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Chronique hebdomadaire de SAMBAY BATHIE : La vieille mémé, le bilan du Président et l’opposition…

25 mars 2017, il est 11h du matin. Je suis à bord d’un taxi clando en compagnie d’une vieille dame assise derrière ce véhicule qui avance cahin-caha en direction de Guédiawaye. Une radio au son laborieux lâche les brèves à cette heure et le journaliste débite des propos du genre. «Voilà aujourd’hui 5 ans que le Président Macky Sall est à la tête du pays. C’était le 25 mars 2012…». Subitement, la vieille dame sort de sa torpeur et coupe la parole au journaliste. Puis elle prend de court les clients du véhicule, en s’en prenant, de manière violente, au chef de l’Etat Macky Sall.

«Son bilan, c’est qu’il a emprisonné tout le monde. Un dirigeant qui passe son temps à emprisonner ses adversaires. Les Sénégalais veulent la paix et il s’en prend à des familles entières en emprisonnant qui leur frère, leur père ou leur époux. Je suis déçue par sa gouvernance», brûle-t-elle le locataire du Palais.

A Bord du véhicule, un étudiant hoche la tête. Le chauffeur acquiesce. La vieille mémé de poursuivre son exposé de la situation politique en y invitant, sans le vouloir, le Président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, et le Président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), Ousmane Tanor Dieng, qui dans un passé récent ont montré leur vrai visage aux Sénégalais.

«Macky est incapable d’imprimer sa bonne empreinte du pays à cause de Ousmane Tanor Dieng et Pa Niasse. N’est-ce pas Niasse, qui, le 23 juin 2011, a failli faire voler en éclats les vitres de l’Assemblée, dont il préside aujourd’hui les destinées, en s’armant d’une grosse pierre pour en découdre avec le régime de Wade ?

N’est-ce pas Niasse qui disait à qui voulait l’entendre qu’ : «aucun imbécile, aucun salopard, aucun Djinn ne peut rompre ce qui nous lie, Macky Sall et moi.» Et qui a récemment crevé l’écran de la télévision nationale en direct poussant la passe d’armes avec Barthélémy Dias par un langage de querelleur de borne fontaine. « « Fii kufi cëpp cëppi, man nga fiy fekk » (Les gens qui se mettent à perturber à tout-va me trouveront sur le chemin)», se gargarisait-il, ce jout-là.

C’est encore lui, l’homme politique accusé de la retentissante gifle envers Djibo Kâ. C’était déjà à une autre époque. Il n’a pas calmé son ardeur et le temps ne l’a pas changé. Itou pour le Secrétaire général du Parti socialiste (Ps) qui au faîte de sa toute-puissance comme ministre d’Etat, ministre des Affaires et Services présidentiels du Président Abdou Diouf promettait à qui voulait l’entendre qu’il allait «démanteler le Parti démocratique sénégalais (Pds).

Ironie du sort, il est en train de punir les responsables de Takhawou Dakar qui veulent lui tenir tête et saborder sa coalition avec le Président Macky Sall. L’emprisonnement de Khalifa Sall, maire de Dakar, sa plainte contre Bamba Fall, maire de la Médina et 9 de ses présumés complices entrent dans cette logique.

Tous deux, Niasse et Tanor, ont des faits d’armes qui parlent pour eux. Le taxi s’arrête net. Il y a embouteillage à proximité de la Pharmacie Golf. Tout s’arrête. Un embouteillage monstre se forme. Ce sont les cars rapides qui ont bloqué la circulation, criant à hue et à dia, sous l’œil complice du policier en faction qui ne dit mot.

«Rien que pour rallier Case Ba à Guédiawaye, on risque de perdre plus d’une heure, ce n’est pas normal. Tout ça parce que les gens laissent faire», rouspète-t-on en chœurs. Puis, la vieille dame ne lâche pas l’affaire. Cette fois-ci, elle s’en prend à l’opposition, victime de faire le jeu de ses propres intérêts.

«S’ils ne sont pas capables de se donner la main pour changer le sort des Sénégalais victimes de ce régime, c’est qu’il faut désespérer des hommes politiques. Mais au lieu de cela, les responsables de l’opposition font parler leurs egos. Comme si l’intérêt du Sénégal ne les intéressait pas», tempête-t-elle.

Et c’est le chauffeur qui intervient pour laminer la classe politique, dans son ensemble. «Régime au pouvoir et opposition, c’est kif-kif. Ces gens-là ne se préoccupent que de leur propre intérêt, ils s’en foutent du chômage des jeunes et de l’extrême pauvreté des habitants de la banlieue.»

Le véhicule redémarre en trombe. La discussion s’enflamme sur le pétrole découvert au Sénégal, qui va développer le Sénégal. La vieille dame s’amuse d’une boutade noire qui plonge dans le silence le taxi-Clando. «Les bénéfices du pétrole et le développement risquent de me retrouver sous terre. Je ne serai plus de ce monde», jette-t-elle la manche, après la cognée. Quelques minutes plus tard, elle descend au prochain arrêt. Le véhicule continue sa marche, comme le Sénégal du reste.

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