « Pourquoi la France dans cette affaire refuse de lever le secret défense sur des documents ? » Conclusion de notre interlocuteur : pour que du côté malien l’enquête avance (disons plutôt commence vraiment), il faut une collaboration efficace entre justice française et justice malienne. Ce qui n’est pas pour le moment le cas.

Rfi

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