Contribution

Mr El Malick Seck : le droit de fumer aux délices du Pouvoir, ne vous donne pas le droit d’enfumer la misère du peuple

La situation socio-économique alarmante du Sénégal suffit à discussion, arrêtez les faits divers politiques.

Mr El Malick Seck, dans votre dernière publication, une nouvelle fois, vous vous acharnez sur le Président du Parti REWMI. Je n’aurai pas à commenter, ni à justifier vos propos, car à les parcourir, je vois qu’elles relèvent plus de faits divers politiques, que d’arguments pouvant servir aux Sénégalais.

Par contre, ce qui jette le flou dans mon esprit, c’est lorsque vous signez vos articles, comme étant à la fois journaliste et homme politique. Or, en tant que journaliste, vous devez être une personne dont la profession est de rassembler des informations, de rédiger un article ou mettre en forme un reportage afin de présenter des faits qui contribuent à l’actualité et a l’information utile au public.

Dès lors, quel doit être le rôle politique du journaliste dans une société démocratique ? Des dérives de journalistes de complaisance, d’accompagnement ou de démagogie, comme votre genre, mettent en évidence l’acuité et la pertinence de cette question.

Vous n’avez pas pour rôle d’exalter ou de condamner, le journaliste explique et livre des faits utiles à l’opinion et du fait de son positionnement, il a une obligation dans l’exercice de sa mission, de se situer au-dessus des contingences politiques et de se départir de son manteau de militant.

Car le journaliste n’est pas un avocat qui plaide à décharge ou un procureur qui instruit à charge.

En tant qu’homme politique, vous devez vous occuper des affaires de la cité (peuple), par-delà, trouver des arguments objectifs pour convaincre le peuple sénégalais que vous allez enfin vous mettre au travail après 5 années de saupoudrages médiatico-politiciens.

Dans dix jours, le mari de votre mentor, son excellence le Président Macky Sall, devrait faire face une nouvelle fois à l’épreuve du discours de fin d’année. Dans ce sens, je vous interpelle sur des questions précises, exige de vous des réponses claires, nettes et je vous autorise à porter vos deux habits.

Vous nous parlez de croissance de 7%, vous dites que le Sénégal est sur les rails de l’émergence.  En tant que journaliste et homme politique, est-ce que vous savez qu’au dernier trimestre de cette année 2017, l’ensemble de la production industrielle a chuté de -0.6% ?

Est-ce que vous savez que les activités commerciales accusent une diminution de -9.9% ? Est-ce que vous savez que le dynamisme du Sénégal est au ralenti, le transport maritime (embarquement – débarquement) accuse un recul de -3.5%, ?

Est-ce que vous êtes au courant que le FRET aérien (en Tonnes) est à -4,6%, le Trafic international de marchandises (importation – exportation) ferroviaire accuse un déficit de -49,3%, même le Trafic voyageurs du Petit Train Bleu a chuté de -14%. ?

Sur le plan agricole, la promesse d’autosuffisance en riz en 2017 ne sera finalement plus tenue et a été différée jusqu’en 2019. La production arachidière de cette année a atteint plus d’un million de tonnes, mais souffre d’un problème de commercialisation.

L’Etat n’ayant pas les moyens de tout acheter, l’exportation vers la Chine est réduite, car ce pays a connu une surproduction d’arachide, cette année, et par conséquent, la loi sur la taxe à l’exportation devient un goulot d’étranglement.

Parlons de l’emploi : avec une croissance de 7% et une émergence tant chantée, les derniers chiffres du mois de juillet ont révélé un taux de chômage de 22.5%,  soit une hausse de 12.5%, par rapport aux précédents.

C’est là, que la remarque du professeur Ibrahima SENE est pertinente et nous édifie sur la manipulation, dont nous sommes victimes «les estimations démontrent qu’ avec un point de pourcentage (1 %) de croissance du PIB, l’emploi global ne progresse que de 0,3 % entre 1999 et 2003, soit une baisse de 0,38 point par rapport à la période 1995 et 1999. Donc, l’augmentation de la croissance a coïncidé avec une baisse relative des emplois».

Plus grave encore, la situation de la jeunesse confrontée au défi du chômage est plus alarmante. Mr El Malick Seck, pour confirmer cela, sous la deuxième alternance que vous défendez tant, en 2013, le recensement général de la population RGPHAE a révélé que 59.7% des chômeurs sont entre 18 et 35 ans et en 2017 l’Enquête Nationale sur l’emploi au Sénégal  (ENES/ANSD) a révélé que les jeunes de 18 à 35 ans occupent désormais 63% des chômeurs.

Et Monsieur le journaliste – politicien, une jeunesse désorientée est une bombe sociale. Pour preuve, nous sommes tous témoins d’une insécurité galopante, d’un banditisme grandissant, et si on se réfère à l’enquête sur la population carcérale, 56.9% des prisonniers sont jeunes et âgés de 13 à 35ans. Ce qui confirme que la jeunesse est en détresse.

Voilà le Saupoudrage auquel le Président Idrissa Seck fait référence. Car vivant sous l’opulence de l’émergence, vous êtes en décalage avec la réalité.

Alors, au lieu de vous acharner sur lui, aidez plutôt le Président Macky Sall à se ressaisir et à faire un discours humble de pardon au peuple sénégalais.

Au  Président Macky Sall, bénéficiaire de la seconde alternance de 2012, je recommanderai de méditer sur ces sages mots de Dominique De Villepin : «c‘est ainsi que la Révolution puis la République se sont détournées de leur essence au profit de ” l’éternel retour “de la courtisanerie avec son cortège de complots et de cabales» 

Magatte Diaw

Parti Rewmi-Thiès

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