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Pape Ndiaye, Président de la CJRS: «Le gouvernement n’appuie pas la convention sur le plan financier…»

A peine élu au poste de président de la Convention des jeunes reporters du Sénégal(CJRS), que l’homme définit les règles à partir desquelles lui et son équipe, comptent mener leur mandat de deux ans.

Pape Ndiaye, le successeur d’El Hadj Thierno Dramé de la RTS,

en bon manager, promet de ne pas violer les règles qui régissent chacun des postes qu’il a désormais le pouvoir de gérer.

Dans  cet entretien accordé à la presse après sa nomination, ce journaliste de formation, secrétaire général de l’ANCJ (association nationale des chroniqueurs judiciaires), par ailleurs chef de Desk Actualité à Walf Quotidien, et passionné des faits divers, est revenu sur le fonctionnement de la convention qu’il dirige, tout en s’engageant à ne pas faire moins que son prédécesseur.  

Entretien.

 

Actusen.com : Vous venez d’être nommé Président de la CJRS, d’abord qu’est-ce que cela vous fait ?

Pape Ndiaye : Mon premier sentiment est un sentiment de défi dans la mesure où l’ancienne équipe dirigée par El Hadj Thierno Dramé a fait d’importantes réalisations. Il ne faut pas que l’on fasse moins, c’est la raison pour laquelle j’estime qu’il y a un défi et ce défi c’est de suivre les pas déjà tracés par l’ancienne équipe mais également, porter les réalisations à un niveau supérieur. Nous allons faire dans la continuité par rapport aux réalisations déjà faites. Le jour de l’assemblée générale tout le monde s’est rendu compte que l’équipe de Thierno a beaucoup fait qui relève de la compétence de la convention. Nous allons essayer de continuer les choses pour augmenter les réalisions et  satisfaire les doléances des jeunes reporters, dans tous les domaines.

Actusen.com : Vous étiez déjà dans l’équipe sortante. Est-ce qu’on peut dire que vous vous y connaissez assez pour diriger la CJRS ?

P. Ndiaye : Oui, j’ai dirigé la commission formation pendant 3 ans, ce sera un parachèvement. Il est vrai qu’une autre personne va occuper ce poste mais, nous allons l’encadrer, l’orienter. La continuité ne va pas poser problème surtout que chez nous la vocation première, c’est la formation. Donc, nous allons augmenter la priorité, élargir leur champ d’application surtout pour les bourses du deuxième cycle. Parce nous avons constaté que pour le master, les demandes sont plus nombreuses par rapport à l’offre. Nous allons, donc, œuvrer dans ce sens afin d’augmenter le nombre de partenaires par rapport à la formation.

 

Actusen.com : A part la formation, à quoi les membres de la CJRS peuvent s’attendre avec cette nouvelle équipe

P. Ndiaye : En dehors de la formation professionnelle, il y a ce qu’on appelle la formation continue qui est très importante. Nous avons constaté que la spécialisation n’est pas enseignée dans les écoles de formation en journalisme. Mais un journaliste peut se spécialiser en économie, en culture ou en justice. Maintenant, comment leur donner cette possibilité d’avoir de la spécialisation, c’est ce à quoi nous pensons.

Nous allons œuvrer dans ce sens, à travers des formations, des séminaires, des ateliers de renforcement de capacité qui va intégrer tous les médiums à savoir la télévision la radio ou même la presse en ligne.

 

Actusen.com : Une équipe sort, une autre vient. Quel bilan tirez-vous de celle de votre prédécesseur.

P. Ndiaye: J’en tire un bilan satisfaisant, totalement satisfaisant. Il n’est pas facile de remplacer un Président comme El Hadj Thierno Dramé de par toutes ses qualités professionnelles et humaines. Vous n’êtes pas sans savoir que l’équipe qu’il a dirigée a réalisé d’importantes choses. Le nombre de bourses a été porté en 2013 de 20 à 57 bourses. C’est un bilan satisfaisant. L’autre bilan satisfaisant c’est, par rapport à l’élargissement de la liste des partenaires de la convention. La convention jouit d’une certaine crédibilité, elle est associée à toutes les démarches qui concernent la corporation aussi bien au niveau national qu’au niveau de la sous-région. Nous ne comptons pas faire moins, nous allons œuvrer pour l’atteinte de nos objectifs en termes de formation, de partenaires et dans d’autres domaines.

