Contribution

Quand la religion abrutit et asservit : que serait l’islam si le prophète Mahomet (PSL) était sénégalais ?

Le Sénégalais est-il un peuple qui se nourrit d’illusions et de fantasmes ? C’est la question qu’inspirent nos comportements dans tous les domaines de la vie sociale. Jamais sevrés d’illusion, les Sénégalais n’aiment pas qu’on les réveille de leur vie onirique. Ainsi dans la religion, dans la politique comme dans le travail, la réalité est abolie pour faire place à l’univers sans contrainte du rêve. Dans un pays où des gens peuvent se vanter d’avoir comme activité « toog mouy dox » (être riche sans jamais rien entreprendre), le travail est une servitude et le civisme une aberration. Dieu fait toujours bien les choses : car si la religion musulmane était née au Sénégal, le génie de notre roublardise l’aurait complétement vidée de sa substance humaniste pour en faire un instrument de damnation des hommes.

Il faut que nous comprenions que l’Islam ne saurait se réduire à la simple vénération, sous forme rituelle, de Dieu. Si prier et psalmodier le nom d’Allah étaient les seules raisons de notre chute sur Terre, on ne comprendrait pas pourquoi Dieu n’y a pas envoyé des anges. Nous faisons beaucoup de bruits dans nos mosquées et dans les cérémonies religieuses. Mais sommes-nous réellement disposés à vénérer Dieu dans le travail, dans le service rendu à la communauté, dans le perfectionnement de nos qualités rationnelles et dans l’entretien de notre jardin (qui est aussi notre maison) à savoir la nature ?

La religion qui congédie la raison est une imposture : une religion qui abrutit l’homme et l’empêche de jouir pleinement de son humanité n’en est pas une. Il faut le dire : il y a pire que le terrorisme dans notre pays. Car le terrorisme qui ôte des vies et détruit des édifices civils, militaires ou religieux ne peut opérer que parce qu’il s’est déjà emparé des cerveaux. Or justement le cerveau de nos compatriotes, surtout les jeunes, est aujourd’hui lavé et instrumentalisé par des individus prétendant agir au nom de la religion. Une religion qui se résume à la prière, au folklore et au fanatisme ne peut nullement garantir le salut à l’homme. Dieu ne nous a pas donné la raison pour nous la reprendre par la religion. On ne peut pas prendre à l’homme ce qu’il a de plus précieux et prétendre travailler à sa rédemption. Omniprésente, bruyante et très amie avec l’argent, la religion musulmane, telle qu’elle est pratiquée au Sénégal, inhibe la sagesse et favorise la corruption.

Une Dieu qui se monnaie est sous l’emprise de Satan, un paradis dont les portes se ferment aux pauvres n’appartient pas à Dieu. Le culte de la facilité est la source de la perversion de la religion dans notre pays. Nous voulons des résultats immédiats sans beaucoup d’effort, et ce réflexe de magicien nous joue des tours : nous avons oublié que Dieu nous a donné le meilleur outil pour nous épanouir. Le Sénégal compte plus de jours fériés pour raison de fêtes catholiques que la France, plus de jours fériés pour raison de fêtes musulmanes que l’Arabie saoudite : pourquoi devrions-nous être plus zélés (dans le domaine de la religion) que les fidèles de toutes les nations ?

Est-il raisonnable que dans un petit pays musulman comme le Sénégal on ait ce nombre infinitésimal de marabouts ? Comment expliquer cette autre curiosité : la religion et la politique sont en concubinage continu alors que les mœurs des Sénégalais, dans toutes les activités, ne cessent de se dégrader ? En Afrique du sud les religieux ont participé au combat contre l’Apartheid, aux États-Unis des pasteurs ont conduit la lutte pour les droits civiques et chez nous les fondateurs des grandes confréries ont beaucoup contribué à la quête intelligente, mais résolue, de l’indépendance. Mais qu’a fait le nouveau type de marabout ?

Aujourd’hui notre pays traverse une crise d’autorité, une crise économique, une crise des institutions (surtout celle judiciaire). Le bon sens aurait recommandé qu’au moment où tous les autres contre-pouvoirs sont défaits ou chancelants (parce que muselés par une division du travail dans la manipulation médiatique) la classe maraboutique si abondante assume son rôle de contre-pouvoir. Au lieu de cela, nous avons une oligarchie maraboutique plus soucieuse de rester sur le pied d’une bonne entente avec le temporel, pourvoyeur de prébendes, que du salut des pauvres citoyens que nous sommes. La religion ne peut pas être pervertie en monnaie d’échange ou en moyen de chantage : elle doit façonner l’homme en lui inculquant l’universalité et la droiture dans la conduite.

Mais malgré notre religiosité ostentatoire, nous demeurons un peuple infesté de corrompus et d’indisciplinés : nous sommes avides de biens matériels mais peu disposés à fournir les sacrifices nécessaires pour relever les défis de notre époque. C’est à se demander si nous méritons de jouir des fruits des sacrifices consentis par nos ancêtres. La religion n’est pas un métier, elle ne peut pas sauver l’homme (ni ici-bas ni dans l’au-delà) si elle n’est pas capable de lui assurer la santé de l’âme, c’est-à-dire de l’humaniser. L’espace laïc est aujourd’hui envahi par la religion et notre vie en communauté ne tient presque plus qu’à la fantaisie du hasard. On ne peut plus dormir au Sénégal, on ne peut plus y circuler librement, on ne peut plus non plus y méditer. C’est quoi cette société de grandiloquents ?

 Alassane K. KITANE

Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès

SG du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal

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