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L’Italie et le monde du football font front derrière Kalidou Koulibaly !

Victime de cris racistes pendant Inter-Naples (1-0, 18e journée de Serie A), Kalidou Koulibaly voit l’Italie et le monde du football se ranger à ses côtés.

Une nouvelle fois, le fléau du racisme frappe le football italien. Lors d’Inter Milan-Naples mercredi soir (1-0, 18e journée de Serie A), Kalidou Koulibaly, auteur d’une prestation solide jusqu’à son expulsion, a essuyé des chants à caractères racistes de la part du public de San Siro. Dès le coup de sifflet final, son coach Carlo Ancelotti se scandalisait de voir que les autorités avaient laissé la rencontre aller à son terme dans ces circonstances. « Nous avons demandé à trois reprises au procureur fédéral de suspendre le match. Koulibaly est devenu nerveux. C’est normal, il est généralement poli et professionnel. Ils ont fait trois annonces à San Siro, mais rien de plus n’a été fait. Nous voulons juste savoir quand ce sera réglé. La prochaine fois, nous quitterons le terrain et à la limite nous perdrons la partie. Ce n’est pas une excuse, ce n’est pas que le Napoli, mais tout le football italien », a-t-il regretté en conférence de presse d’après-match.

Ce jeudi, les réactions se multiplient pour défendre le roc sénégalais. À commencer par ses partenaires napolitains. « Cela fait mal d’entendre des chants racistes envers mon frère, le reste n’est que secondaire. Il ne reste seulement que de la tristesse », a tweeté Faouzi Ghoulam. Le Rennais Ismaïla Sarr, qui le côtoie en sélection du Sénégal, lui a assuré son soutien. « Soutien total à mon frère et coéquipier en équipe nationale Kalidou Koulibaly. Le racisme n’a pas sa place dans le football ni dans la vie courante », a-t-il posté sur Twitter. Plus largement, la Serie A s’émeut de ce nouvel incident regrettable. Cristiano Ronaldo, photo d’un duel avec l’ancien Messin à l’appui, a également pris fait et cause pour le défenseur central via un post Instagram« Dans le monde et dans le football, il faut de l’éducation et du respect. Non au racisme et à toute discrimination », a-t-il publié sur ses réseaux.

Les soutiens se succèdent

La star de Sassuolo Kevin-Prince Boateng, elle aussi victime de comportements similaires lors de son passage à l’AC Milan, n’a pas manqué de rendre hommage au Napolitain. « Je suis, vous êtes, nous sommes tous Kalidou Koulibaly », a-t-il lancé sur Twitter, reprenant à son compte la déclaration d’après-match de l’intéressé sur Twitter : « Je suis fier de la couleur de ma peau. Je suis fier d’être Français, Sénégalais, Napolitain : d’être un homme ». L’AS Roma a communiqué via un tweet qu’elle se rangeait « aux côtés du footballeur de Naples Kalidou Koulibaly, victime d’insultes racistes mercredi soir. Il n’y a de place pour le racisme ni dans le football ni ailleurs dans le Monde ». Son ancien coach à Naples Maurizio Sarri, au micro de Sky Sport en Italie, a lui aussi tenu à condamner les chants racistes, sans pour autant faire de généralité. « Je crois qu’il y a des stupides partout. Alors, nous devons combattre ensemble contre les personnes stupides. Il ne faut toutefois pas généraliser, 99% de nos fans sont vraiment très braves », a-t-il indiqué.

