L’appel de Moustapha Niass aux députés pour se présenter aux Sessions de l’Assemblée nationale après des absences, il y a quelque temps, est tombé dans l’oreille d’un sourd. La preuve, quelques mois plus tard, la situation n’a pas changé. Presque, à chaque Session, l’Hémicycle se vide de ses occupants. Comme ce fut le cas, ce mercredi, à l’ouverture de la première Session extraordinaire de l’année 2016.
En effet, sur 150 députés, presque la moitié ont manqué à l’appel de la «patrie». Comme à l’école primaire, le Président de l’Assemblée nationale ne voulant pas enfreindre la loi qui veut qu’au moins, 75+1 des parlementaires soient présents pour atteindre le quorum requis, s’est sacrifié à un exercice : les appeler pour procéder au décompte des élus «présents». Constat, un fort taux d’absence noté. Seuls 98 députés étaient présents dans l’Hémicycle pour 52 absents. Du coup, de justesse, cette Session a échappé à l’ajournement.
Voulant savoir les raisons des absences répétées des parlementaires, Actusen.com a tendu son micro à quelques honorables députés. Mais la raison de cette école buissinière » est plutôt financière. Selon nos interlocuteurs, la dotation en carburant y est pour quelque chose.
«Paradoxe : 1000l à Dakar et 300l dans les régions»
«Contrairement à ce que l’opinion pense, excepté les Présidents de Commissions et les membres de bureau (1000l), le député n’a que 300l d’essence par mois. Une dotation qui ne suffit pas, selon qu’on soit de la capitale ou des régions de l’intérieur», a révélé une parlementaire, qui déplore, tout de même, les absences répétées de ses collègues.
Mais c’est un secret de Polichinelle. En sourdine, les députés des régions se plaignent, «effectivement», de la manière dont la dotation en carburant serait faite. Un parlementaire du Sénégal oriental, interrogé, affirme : «300l d’essence ne représentent rien pour moi. Un voyage aller-retour entre Tambacounda et Dakar, peut emporter ma dotation en carburant. Alors, il n’est pas question de revenir à la capitale, si ce n’est pour la plénière», a déclaré, un député de cette localité.
Pour eux, l’essence doit être indexée au lieu d’habitation du député. «Paradoxalement, tous les Présidents de Commissions ou membres du bureau sont de Dakar et ce sont eux qui bénéficient de 1000l d’essence», soulignent-ils, pour le déplorer.
Pour rappel, la Session de ce mercredi devait porter sur la refonte partielle du fichier électoral et le fonctionnement des services publics sanitaires. Au terme de l’ouverture de la première Session extraordinaire de l’année 2016, le bureau s’est retiré, pour fixer la date de la tenue de la Session extraordinaire, à venir.
Gaston MANSALY (Actusen.com)