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20.000 milliards de Francs CFA plus tard, où en est le Sénégal ?

 De 2012 à 2018, nous avons donné au président en exercice plus de 20.000 milliards comme budget pour diverses dépenses et nous avons le droit de savoir si cette colossale somme a été bien allouée.

Le Sénégal est la deuxième puissance économique en Afrique de l’Ouest francophone avec ses 15.726.037 citoyens. Le budget du Sénégal en 2018 a été arrêté à 3 709,10 milliards qui ne sont pas nécessairement de l’argent liquide dont l’Etat dispose mais plutôt de prévisions qui peuvent ne pas être atteintes. Depuis 2014, le Sénégal s’est lancé dans un plan d’infrastructures sous le PSE et beaucoup de réalisations infrastructurelles ont vu le jour et sont inaugurées avec beaucoup de fierté par le gouvernement. Certes, le plan d’infrastructures du président Sall a un impact positif sur la croissance économique du Sénégal mais nous analyserons les conséquences derrière ce plan. Malgré toutes ces réalisations infrastructurelles et le volet social tant politisé, le pays va très mal et cela ne fera qu’empirer les années à venir.

 Une dette galopante et une croissance mal redistribuée

Faisant partie des pays les plus pauvres du monde, le Sénégal est un pays qui a une dette qui s’élève à 5827 milliards soit 61% du PIB. L’Etat nous dit qu’il n’y a pas à s’inquiéter car le plafond d’endettement au sein de notre espace économique est de 70% du PIB. Savent-ils ce qu’on appelle la capacité de remboursement ? On nous dit aussi que vers la fin de cette année les prévisions réalisées par les institutions spécialisées pensent que nous en serons à 61,44%. En 2017 le Sénégal a fait face à un retard de paiement du service de la dette alors que le PSE est en pleine réalisation. Cela représente un danger car cela illustre l’insolvabilité du Sénégal pouvant résulter de la reluctance des bailleurs de fonds à nous octroyer des prêts. Selon la DPEE, en 2013 la dette représentait 45,7% du PIB, 50,6% en 2014, 55,7% en 2015, 59% en 2016 et 61,44% en 2017. La dette accroît entre 4% et 5% par année alors que le taux de croissance se situe entre 6% et 7% prouvant que la dette est soutenable pour le moment. Le service de la dette a augmenté entre 2014 et 2017 de 24% à 30% et absorbe la majorité de nos recettes fiscales. La dette s’accroît et le danger est que la plupart des réalisations faites à partir des ressources empruntées sont d’ordre électoraliste donc avec un petit retour sur investissement ou aucun retour sur investissement. L’autre danger est que presque la moitié de notre dette est en dollars alors que notre Franc CFA est lié à l’Euro. Si toutefois le dollar grimpe, le coût de notre dette en augmentera conséquemment donc la dette n’est pas aussi soutenable sur le moyen terme que nous ne le pensons. Nous n’avions que 151 millions de dollars en devises et en or en fin 2017 et aucun plan en place pour accroître cela.

Avec 7.391.237 personnes vivant dans la pauvreté et un indice de développement humain très faible, nous nous demandons où va cette croissance tant politisée. L’IDH est un indice qui prend en compte la santé et l’espérance de vie (accès à l’eau potable, aux soins médicaux, à un logement décent et à une bonne alimentation), le niveau d’éducation (durée de scolarisation anticipée pour les enfants en âge d’aller à l’école), et le niveau de vie (revenu par personne par rapport au cout de la vie). Nous voyons évidemment que le Sénégal, qui occupe la 164e place sur 188 pays, est un pays qui redistribue très mal la croissance économique.

 Entre 2019 et 2024 : La période de récession économique

Malgré la politisation des réalisations du président Macky Sall, il est nécessaire de dire que les ressources ont été très mal allouées pour la plupart et cela résultera d’une période de crise économique quasi inéluctable. Le prochain président de la République du Sénégal sera le président le plus malheureux de notre histoire pour diverses raisons que nous évoquerons ci-dessous.

