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Tout sur le film de l’assassinat de Fatoumata Mactar Ndiaye

C’est dans la tristesse et la consternation que les populations de Pikine, plus précisément celles de ‘‘Khourounar’’ se sont réveillées ce samedi, jour de la commémoration du départ en exil du fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba. Un crime abominable venait d’être commis dans ce populeux quartier de la banlieue dakaroise.

La responsable politique de l’Alliance pour la République (APR) et non moins 5e vice-présidente du Conseil économique social et environnemental (CESE), a été égorgée par son chauffeur. Comble de l’horreur, son fils, venu à sa rescousse, a été violemment poignardé dans la poitrine. Interné aux urgences de l’hôpital principal de Dakar, il est entre la vie et la mort. Récit d’une journée d’horreur.

Samedi 19 Novembre. Il est 7 heures à Pikine. Le quartier «Khourounar», habituellement très animé en cette heure de la matinée, est très calme. Cette quiétude vient du fait que la majorité des âmes qui vivent dans ce faubourg sont à la ville sainte de Touba pour prendre part à la célébration de la 122e édition du grand Magal, marquant le départ en exil de Khadimoul Khadim, fondateur de la confrérie mouride.
Comme à l’accoutumée, la dame Fatoumata Mactar Ndiaye, après avoir effectué la première prière du jour, est assise sur sa natte en s’orientant vers la Qibla (Kaaba). Chapelet à la main, elle commence à faire des oraisons pour prier son défunt mari. Ce dernier a rendu l’âme il y a juste moins de deux mois.
Après presque une heure de prière en la mémoire de son époux, la conseillère économique sociale et environnementale se lève de la natte où elle était assise. Elle fait des va-et-vient à l’intérieur de la maison pour se dégourdir ses jambes avant de retourner dans sa chambre à coucher pour se reposer un peu. Alors qu’elle est dans un état de somnolence, le chauffeur Samba Sow fait irruption sur les lieux, un couteau à la main.

Après des échanges de propos aigres, il poignarde sa patronne. Le sang gicle. Avant même de lui donner le temps de crier au secours, Samba Sow dévoile son sadisme. Il l’égorge, tel un mouton de sacrifice. Au moment de commettre cet acte odieux, le fils de cette dernière tombe net sur la scène. Adama Sy prend la défense de sa mère qui était déjà moribond.
Sans arme, il se jette sur le criminel pour en découdre avec lui. Ce dernier lui assène un coup de couteau dans la poitrine. Adama Sy tombe raide en gisant dans une marre de sang.

La maman de la victime, une octogénaire, alerte les voisinages

La maman de la victime, une octogénaire, a crié pour ameuter les voisins. Qui ont pris d’assaut la maison pour s’enquérir de la situation. Le chauffeur jette le couteau dans la maison avant de prendre ses jambes à son cou. Il se rend au district sanitaire qui se trouve à quelques pas de la maison mortuaire pour soigner les blessures de sa main droite. C’est là-bas qu’il a été arrêté avant d’être conduit Manu militari au commissariat de Pikine.
Mis au parfum de cet assassinat qui matérialise la barbarie dans tous ses sens, le commissaire Adramé Sarr et ses éléments ont rappliqué dare-dare sur les lieux du drame.

A leur arrivée, la maison était prise d’assaut par un monde fou qui a été vite évacué. Le fils de la 5e vice-présidente du CESE qui était dans un état critique est vite acheminé aux urgences de l’hôpital Principal de Dakar. S’en suivra le corps de la défunte. Un cordon de sécurité est vite dressé devant la bâtisse. Seules les autorités à l’instar du préfet de Pikine, qui, informé de la situation, a vite rappliqué sur place, ont le droit d’y accéder.

