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Tunisie: une volonté d’apaisement du pouvoir, 7 ans après la révolution?

La Tunisie célèbre, ce 14 janvier, le septième anniversaire de sa révolution sur fond de contestation sociale. Et les autorités tunisiennes, qui avaient jusqu’à maintenant fait la sourde oreille face aux revendications, semblent changer d’attitude. Samedi 13 janvier le gouvernement a annoncé des mesures en faveur des plus pauvres, et le président Béji Caïd Essebsi est sorti de son silence pour prendre acte du malaise social. Y a-t-il une volonté d’apaisement de la part des autorités ?

Béji Caïd Essebsi le reconnaît : « Le climat social et politique n’est pas bon ». Cette déclaration, le président de la République l’a faite à l’occasion d’une réunion tenue dans la matinée de samedi au palais de Carthage. L’objectif est de réunir autour d’une même table les partis de la coalition au gouvernement, la centrale syndicale et le patronat pour trouver une issue à la crise.

C’est ainsi que plus tard dans la journée, le gouvernement a annoncé des mesures en faveur des Tunisiens les plus pauvres. Il est question notamment d’augmenter les allocations sociales, d’un plan logement, d’une couverture maladie universelle ou encore d’un minimum retraite. Une tentative de calmer le mécontentement populaire.

Autre nouveauté : ce qui ressemble peut-être à une main tendue à l’opposition. Lors de la réunion de Carthage, Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste, a proposé que le Front populaire, un parti d’opposition très à gauche, intègre le gouvernement.

Alors bluff ou réelle volonté d’apaisement ? Il est un peu tôt pour le dire. N’oublions pas qu’en une semaine les autorités ont déjà arrêté plus de 800 personnes. Amnesty International a dénoncé un usage « excessif » de la force et des « manœuvres d’intimidations contre les manifestants pacifiques ». Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies a de son côté demandé aux autorités de ne pas procéder à des arrestations arbitraires.

Qui des célébrations de l’anniversaire de la révolution ?

Le pouvoir suivra-t-il cette demande, alors que ce 14 janvier auront lieu les célébrations du 7e anniversaire de la révolution de Jasmin  ? Des célébrations qui donnent lieu, chaque année, à des rassemblements festifs sur l’avenue Bourguiba.

Partis politiques, organisations et simples citoyens vont être au rendez-vous. La très puissante Union des travailleurs de Tunisie (UGTT),  accusée de faire la pluie et le beau temps, a annoncé une mobilisation patriote, massive, mais calme.

De son côté, le Front populaire, dont nombre de députés ont soutenu le vent de révolte des derniers jours, a promis de mobiliser les foules pour crier sa colère.

Ces mobilisations respectives vont constituer le baromètre de la colère ambiante car jamais les heurts précédents l’anniversaire n’avaient atteint un tel niveau de violence.

■ Une économie en berne

L’économie a beaucoup souffert des troubles politiques des dernières années et peine à reprendre le chemin de la croissance.

Avant la crise, la croissance de l’économie tunisienne était soutenue par le tourisme, le phosphate, le textile. Mais déjà la concurrence d’une main-d’œuvre encore moins coûteuse ailleurs se faisait sentir. Depuis 2011, pour maintenir la paix sociale l’Etat a créé de très nombreux emplois de fonctionnaires. La masse salariale de la fonction publique a doublé en 8 ans. Mais le taux de chômage stagne toujours à 15%. La subvention par l’Etat des produits de base coûte également très cher aux finances publiques. Le budget est déficitaire et cela alimente la dette publique qui devrait atteindre les 70% en 2017 contre 40% en 2010. L’instabilité a fait fuir les investissements étrangers, d’où un faible niveau d’investissement.

Le tourisme, un moment sinistré, redémarre, mais l’apport en devises ne compense pas la forte augmentation du déficit commercial, car la consommation des ménages est largement importée. Le FMI apporte son aide financière à la Tunisie, mais c’est en l’échange de mesures d’austérité très mal acceptées par la population.

RFI

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