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Violences dans le Grand Kasaï en RDC: poursuite des tractations à Genève

Les tractations se poursuivent à Genève autour de l’idée d’une enquête internationale sur les violences commises dans le Grand Kasaï. Déjà plus de 3 000 morts selon le tout dernier bilan donné par l’Eglise catholique au Congo. L’ONU parle de son côté d’au moins 42 fosses communes. C’est un véritable duel que se sont livré à la tribune du Conseil des droits de l’homme le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme et la ministre congolaise des Droits de l’homme.

Avec notre envoyée spéciale à Genève,  Sonia Rolley

La dernière session du Conseil des droits de l’homme date du mois de mars. Et pour le haut-commissaire Zeid, la situation s’est dégradée de manière dramatique dans le Grand Kasaï. Outre les allégations d’exécutions sommaires et de viols menés par des militaires, l’ONU dit avoir identifié un nouvel acteur, présenté comme un supplétif du régime, la milice Bana Mura qui aurait déjà tué et mutilé des centaines de victimes, détruit des villages entiers présumés proches des Kamuina Nsapu dans le territoire de Kamonia. D’horribles attaques ethniques, souligne le prince Zeid, parfois même en présence des forces de sécurité ou de chefs coutumiers. Et toutes ses informations, les équipes du haut-commissaire ont dû aller les chercher auprès des victimes, réfugiés congolais en Angola, en raison de restrictions dans ses enquêtes dans le Grand Kasaï.

La ministre congolaise des Droits de l’homme raconte une toute autre histoire. Elle n’est pas venue les mains vides, elle a présenté les principales conclusions du livre blanc du gouvernement sur le phénomène Kamuina Nsapu : 1 333 victimes civiles, selon la ministre, et 289 policiers dont 39 par décapitation. Les Kamuina Nsapu sont accusés de véritables « boucheries humaines ». C’est dans leurs centres d’initiation des miliciens qu’il faut chercher les vraies fosses communes, insiste Marie-Ange Mushobekwa, assurant que certaines de fosses indiquées par l’ONU, après ouverture, s’étaient révélées vides.

Cette prise de position du groupe « Afrique » qui révolte le vice-président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Monseigneur Fridolin Ambongo est venu assister au débat, il en appelle à la conscience africaine :

« C’est une grande frustration que nous éprouvons. On se demande, est-ce que le groupe africain au niveau des Nations unies travaille pour le peuple africain ? C’est pour l’intérêt d’un petit groupe de petits copains parce que nous ne comprenons pas que, devant une situation aussi dramatique que ce qui s’est passé au Kasaï, un groupe de pays africains frères tergiverse, a demandé qu’on mène une enquête et qu’on fasse la lumière là où leurs frères et sœurs ont été massacrés.

RFI : Vous croyez qu’il y a quand même encore une chance pour qu’il y ait une enquête crédible internationale à l’issue de cette semaine ou vous repartez déçu de Genève ?

Non, j’ai confiance parce que les Africains après tout, au-delà des intérêts politiques, savent aussi que ceux qu’on massacre sont leurs frères et sœurs. Nous espérons que la conscience humaine finira par prendre le dessus pour qu’on puisse demander l’organisation de cette enquête, pour qu’on puisse savoir ce qui s’est passé réellement au Kasaï, et établir des responsabilités. »

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