Le représentant de l’État malien est arrivé mercredi 23 août à Kidal pour prendre ses fonctions dans cette localité sous contrôle des groupes armés de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). C’est une première depuis mars 2014 dans cette ville où l’armée malienne avait été défaite. Plusieurs facteurs ont permis ce retour du gouverneur de région, Sidi Mohamed ag Ichrach, nommé par le gouvernement.
Quelques semaines avant l’arrivée du représentant de l’État malien à Kidal, Mahmoud Dicko, le très influent du Haut Conseil islamique du Mali, était sur place en mission pour l’État malien, avec notamment pour objectif de permettre le retour de l’administration.
Il a à cette occasion rencontré à Kidal les chefs des groupes armés, la chefferie traditionnelle ainsi que les associations religieuses. Ces discussions ont facilité le retour du gouverneur.
Depuis mai 2014, après une offensive du MNLA sur la ville, l’État malien n’avait pas repris pied à Kidal, capitale de la région du même nom. On assiste donc aujourd’hui à ce que l’on peut prudemment appeler un début de retour de l’État malien dans cette ville du Nord. Et ce, même si les ex-rebelles armés contrôlent toujours la localité.
La stratégie des petits pas
Ce qui facilite aussi ce retour, c’est aussi la nouvelle stratégie gouvernementale pour Kidal, que l’on peut résumer par une politique de « retour graduel ». Le ministre malien de l’Administration territoriale, Tiéman Hubert Coulibaly, est partisan de cette politique. Au lieu de faire une fixation sur le retour de l’armée sur place, l’État fait désormais un pas après l’autre. Chaque pas devant consolider la confiance entre les acteurs.
La mission de l’ONU au Mali (Minusma) partage aussi cette démarche et contribue à l’apaisement recherché : ce sont ses moyens logistiques qui assurent le transport des uns et des autres pour rallier Kidal.
Maintenir la « neutralité » de l’administration
Le gouverneur de Kidal, Sidi Mohamed ag Ichrach, est arrivé vers 15h, mercredi 23 août, pour prendre ses fonctions à Kidal. « Nous allons travailler ensemble (…) en impliquant toutes les communautés, tous les acteurs, pour que cela puisse se faire dans l’intérêt bien compris de tout le monde et dans l’accalmie, et dans la paix », explique-t-il à RFI.
Le gouverneur de Kidal, qui doit rencontrer sous peu des responsables de la société civile ainsi que des représentants de la CMA, espère parvenir rapidement à des résultats. « C’est ensemble que l’on définira ces modalités », précise Sidi Mohamed ag Ichrach.
Des échanges avec des notables et des chefs de factions ont déjà eu lieu, d’autres sont prévus. « On a mis de côté beaucoup d’incompréhensions. Il en existe encore, mais on va les élaguer, les résoudre au fur et à mesure », espère le représentant de l’État malien à Kidal.
« Ma vision de l’administration, c’est que l’administration doit être au service de tout le monde. Cette neutralité, les gens de Kidal y tiennent particulièrement, et donc, nous allons y travailler », insiste Sidi Mohamed ag Ichrach qui sait qu’il a devant lui « un long travail de sensibilisation, un long travail de mise en confiance des uns et des autres, et on va le faire ensemble ».
Avec RFI