Le manque de liquidité est un problème sérieux dans la trésorerie du Sénégal, cela est aussi dû en partie aux entreprises publiques en difficulté ; l’Etat n’a pas voulu les restructurer ou les privatiser à des investisseurs nationaux donc ces entreprises feront faillite pour la plupart dans cette période où notre budget en souffrira en essayant de venir à leur rescousse. Pourquoi pensez-vous que l’Etat n’arrive pas à terminer les chantiers devant être construits avec des fonds propres et non avec l’aide des partenariats public-privé ?

Cette flopée de ministres conseillers avec leurs salaires et d’autres avantages, le HCCT, le CESE, le budget exorbitant de la présidence entre autres vont affecter notre budget dans cette période de crise car le président en exercice, pensant devoir faire plaisir à tous ses militants, se trouve dans l’obligation de créer des postes dont nous n’avons point besoin. Cette période de 2012 à 2019 devrait être la période cruciale où le président en exercice devait investir dans les infrastructures nécessaires, dans l’éducation et la santé tout en réformant le secteur primaire de manière sérieuse. Malheureusement le président est tombé dans le piège de l’électorat en investissant dans plusieurs infrastructures d’aucune utilité et sans retour sur investissement.

Le Sénégal devait avoir une fondation solide pour sortir de la pauvreté et tendre vers l’émergence a trouvé utile de créer une troisième fois une compagnie aérienne nationale pour être un porte-drapeau et non par nécessité ou pour être rentable. Cela étant dit, le prochain président devra se préparer à subventionner cette compagnie pour éviter un jamais deux sans trois et cela impactera notre budget car cette subvention aurait pu être allouée à la santé ou à l’éducation.

Avec la première phase du PSE clôturée et la seconde phase entamée,  normalement nous devrions sentir les retombées de ces investissements publics durant cette période de 19-24. Malheureusement cela ne sera pas le cas car les ressources étant mal allouées, la plupart de ces investissements ne serviront à rien. Toutes ces routes construites, cette électricité produite, ces infrastructures de dernière génération ont redynamisé le secteur privé mais comme la plupart de ces projets ont déjà été réalisés, le secteur privé en souffrira car nous ne pouvons pas garantir l’investissement privé. L’Etat dans l’élaboration du PSE n’a pas su négocier avec les investisseurs privés nationaux et étrangers pour l’optimisation du PSE. Le prochain président sera confronté à des charges liées à l’entretien de ces réalisations sans l’investissement privé qui devait suivre. Le Plan Sénégal Emergent nous a tellement mal endettés que le service de la dette a atteint 839,8 milliards. Sans investissement privé, nous pouvons préparer à faire défaut sur le service de la dette vu qu’en 2017 nous avions eu du mal à rembourser. Le prochain président sera divisé entre payer les salaires, les bourses des étudiants ou rembourser la dette ou encore sacrifier un autre secteur clé.

Nous sentirons toujours les retombées positives de certains investissements, et une croissance aux alentours de 6,8% à 7% mais à partir de 2020, il est très probable d’assister à une récession économique qui n’est rien d’autre que la baisse du PIB durant deux trimestres consécutifs. Cela sera dû à l’absence d’investissements privés vus comment le gouvernement a mal alloué les ressources et la crise des entreprises publiques. Les guerres commerciales mondiales avec notamment le cas de la Chine et des Etats-Unis se feront ressentir en Afrique et au Sénégal.

Le mandat de la crise économique (2019-2024)

Le PSE est un excellent plan politique pour se faire réélire mais sur le plan économique c’est l’une des plus grandes trahisons que le Sénégal ait connues depuis son indépendance.

Le président a trahi le peuple sur plusieurs points comme la durée de son mandat et la nomination d’un membre de sa famille comme directeur de la CDC. Cependant la plus grande trahison est sur le plan économique car cela nous affectera pendant des décennies à venir.

L’Etat utilise les entreprises publiques à des fins électoralistes, car des compagnies qui font des pertes et qui vivent de subventions de la part de l’Etat devaient être restructurées depuis longtemps ou être privatisées pour alléger le budget. Le président dit avoir éliminé plusieurs agences mais parallèlement il utilise le poste de ministre conseiller comme un poste politique pour faire plaisir à son électorat. Le HCCT, le CESE, le budget exorbitant de la présidence entre autres auraient dû être révisé pour alléger le budget de fonctionnement mais le président doit créer des postes pour que ses militants aient des postes et des faveurs pour pouvoir faire plaisir à leur électorat.