La déléguée du procureur de la République du tribunal départemental de Pikine, en l’occurrence Coura Mbissane Diouf, est également présente. La nouvelle, telle une trainée de poudre, s’est répandue sur tout le territoire. C’est le ballet des autorités. Mais, également celui des parents, amis, et proches de la victime. Entre flux et reflux, le quartier est noir de monde. Les femmes sont inconsolables. Les cris de consternation fusent de partout. La tristesse est au summum. Elle se lit sur tous les visages.
Au fur et à mesure que les heures passent, les gens affluent dans le quartier. Les commentaires vont bon train. Les uns se rappellent de la bonté incommensurable de la dame tandis que les autres cherchent à savoir les raisons pour lesquelles Samba Sow a ôté la vie de sa patronne.

L’argent, le mobile du crime

Dépeint comme une personne timide, Samba Sow travaille depuis 8 ans pour la conseillère économique, sociale et environnementale. Cette dernière, très généreuse, lui payait régulièrement son salaire. Cerise sur le gâteau, elle lui donnait, selon des informations recueillies, plus que la somme convenue.
Qu’est-ce qui l’a donc poussé à tuer sa patronne ? Cette question est celle que tout monde pose depuis la commission de cet acte abject qui traumatise tout un peuple. Selon des sources, le mobile du crime est financier. Samba Sow avait eu écho que sa patronne gardait l’argent du financement des femmes de Pikine.

A quelques jours du Magal, il est venu demander permission à sa patronne pour aller à Touba. Cette dernière, lui a non seulement accordé la permission, mais lui a donné une somme conséquente afin qu’il puisse effectuer son pèlerinage sans souci. Sauf que le chauffeur n’est pas parti. Celui qui devait se marier le 26 novembre prochain, est revenu dans la maison le jour du Magal pour commettre son acte.

L’épouse du journaliste Abdoulaye Démbélé de «Sunu Lamb» parmi les témoins

La maison où habitait la 5e vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental appartenait à son père qui y vivait avec toute la famille. Après le décès de ce dernier, la famille a décidé de vendre la maison. Fatoumata, comme l’appelait affectueusement ses proches, voulant garder un tel patrimoine, a décidé de l’acheter. Elle la réfectionne et y vit avec sa mère, sa sœur et ses deux enfants dont Adama Sy.

Vu que toutes les chambres n’étaient pas habitées, elle a décidé de mettre certaines en location. Et le hasard l’a mis avec le journaliste de «Sunu Lamb», Abdoulaye Dembélé. Ce dernier, avec sa femme, occupe le premier étage de l’immeuble. D’ailleurs, il est le seul locataire dans cette maison. Si Abdoulaye Démbélé était absent des lieux au moment du crime, sa femme, quant à elle, était bel et bien présente. Elle a été entendue à titre de témoin dans ce crime qui, depuis samedi, tient tous les Sénégalais en haleine.

Le regard perdu, la mine triste, Abdoulaye Démbélé que nous avons trouvé dans la maison nous a narrés comment il a appris la triste nouvelle. «J’étais en congé, c’est aujourd’hui (samedi), que je suis revenu de Ziguinchor. A sept heures du matin, j’ai appelé mon épouse pour qu’elle me prépare le petit-déjeuner. Trente minutes plus tard, elle m’a rappelé au téléphone pour me localiser. Quand je lui ai dit que j’étais presque arrivé, elle m’a fait savoir que notre logeuse venait d’être égorgée et que son fils était dans un état très critique pour avoir été poignardé par le meurtrier de sa maman», a expliqué le journaliste qui n’a pas tari d’éloges sur la défunte.

«Fatoumata Mactar Ndiaye est une responsable politique très respectée et qui a le sens des relations humaines. Selon mon épouse, elle (la défunte) s’est réveillée et a ouvert la porte de la maison, avant de regagner sa chambre là où a eu lieu le drame. Après l’incident, on n’a vu sortir son chauffeur avec un couteau. On ne sait pas ce qui s’est réellement passé, mais la sœur de la défunte l’a indexé comme étant le bourreau de sa frangine. Pour l’instant, on ne peut rien dire, mais c’est sûr qu’il y a un début d’identification du mis en cause.»

Libération

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