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Réforme de l’UE : Hamon veut un “new deal”, Mélenchon menace de claquer la porte

Les deux candidats de la gauche ont présenté le week-end dernier leurs propositions pour réformer l’Union européenne et mettre fin aux politiques d’austérité. Si l’objectif est partagé, le chemin pour y parvenir est radicalement différent.

L’idée d’une alliance entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle a un temps été évoquée. Mais les stratégies personnelles des deux candidats ont empêché toute réelle discussion de fond sur un éventuel programme commun. Or, s’il y a bien un sujet sur lequel les négociations auraient buté, c’est l’Europe, qui, hasard ou pas du calendrier, était au cœur de leur agenda médiatique respectif le week-end dernier.

Benoît Hamon a ainsi présenté, vendredi 10 mars, un projet de réorientation du projet européen, tandis que Jean-Luc Mélenchon a détaillé, samedi 11 mars, son programme pour sortir de ce qu’il appelle “l’Europe austéritaire”. À première vue, les deux hommes partagent l’objectif d’une Europe sociale, mais la comparaison s’arrête là : si le premier entend parvenir à ses fins par la négociation, le second compte employer la manière forte, quitte à faire sortir la France de l’Union européenne.

Hamon propose un “new deal européen”

Le projet du candidat socialiste comporte trois volets : un “nouveau traité de démocratisation de la gouvernance de la zone euro” qui “mettra en place une Assemblée parlementaire qui remplacera l’Eurogroupe”, un traité de transition énergétique assorti d’un plan d’investissements de 1 000 milliards d’euros pour organiser la conversion écologique de l’économie européenne, et enfin un dernier volet sur la défense européenne.

La nouvelle gouvernance de la zone euro a pour but de donner de nouvelles orientations économiques à l’UE. Principalement composée de députés issus de tous les Parlements nationaux en proportion de la population de chaque pays et des groupes politiques présents dans ces parlements, cette nouvelle Assemblée de la zone euro aurait ainsi pour mission de débattre publiquement et de décider du budget de la zone euro, mais aussi des politiques d’harmonisation fiscale et sociale, des cibles à adopter dans la réduction des déficits, etc. Elle fixerait par exemple le taux minimum de l’impôt sur les sociétés en Europe.

En attendant la mise en place de cette Assemblée, Benoît Hamon souhaite desserrer la contrainte de la règle des 3 % de déficit budgétaire, par exemple en déduisant les dépenses de défense et d’accueil des migrants des calculs du déficit.

“Il existe un chemin” pour réorienter l’Europe, il “est étroit mais il existe”, a estimé Benoît Hamon, vendredi matin, lors de la conférence de presse de présentation de son projet européen. Selon lui, les récents événements – Brexit, montée de l’extrême droite, crise des réfugiés – devraient inciter les partenaires de la France, dont l’Allemagne, à s’éloigner des politiques d’austérité.

Est-il prêt à aller jusqu’au bras de fer pour imposer son “new deal européen” ? “Moi je mets la barre haut non pas en termes de menaces mais en termes d’ambition (…). Je ne suis pas un candidat du contre, je suis un candidat du pour”, a-t-il répondu, marquant ainsi nettement sa différence avec le candidat de La France insoumise.

Mélenchon menace de quitter l’Union européenne

La méthode proposée par Jean-Luc Mélenchon est en effet beaucoup plus radicale. Ce dernier entend faire plier Bruxelles sur la fin des politiques d’austérité en menaçant tout simplement les dirigeants européens de faire sortir la France de l’UE.

Avant d’en arriver là, le candidat à l’élection présidentielle propose un plan A. Celui-ci consiste à négocier une sortie des traités européens “par l’abandon des règles existantes pour tous les pays qui le souhaitent et la négociation d’autres règles”. Il s’agit notamment de mettre fin à l’indépendance de la Banque centrale européenne, d’organiser une conférence européenne sur les dettes souveraines débouchant sur des moratoires, une baisse des taux d’intérêt, des rééchelonnements et annulations partielles, et de mettre en place une politique protectionniste avec l’arrêt des de la libre circulation des capitaux et des marchandises entre l’UE et le reste du monde et l’arrêt des politiques de libre-échange.

Une fois les négociations terminées, l’accord final serait soumis à référendum, les Français ayant le choix entre une participation à cette “Union européenne refondée” ou à une sortie de l’UE. Une méthode similaire à celle employée par David Cameron, qui avait obtenu de ses partenaires européens quelques accommodements avant de faire voter les Britanniques au printemps 2016 avec le résultat que l’on connaît.

Mais comme Jean-Luc Mélenchon a bien conscience que ses demandes ont peu de chances d’aboutir, il prévoit d’ores et déjà un plan B. Selon lui, l’exemple grec est tout à fait parlant. Son Premier ministre, Alexis Tsipras, a échoué à renégocier la dette de son pays en 2015 car il n’avait aucun plan de rechange à opposer à Angela Merkel, affirme le député européen, qui ne veut pas commettre la même erreur.

Jean-Luc Mélenchon était donc à Rome, samedi 11 mars, avec plusieurs autres dirigeants de la gauche radicale européenne, afin d’élaborer le contenu de ce plan B. Celui-ci, que l’on retrouve dans le programme présidentiel de La France insoumise, prévoit ni plus ni moins une “rupture unilatérale” de la France avec l’UE. Paris stopperait alors sa contribution au budget européen et mettrait en place “un contrôle des capitaux et des marchandises aux frontières nationales pour éviter l’évasion fiscale des plus riches et des grands groupes”.

Le candidat à l’élection présidentielle veut croire qu’une sortie, de fait, de la France de l’UE entraînerait la dislocation de toute l’Union et qu’un nouveau projet européen, ayant “une politique de progrès social, écologique et humain”, pourrait alors émerger.

France24

 

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