La campagne électorale pour l’élection du 5ème Président de la République du Sénégal bat son plein, les différents candidats rivalisent d’ardeur en parcourant des milliers de kilomètres pour aller à la pêche des voix des électeurs. Les méthodes sont quasiment similaires, meetings ou marches avec des promesses mirobolantes de transformer, littéralement, le vécu des localités visitées. Si, ce ne sont pas des engagements dorés faisant entrevoir des lendemains qui chantent, place est faite aux diatribes et piques acerbes au candidat sortant qui, à son tour, rend bien la monnaie de la pièce par des moqueries aux fins de ridiculiser ses concurrents.
Décidément, le disque ne se raye jamais, toujours les mêmes styles et approches même si le pays est à 58 ans d’indépendance dans un 3ème millénaire où le monde a fini de subir des transformations majeures dans moult domaines ! Le citoyen-électeur n’est pas aussi en reste, il a, foncièrement, évolué et aspire à mieux même si, la pauvreté aidant, des « rats » de meeting et autres types de mobilisations sont toujours attirés par un billet de 5.000 ou 2.000 FCFA, un sandwich, un tee-shirt ou un tissu «khartoum ».
La politique- spectacle a encore de beaux jours au Sénégal où les équipes dirigeantes ne cessent de changer depuis 1981, en passant par 2000 et 2012. En effet, 03 alternances politiques ont eu lieu ayant fait entretenir d’énormes espoirs au peuple pour des changements radicaux dans leurs vécu quotidien, mode de gouvernance… Mais, au bout de quelques années d’exercice du pouvoir, les mêmes tares, maux, complaintes et récriminations surgissent pour accentuer davantage le sentiment de rejet du « politicien » vu, de plus en plus, comme un vendeur d’illusions qui finit par être sanctionné et remplacé par un autre qui risque, encore de reconduire le même procédé. Suffit-il juste de changer de pouvoir pour corriger des dysfonctionnements récurrents, caractéristiques de la gouvernance des différents Chefs d’Etat qui se sont succédé ?
Au regard des excès notés dans l’exercice du pouvoir, notamment avec un « sur présidentialisme » qui met au pas le législatif et le judiciaire, il va de soi que la seule alternance des hommes est très loin de faire entrer le pays dans une autre ère conforme aux exigences du progrès moderne. Les différents hommes d’Etat ont, tous, buté sur l’équilibre des pouvoirs de telle sorte que leur magistrature a été, fortement, teintée de scandales divers où la mainmise du Président de la République a été toujours perçue, de manière évidente ou tacite, empêchant ainsi aux procédures judiciaires, législatives d’être activées pour aboutir à des dénouements profitables à la bonne marche de la république. Les exemples pourraient être fournis à souhait pour étayer de tels faits de mal gouvernance.
Dans cette campagne, des candidats font apparaître dans leurs discours ou programmes une nécessité de réformer en profondeur pour corriger ces tares congénitales en révisant le système de gouvernance des affaires publiques. Veulent-ils être dans l’air du temps citoyen ou est-ce une opération de charme d’une catégorie de l’électorat qui tient à un changement de cap ? Ces candidats ne risqueraient-ils pas d’être rattrapés par les rigueurs, réalités et lambris dorés de la fonction présidentielle jusqu’à voir leur posture « d’homme de rupture » se diluer ? Chacun y ira de ses lectures et de son intime conviction d’ici le 24 février, une fois dans l’isoloir.
Toutefois, admettons qu’un changement de système requiert de la volonté farouche, du courage voire, de l’audace, de la patience, du désintéressement, un sens élevé de la république, une bonne base de patriotisme et une conscience politicienne nouvelle consistant à ne pas toujours bénéficier des fruits de ses actions politiques dans son mandat en cours mais d’en faire profiter à ses successeurs.
Maintenant, reste à savoir si notre système social, confrérique, nos conceptions de la politique permettront à ce nouveau système de gouvernance, dont les bienfaits sont tant chantés, de prospérer.
Mamadou DIENG
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