En 1959 à Saint Louis, le Président Senghor, en manipulant l’Assemblée constituante et sous la dictée des colonisateurs français avait fait voter la première constitution laïque de l’Etat du Sénégal. Le coup de force de Senghor qui voulait à tout prix imposer la laïcité au Sénégal n’avait pas plu au député Ibrahima Seydou Ndaw de Kaolack, ce qui avait poussé ce dernier à bouder l’Assemblée constituante.
Senghor, chrétien catholique, en devenant le 1er Président du Sénégal majoritairement musulman à 95%, avait maintenu la laïcité de l’Etat, de 1960 à 1981, date de son départ à la tête du pays, dans une option fluctuante, pas stable et pas bien ancrée dans le pays et qui pourrait être remise en cause à tout moment. D’ailleurs, c’est la brèche par laquelle le président Wade avait tenté de s’engouffrer pour supprimer la laïcité de l’Etat dans la constitution en 2001 dès qu’il a accédé au pouvoir. Malheureusement, il avait été influencé et découragé par Moustapha Niasse, son premier ministre d’alors et ancien élève très assidu de Senghor.
Senghor, connaissant bien l’origine, l’objectif, les visées et la définition de la laïcité importée de France et qui avait même eu l’audace de promettre au Pape Jean XXIII de Rome, dans les années 60, je cite : «Je ne pourrai faire des Sénégalais des chrétiens, mais je ferais en sorte qu’ils soient de mauvais pratiquants musulmans».
Toujours dans sa logique de combat contre l’islam, Senghor était encore parvenu à imposer en 1972 le code laïc de la famille malgré le refus du député socialiste (Parti unique)feu Me Assane Dia de Tivaouane, avocat à la cour et l’opposition systématique des grands chefs religieux musulmans tels que El Hadji Ibrahima Niasse de Kaolack, El Hadji Abdou Aziz Sy, Serigne Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma, El Hadji Seydou Nourou Tall et le Khalife général des Layènes entre autres…
Tout ce rappel historique pour démontrer le caractère contradictoire des lois laïques par rapport aux codes civil et pénal(lois islamiques – Charia). Car l’Islam a ses lois et règlements qui régissent la famille musulmane dans les cours et tribunaux, comme c’est le cas en République islamique d’Iran où des chrétiens et juifs iraniens vivent sans être persécutés et qui vivent pleinement leur religion et pratiquent leurs cultes sous la protection de l’Etat islamique iranien.
Le Coran dit : « *Quiconque ne juge pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, eh bien voilà les mécréants…, les pervers…, les prévaricateurs» Sourate 5, Versets 44 – 45 – 47.
Tous les Présidents qui ont succédé à Senghor, à savoir Diouf et Wade, avaient quand même maintenu la laïcité dans la constitution du Sénégal malgré son caractère fluctuant, instable et pas bien ancré dans les esprits, sans pour autant essayer de le rendre intangible, irréversible et éternel comme l’a fait le Président Macky Sall lors de son référendum de février 2016 au cours duquel j’avais battu campagne et voté «Non». Considérant que l’acte de rendre intangible la laïcité dans notre pays et qui a frustré beaucoup de musulmans sénégalais était contraire aux convictions religieuses des musulmans, j’ai décidé cette fois-ci encore de voter bulletin nul (2 bulletins de 2 différents candidats dans une même enveloppe). Ce vote nul ne sera pas comptabilisé pour un quelconque candidat, n’empêchera pas non plus l’élection d’un candidat, mais ce vote nul apparaîtra au moins dans les résultats définitifs à l’élection présidentielle de 2019.
Ce vote nul permettra aussi de montrer à l’opinion nationale et internationale que certains Sénégalais avertis ont un engagement politique pour l’Islam car, armés d’une forte conscience sur les grandes questions de l’heure qui agitent le monde musulman, ils refusent, de manière pacifique mais sans équivoque de participer à l’immolation de l’Islam qui est avant tout un pouvoir d’Etat, un système de vie socio-économique ne séparant pas le temporel du spirituel comme dans l’Etat islamique de Médine du temps du Prophète Mouhamad (PSL).
Mon vote nul se justifie surtout par le fait que le Président Macky Sall ne s’est pas contenté du caractère laïc de la constitution, mais il l’a rendu irréversible, éternel et intangible lors de son référendum de février 2016.
Seul un coup d’Etat militaire ou soulèvement populaire à l’instar du Printemps Arabe pourrait supprimer l’intangibilité de la laïcité de l’Etat et refonder un Etat démocratique basé sur la justice et sur les convictions des Sénégalais.
Pour rappel, nous avons relevé dans le quotidien national gouvernemental, le Soleil n° 5859 du 14 mars 1993, un aveu et une déclaration de taille d’un éminent membre de la franc-maçonnerie. Je cite : «Le Sénégal est un pays à majorité musulmane ; et surtout à cause de la pression familiale que les franc-maçons sénégalais tapis dans l’ombre exercent sur l’Etat. Mais il affirme qu’ils font du bon travail et plusieurs lois sociales instaurées au Sénégal ont été discutées et cogitées dans les loges, et par leurs cogitations ils se débrouillent pour que les conclusions de leurs cogitations atteignent la table du gouvernement, de même ils ont des membres à l’Assemblée Nationale qui répercutent les opinions de la loge… Le crédo de la franc-maçonnerie réside dans la laïcité de l’Etat. Notre symbolisme se veut universaliste et nous rêvons qu’un jour, tous les hommes du monde soient franc-maçons. Et puis, il y a beaucoup de Sénégalais dont certains maitrisent parfaitement l’arabe qui sont membres des loges maçonniques sénégalaises».
Chers compatriotes musulmans sénégalais, vous êtes maintenant avertis des enjeux. Vos cartes d’électeurs sont vos armes, ne les donnez pas n’importe comment. Allez aux urnes dans la paix, la discipline et la dignité qui caractérisent l’Islam. A bon entendeur, salut !
Cheikh Oumar Tall
Directeur du journal mensuel «Le Jour – Al Yawmou»
Téléphone : 00 (221) 77 519 40 26.