Actusen.com : Mais, lors de l’assemblée générale, certains membres se plaignaient que seulement 3 millions ont été laissés dans les caisses de la convention. Est-ce que c’est encourageant?

P. Ndiaye: La principale difficulté de la convention est qu’elle est la seule organisation qui œuvre exclusivement pour la formation des journalistes et à ce titre nous ne bénéficions d’aucune subvention de l’Etat. Aucun appui institutionnel n’est apporté à la convention, c’est la cause de notre principale difficulté en terme financier, même au niveau de l’aide à la presse.

Lors des réunions de négociations, la convention était retenue par rapport aux institutions de la presse devant bénéficier de cette aide. C’est au dernier moment que nous avons été écartés de cette liste.

C’est la raison pour laquelle nous nous sommes retrouvés avec seulement 3 millions dans les caisses.

Toutes les activités organisées par l’équipe sortante entre 2013 et 2016, le renouvellement des instances régionales, l’organisation de séminaires de renforcement de capacité, parmi tant d’autres activités, l’ont été sur la base de financement propre.

Actusen.com : Mais, vous ne craignez pas que ces difficultés reviennent encore?

P. Ndiaye: Oui. C’est la raison pour laquelle j’estime que nous allons œuvrer pour avoir d‘autres partenaires. Nous profitons aussi de l’occasion pour lancer un appel à tous les partenaires financiers qu’ils puissent accompagner la convention, en matière de formation et tout ce qui va avec.

Actusen.com : Vous dites que l’Etat ne vous appuie pas mais, vous avez un ministre de tutelle. A quoi vous sert-il?

P. Ndiaye: Le ministère de la communication dépend de l’exécutif. Quand je parle de l’Etat, je parle de l’Etat dans sa globalité avec toutes les institutions de la République. La tutelle de la presse, c’est le ministère de la communication. Le ministère de la communication et le gouvernement n’appuient pas la convention sur le plan financier. L’Etat du Sénégal dans tous ses démembrements, il n’y aucun appui financier venant de lui pour permettre à la convention de mener à bien sa mission, aucune subvention de sa part.

Actusen.com : Cela doit être une grande déception pour vous?

P.Ndiaye : Evidemment puisque nous, tout ce qui nous préoccupe, c’est la formation exclusive des journalistes. Maintenant, la convention va préserver la dynamique unitaire qui a toujours prévalu entre elle et les autres associations. Elle sera toujours derrière les combats menés par le Cored, le Synpcis, l’Appel, toutes les associations de la presse d’une manière générale. Et encore une fois, nous interpellons l’Etat du Sénégal pour qu’il puisse nous accompagner.

 Actusen.com : Le Président sortant dénonçait lors de l’Assemblée générale, l’absence de la plupart de vos membres lors de vos réunions alors que vous octroyez chaque année des bourses d’études…

P. Ndiaye: Oui, Thierno a fait un constat réel qui est d’ailleurs unanime. Les journalistes ne s’intéressent pas trop aux activités de la presse. On est prompt à couvrir, à donner une visibilité aux activités politiques ou syndicales mais, en ce qui concerne la presse, on n’enregistre pas le même engouement.

C’est pourquoi je lance un appel à tous les journalistes, à tous les jeunes reporters, pour une adhésion massive. Mais, aussi aux membres du comité directeur, qu’ils sachent désormais que chacun d’entre eux est ambassadeur de la convention.

A ce titre, ils doivent œuvrer et permettre aux autres de savoir les missions assignées à la convention. Ils doivent faire de sorte que tout le monde comprenne que la convention n’a aucune vocation politique ou syndicale et que son domaine de compétence, c’est la formation des jeunes reporters.