La probabilité d’une tension sociale sera à l’horizon à cause du service de la dette qui augmentera et l’impossibilité de la payer ou de sacrifier les étudiants et les couches faibles.

La CMU, les bourses familiales entre autres subventions et aides cesseront durant cette période car l’Etat n’aura plus les moyens de faire face à toutes ces dépenses.

Tout cela aurait pu être évité si le PSE n’avait pour but que d’être un plan de politique et non un plan de développement. Toutes ces subventions que l’Etat octroie sont de l’argent dont il ne dispose pas. Il n’y a pas eu en place un projet de développement du secteur agricole ni du secteur primaire en général. En plus de cela, l’Etat s’est endetté auprès de la Chine avec des prêts prédateurs dont nous allons souffrir et serons obligés de céder notre économie à la Chine dans le long terme.

En quelque sorte le président en exercice a fait de telle sorte que tous les aspects négatifs du PSE ne se découvriront que durant son second et dernier mandat {sauf s’il décide de briguer un troisième mandat} pour pouvoir se faire réélire sur la base d’infrastructures, de subventions et d’aide et non sur la base d’un programme pour réduire le chômage, la pauvreté et donner accès à tous les citoyens un emploi décent. Le président a préféré faire de la politique de subvention pour prendre le peuple en otage et lui faire peur de perdre certains avantages pour les « forcer » à le réélire. Aucune réalisation faite durant ces six ans ne fait partie d’un modèle économique de développement mais plutôt d’un modèle politique pour une réélection.

Il suffit de quelques changements économiques sur le marché pour empirer notre crise telle que la montée du cours du pétrole et des matières premières pour beaucoup plus nous enfoncer dans le trou. Le Sénégal va vers la faillite économique à cause de la politique utilisée durant ces six dernières années. Cette politique qui a enrichi ceux qui sont au pouvoir aux dépens de toute une nation. Il est temps que les Sénégalais se réveillent de cette anesthésie politique dont nous sommes victimes depuis l’indépendance. Il est temps de ne plus être émerveillé par des réalisations infrastructurelles dont les ressources seront payées par nous, nos fils, petit-fils et même arrière-petit-fils. Il est temps pour un gouvernement qui se soucie de la population, qui va créer des emplois et arrêter ces subventions qui ne sont que pour le court terme. Le pouvoir est temporaire donc il faut en faire bon usage pendant qu’il est entre vos mains. Il est temps que la population arrête de courir derrière des politiciens qui sont très égoïstes, une population qui a faim, qui a soif et qui a un avenir très sombre. Je qualifie la politique de l’Etat d’une politique esclavagiste ou l’Etat ne veut pas d’une population indépendante mais plutôt d’une qu’il peut contrôler.

Et le reste de la population ? Et les 47% de la population qui vit dans la pauvreté ? Et ceux qui n’arrivent pas se soigner quand ils sont malades ? Et ceux qui n’ont pas accès aux structures de sanitaire pour se soigner ? Et ces mendiants qui sont dans la rue ? Et ceux qui travaillent et qui sont sous-payés ? Et ces hôpitaux qui sont devenus des morgues ? Et ces routes qui tuent nos proches chaque jour ? Et ces enfants qui ne sont pas scolarisés ? Et ceux qui n’arrivent pas à vivre dignement ?

Et ceux qui n’ont pas de maisons de fonction ? Et ceux qui n’ont pas de voiture de fonction ? Et ceux qui n’ont pas de bons d’essence ? Et ceux qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants étudier dans des universités prestigieuses ? Et ceux qui ne peuvent pas se soigner dans les meilleurs hôpitaux ? Et ceux qui devaient être représentés par les députés qui les ont trahis ?

J’exhorte les militants du Parti au pouvoir à prendre un peu de recul et de penser à tous ces Sénégalais qui vivent dans la pauvreté et de se demander honnêtement si la politique économique de leur chef de parti est la meilleure politique économique pour le Sénégal.

Mohamed Dia, Consultant bancaire

Email: mohamedbaboyedia@gmail.com

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