Contribution

La bataille de Guilé : Une leçon d’Histoire

Dans le cadre des activités  de célébration des 40 ans de la région de Louga, la Troupe théâtrale Pencum Djolof de Dahra a présenté «La Bataille de Guilé» au stade Bassirou Ndiaye ce samedi 1 avril en soirée de gala. A cette occasion ils ont rendu hommage à Samba Diabaré Samb.

L’affligeante débâcle des troupes du Cayor conduites par  Damel Samba Laobé  Fall, le 6 juin 1886, à Guilé, continue de charrier une vive polémique. viagra sans ordonnance Les griots du Cayor et  les panégyristes  du Djolof ne continuent-ils pas d’entretenir le voile dont se drapèrent l’administration coloniale et Samba Laobé Fall ?

Protectorat français, le Cayor ne pouvait engager une telle opération sans l’aval du gouverneur de Saint-Louis qui, selon  l’historien Mbaye Guèye, s’est simplement appuyé sur le Damel pour « mettre sur pied le projet de coalition qu’il avait voulu réaliser en 1883 » contre le Bourba Djolof ; dans une lettre à Yamar Mbodji  du Walo, Minet aide de camp du Gouverneur de Saint-Louis  expliqua: « Je t’apprends que le Damel est notre allié – Alboury et Lat Dior sont nos ennemis .»

En vérité, à  Guilé, des parents que tout unissait se sont entretués : des dissidents du Djolof conduits par Samba Laobé Penda cousin d’Alboury  rejoignirent Le Damel tandis que des partisans de Lat Dior soutinrent le Bourba. Ce dernier perçut sa victoire comme le début d’une fin inéluctable et en 1890 des colonnes de Dodds l’obligèrent à l’exil pour «  ne jamais vivre sous l’autorité française.»

Amadou Duguay-Clédor, dans son ouvrage, La Bataille de Guilé, rapporte trois  versions. « Nous croyons que ces trois versions sont toutes plus ou moins erronées.En fait  la princesse Coumba-Mandakhe Diop divorcée était rentrée au Cayor ; Khar Fall, la sœur de Samba Laobé Fall et épouse d’Alboury, était en compagnie de la reine mère Seynabou Diop l’après-midi du 6 Juin 1886 ; vraisemblablement, Samba Laobé Penda a jugé opportun de  soutenir le Damel  Samba Laobé Fall dans le dessein inavoué de supplanter son frère le cas échéant.

En dépit du respect que nous accordons à l’histoire rapportée  par les gardiens de la mémoire collective force est de reconnaître que l’administration coloniale fut la véritable instigatrice de la guerre fratricide qui opposa les soldats du Cayor et du Djolof. Les multiples conflits en cours ne sont-ils pas une répétition de l’histoire ? Dans la sous-région ou ailleurs en Afrique voire en Europe et en Asie, qui tirent les ficelles ?

La Troupe Pencum Djolof de Dahra en présentant cette sombre page de notre histoire nous invite à la lucidité , au discernement ; c’est le triomphe de ceux qui se battaient pour leur patrie, leur liberté  contre des soldats peu motivés contraints au combat  par loyauté à un souverain simple instrument du colon qui n’hésita pas à le sacrifier sur l’autel de la paix en signant un compromis avec Alboury à Koki, nous apprend l’ancien chef de département d’Histoire de la FALSH de l’UCAD.

En tout état de cause  la Troupe Pencum Jolof  à travers les personnages de Samba Laobé Penda, Demba War Sall, Moussé Boury Déguène Dieng, Alboury  Penda Mboyo  ou encore le bijoutier Maissa Dièye Ndialle  incarnent des valeurs cardinale qui ont guidé ces soldats et princes du Cayor et du Djolof.  Moussé Boury Déguène Dieng prince et ami d’enfance du Damel Samba Laobé Fall farouchement opposé à la guerre contre Alboury s’engagea résolument  au nom de l’honneur et de la fidélité ; il mourut l’arme au bras comme il vait averti avant le départ des troupes dont il commandait une partie en ces termes : « Tu ne veux écouter que les flatteurs qui, lorsqu’ils seront en présence d’Alboury trembleront et t’abandonneront ; mais sache que moi, Moussé Boury Déguène Dieng, je ne serai pas du nombre des fuyards ! Alboury te battra, mais je serai tué auparavant. »

La posture de la princesse Khar Far sœur du Damel, celle de Seynabou Diop la reine mère autant que le bijoutier du Damel et les chefs de guerre de Thiengue et Warkhokh  abreuvés aux mêmes sources de dignité, de l’honneur, de la fidélité, du courage  doivent servir de repères aux générations actuelles obnubilées par les lambris dorés et les sinécures.

La troupe a également offert le « Gadio », spectacle exécuté sous la conduite du tambour major Sidy Mbeye Seck, la chorale  assurée par Awa Cheikh Mbaye et les danseuses e Ngéweul a étalé un pan de cette riche culture du pays des Bourbas.

Pape Seck

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