Actusen.com : La convention fait face chaque année à difficultés financières lors de l’organisation du gala annuel. Que comptez-vous faire pour remédier à cela ?

P. Ndiaye : Nous avons des partenaires traditionnels comme le Port de Dakar, la Caisse des dépôts et consignation, le CNRA, nous allons renouveler le partenariat avec eux mais, essayer d’avoir de nouveaux partenaires.

Il faut rappeler que la convention c’est une association et quand on parle d’association, c’est le bénévolat, elle fonctionne à but non lucratif. Tout ce que nous pouvons, c’est bénéficier de partenaires. Nous remercions à ce titre tous nos partenaires financiers mais aussi nos partenaires dans le domaine de la formation comme la mairie de Dakar, l’Issic, l’Iseg, Ensup Afrique…

Actusen.com : On peut donc s’attendre cette année à un gala sans grande difficultés financières.

P. Ndiaye: Nous l’espérons. Ce qui est sûr c’est, que le gala aura à date échue à partir de 2017 parce que le dernier s’est tenu en 2016. D’ici là, nous allons nous atteler aux préparatifs et pourquoi pas décrocher un grand artiste pour permettre aux journalistes de se défouler un peu après le travail et le stress.

Actusen.com: Un grand artiste comme qui, Wally Seck, Youssou Ndour…

P. Ndiaye: (Il sourit et répond), C’est le bureau qui va décider. Nous sommes un groupe de 9 personnes. Je ne suis pas le seul à décider, ma voix n’est pas prépondérante, nous décidons ensemble, c’est le consensus qui a toujours prévalu au sein de la convention et le bureau est souverain.

Actusen.com: Pape Ndiaye Président de la CJRS, secrétaire général de l’Association des chroniqueurs judiciaires, aussi chef de Desk Actualité à Walf Quotidien, autant de postes que vous occupez. Comment vous comptez faire pour ces cumuls de fonctions?

P. Ndiaye: Le cumul ne va pas poser problème, au niveau de l’ANCJ je vais me retirer un peu et donner la place à mon adjoint Aliou Diouf (Libération) pour plus de pragmatisme, il va bien jouer son rôle.

A walf aussi, il n’y aura pas de problème, l’essentiel c’est de respecter mes engagements vis à vis du groupe Walfadjiri. Je ferai tout mon possible pour ne pas violer les règles, il n’est pas question d’accorder la priorité à la convention au détriment de Walfadjri mais, je vais concilier les deux, tout en respectant les cahiers de charge. D’autant plus que les responsables de Walf ont eu à me féliciter, à commencer par le PDG du groupe Sidy Lamine Niasse que je remercie beaucoup. Mes remerciements vont à l’endroit du directeur de publication, Abdourakhmane Camara qui a beaucoup contribué à ma formation.

 Actusen.com: En tant qu’acteur de la presse, comment se porte selon vous la corporation

 P. Ndiaye: Mal. Les patrons de presse font face à beaucoup de difficultés financières et quelque part l’Etat en est responsable. Les organes taxés de médias contre le pouvoir ne bénéficient pas d’une ‘’amnistie’’ fiscale alors que les journaux qui sont censés être avec le régime en bénéficient. C’est une injustice notoire infligée aux entreprises de presse.

Autre difficulté, c’est l’aide à la presse qui ne couvre pas largement les besoins en termes de finances. 700 millions, c’est insuffisant. Depuis le régime de Wade on avait promis de porter à un milliards mais jusqu’à présent rien n’est fait.

En dehors de l’aide à la presse, l’Etat devrait songer à accompagner la presse, par exemple dans le domaine de l’imprimerie ou de la téléphonie, car la presse, comme on dit, c’est le quatrième pouvoir. Aussi, je souligne que la convention campe sur sa position en ce qui concerne le nouveau du code de la presse qui va permettre d’assainir un peu le métier.

Propos recueillis par Ndèye Awa BEYE (Actusen.com)

 

 

 

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