« C’est du racisme et c’est un problème qui ne concerne pas que le football mais qui, dans les stades, prend un écho encore plus grand. Des comportements de ce type ne sont pas tolérables et les mécanismes qui se développent sont préoccupants. Si nous voulons améliorer la situation, nous ne pouvons plus tolérer ce qui se passé hier », a pour sa part confié Damiano Tommasi, ancien joueur de l’AS Roma et de la Squadra Azzurra désormais président de l’association des footballeurs italiens au micro de TG24. En Ligue 1 aussi, les réactions se multiplient. Jules Koundé, pensionnaire des Girondins de Bordeaux y a lui aussi été de son tweet de soutien. « Ces cris racistes n’ont rien à faire dans un stade ni nulle part ailleurs, il serait temps cela cesse et que l’on arrête de les prendre à la légère sous prétexte que bien souvent ils proviennent d’une « petite partie isolée de supporters ». Le match aurait dû être interrompu et reporté. Des mesures devraient être prises, bannir ce genre d’actions devrait être la préoccupation de tout le monde car ici il est question d’humanité et ceci n’est en aucun tolérable. Soutien à Kalidou Koulibaly et tous les autres avant », a posté le jeune défenseur bordelais.

Même son de cloche pour l’ancien de l’OM Michy Batshuayi : « #blackandproud » en légende d’une photo du Napolitain. Le Belge a été suivi quelques instants plus tard par le buteur de l’OGC Nice Mario Balotelli, souvent ciblé par les chants racistes par le passé lui aussi : « #saynotoracism #jesuisavectoimonfrère ». Idem pour Blaise Matuidi, milieu de terrain de l’équipe de France et la Juventus Turin : « peace and love. Fier de nos couleurs #notoracism ». Kwadwo Asamoah, international ghanéen de l’Inter Milan, a lui aussi envoyé un message de paix, d’amour et d’ouverture : « aimons-nous les uns les autres, blancs ou noirs #notoracism ». Message semblable de la part du capitaine nerazzurro Mauro Icardi : « je suis déçu de ce qui est arrivé hier à San Siro. Disons stop au racisme et à la discrimination ».

L’affaire prend un tournant politique

Interrogé par l’ANSA, agence de presse italienne, le dirigeant de la Fédération Italienne (FIGC) Giuseppe Pecoraro s’est montré clair. « Pour moi, l’Inter-Naples d’hier aurait dû être suspendu en raison des chants racistes à l’encontre de Kalidou Koulibaly, il a été signalé à l’ordre public et au quatrième arbitre que l’équipe napolitaine souhaitait arrêter la rencontre. La décision d’interrompre le match ne nous appartient pas, c’est aux autorités de trancher en accord avec le corps arbitral », a-t-il expliqué. Or, l’arbitre de la rencontre Mazzoleni di Bergamo n’a pas bronché, ce qui lui a d’ailleurs reproché Koulibaly avant d’être exclu. Gabriele Gravina, président de la FIGC, interrogé par Il Messaggero, a laissé entendre que la Serie A pourrait même être suspendue suite à cette affaire« Suspendre le championnat ? Je ne sais pas, c’est encore trop frais. Il s’agit d’un problème d’ordre public. Ce qui s’est passé est très grave. Sur le terrain, j’ai vu des gens nerveux, et si l’arbitre a commis des erreurs, il sera évalué », a-t-il expliqué.

Dans la Botte, l’affaire prend même déjà un tournant politique. Le maire de Milan Beppe Sala a lui défendu le natif de Saint-Dié-des-Vosges sur sa page Facebook« J’ai honte. Je demande à l’Inter de s’excuser. Je continuerai à aller à San Siro, mais, aux prochains cris de singe, je quitterai le stade. J’espère qu’à Empoli, l’Inter donnera le brassard de capitaine à Asamoah », a-t-il lancé, comme un message symbolique fort. Le maire de Naples Luigi de Magistris a lui profité de ce triste événement pour tacler le gouvernement en place. « Le match Inter-Naples n’aurait-il pas pu être interrompu dans un pays qui vit toujours plus du racisme d’État et qui compte, dans son gouvernement, un ministre de l’Intérieur, garant de la sécurité dans les stades, mais qui chantait il y a quelques années des chants racistes contre les Napolitains ? », a-t-il posté. Et si l’affaire Kalidou Koulibaly sonnait enfin le réveil des consciences en Serie A et plus largement dans le monde du football ?

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