Ce vendredi 4 août, près de 7 millions de Rwandais sont appelés aux urnes pour la présidentielle. L’issue du scrutin laisse peu de place au suspens et le président sortant Paul Kagame devrait être largement réélu.
Ce dernier répète à l’envi que l’élection est jouée depuis le référendum constitutionnel, adopté en 2015 par 98% des Rwandais, lui permettant de briguer ce 3e mandat et de potentiellement diriger le pays jusqu’en 2034. Mais dans un pays contrôlé d’une main de fer par le parti au pouvoir depuis 23 ans, certains s’interrogent sur la sincérité de cet engouement.
A chaque meeting, ils sont des milliers à attendre parfois plusieurs heures au soleil le président Paul Kagame. La machine est bien rodée. Des petits drapeaux et casquettes en papier sont distribués à la foule. Beaucoup sont transportés sur les lieux du rassemblement par bus, sous l’œil vigilant des autorités locales. Le FPR dément toutefois toute coercition.
Selon Christopher Kayumba, analyste politique rwandais, le président sortant demeure populaire, car il est toujours perçu comme un garant de la stabilité depuis la fin du génocide. « Les Rwandais savent qu’il a été essentiel au retour de la sécurité au Rwanda. Et la sécurité reste très importante. Les souvenirs sont encore trop présents. »
Dans un rapport publié à l’approche de la présidentielle Amnesty International avait toutefois dénoncé une « atmosphère glaçante » dans le pays. En cause selon l’ONG : des attaques répétées depuis plus de 20 ans contre l’opposition, les médias et les défenseurs des droits de l’homme.
Un avis partagé par Frank Habineza, le président du Parti démocratique vert et aussi candidat à la présidentielle : « Beaucoup de gens sont fatigués d’avoir le même gouvernement depuis 23 ans, mais ils ne le disent pas parce qu’il y a un climat de peur. Donc, lorsque l’on voit des gens chanter qu’ils aiment le gouvernement, parfois, ce n’est pas vrai. »
Alors que la campagne électorale s’achève ce mercredi, dans le pays, rares sont ceux à être en mesure de donner les noms des deux candidats d’opposition qualifiés par certains observateurs de « façade » à destination de la communauté internationale.
Avec Rfi.fr