Des pages vierges sont ouvertes dans le très convoité livre de l’histoire de notre pays.
Elles attendent d’être remplies, mais pas par le premier venu, ni par le plus empressé, encore moins par le moins averti de ses responsabilités. Ces feuillets blancs veulent d’abord que la sagesse guide les mains expertes de ceux qui sont censés être des sages et les conduisent inéluctablement vers la bienséance.
Ceci parce que ces pages, en réalité ont besoin d’être embellies, enduites de dorures et de fait, rendues reluisantes à jamais pour résolument hisser le Sénégal au concert des États respectés. Le Conseil Constitutionnel, cette haute juridiction doit en effet statuer sur la recevabilité juridique des candidatures en vue de la présidentielle de 2019 sans jamais occulter le fait que l’élection à la magistrature suprême est le baromètre de mesure le plus fiable du niveau de démocratie d’un pays. Là est le vrai sens de leur mission régalienne, l’enjeu de leur acte historique en court. Les candidats à la candidature soumis à l’exercice de collecte de signatures et qui se sont échinés à force de courber l’échine pour présenter leurs fiches, seront évalués dans les heures à venir.
Un moment inédit dans la vie politique de notre nation car pour la première fois, au Sénégal, les prétendants au poste de chef de l’Etat sont envoyés en amont sur le terrain pour faire valider par le peuple, leur ambition présidentielle. Dans son sens premier, le parrainage a été presque unanimement salué, il n’a commencé à être sujet de controverse que lorsqu’il a été voté dans un climat de forte contestation, de désunion totale et sans débat à l’assemblée nationale.
Parce que du coté de l’opposition, de certaines entités indépendantes et même des rangs du peuple, d’aucuns ne pouvaient avaler cette pilule amère qui impose à toute personne désireuse désormais d’être candidat à la présidence de se faire parrainer à hauteur de 53.000 signatures soit 0,8 % du corps électoral dans au moins la moitié des quatorze régions du pays. S’en s’ont suivies les difficultés opérationnelles liées au déficit d’informations, aux incompréhensions et écarts dans la mise en œuvre, aux moyens réduits pour certains candidats, à l’illisibilité de la démarche adoptée et aux délais courts impartis à ce travail de longue haleine. Autant de facteurs qui ont corroboré la remise en cause de la bonne intention d’aller vers des élections crédibles, libres et transparentes.
Il est clair qu’il n’y aurait pas eu de démocratie au Sénégal sans bonne gouvernance toutes ces années, fondée notamment sur des transitions apaisées de pouvoirs et une gestion transparente des élections. Mais il est tout aussi prévisible que si des mécanismes consensuels ne sont pas mis en avant dans l’évaluation et le décompte des fiches de parrainage, un pan entier du frontispice de notre république va s’effriter. Au regard de ce fait, notre pays s’achemine vers un tournent décisif de son évolution politique.
L’expérimentation du parrainage qui consacre un temps judiciaire après un premier épisode politique émaillé de bruits entremêlés avant l’heure et annonciateurs de lendemains douteux, expose le Sénégal à un futur rendu ennuagé par le désamour de la population sénégalaise vis à vis de son système judiciaire.
Si dans le temps politique les calculs partisans sont de mise, le temps de la justice doit prioriser le droit et l’intérêt du peuple. Ce peuple en effet attend que le Conseil Constitutionnel parraine ses fiches en lui sortant de manière transparente et équitable, la liste des candidats retenus sur la base des critères d’évaluation en vigueur tels que stipulés par la loi.
Dès lors qu’il est assujetti à tous, le parrainage, un mal nécessaire, doit effectivement résoudre le problème de la pléthore de candidats et non constituer un moyen d’invalidation de candidatures ciblées. Sa finalité se limite au champ exclusif du renforcement et de la consolidation de l’expérience électorale du peuple sénégalais qui a atteint une phase de maturité sans conteste saluée et tant appréciée.
Et donc il doit à juste titre demeurer un filtre démocratique objectif dont l’unique but est de rationaliser le nombre de candidats, l’organisation parfaite des élections et point un filtre concocté pour s’assurer de l’amitié de sages peu regardant sur la mesure de leurs actions et se débarrasser en même temps de l’inimitié d’adversaires politiques plutôt encombrants. Non ! Faire ce qui est nécessaire pour le pays rend l’histoire sans trahison dans tous ses compartiments.
A méditer
Papa Ibrahima Diassé