Au Togo, l’Internet mobile est toujours coupé, ce jeudi 7 septembre 2017, alors que de nouveaux rassemblements de l’opposition ont lieu. Une nouvelle journée de mobilisation massive contre le pouvoir, notamment dans les rues de Lomé. L’opposition ne lâche rien.
L’opposition ne lâche rien et compte capitaliser sur cette sortie massive de la population dans les rues mercredi. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’au grand meeting qui clôturait la marche de cette première journée, Jean-Pierre Fabre a renouvelé l’appel au rassemblement pour ce jeudi.
En début d’après-midi, malgré la fine pluie qui a arrosé Lomé ce jeudi matin, les manifestants ont afflué. Drapeaux à la main, sifflet à la bouche, le rassemblement a presque pris des allures de carnaval. Certains manifestants abordaient même des t-shirts sur lesquels il était écrit : « Les enfants du Togo se sont réveillés ».
En clair, la mobilisation est restée intacte. Les leaders, qui ont retrouvé la force de l’unicité d’action, veulent désormais mettre la pression pour obtenir cette fois ce qu’ils réclament depuis plusieurs années. Alors, la même marée humaine s’est rassemblée sous le même mot d’ordre : le retour à la Constitution de 1992 qui prévoyait notamment une limitation des mandats présidentielle et une élection à deux tours, le vote de la diaspora et la réforme sur le Code électoral.
Les forces de l’ordre sont entrées en action à la nuit tombée et ont dispersé à coup de gaz lacrymogène les manifestants mobilisés dans le sud du boulevard Eyadéma et une partie du boulevard de la Paix menant à l’aéroport. Pour le moment, il n’y a pas un mot d’ordre pour la suite.
Le projet de loi de la discorde
Mardi soir, le gouvernement a pourtant voulu montrer sa bonne volonté en annonçant des réformes, mais cela n’a pas suffi à rassurer l’opposition. Les députés togolais sont convoqués en session extraordinaire le 12 septembre, mardi prochain, pour se pencher sur cet avant-projet de loi de révision constitutionnelle.
Un texte qui fera l’objet de débats, d’amendements et qui nécessitera 4/5e des votes pour être adopté. Un texte qui prévoit une limitation des mandats présidentiel et parlementaire, et propose un mode de scrutin présidentiel à deux tours. Deux des principales revendications de l’opposition.
Le pouvoir tente d’apaiser la situation, mais ça ne suffit pas. Les manifestants pour beaucoup demandé le départ pur et simple du président Faure Gnassimbé. Nombre d’opposants affirment en effet ne plus faire confiance au chef de l’Etat et aux autorités et parlent de manœuvres dilatoires pour qualifier cet avant-projet de loi.
Pour eux, la suite de l’histoire doit se jouer sans Faure Gnassimbé. Or il semble que rien dans le texte qui doit être examiné la semaine prochaine à l’Assemblée ne concerne la rétroactivité. Cela signifie que le président pourrait briguer aux élections de 2020 un nouveau « premier » mandat de cinq ans, renouvelable donc et potentiellement pourrait rester au pouvoir dix ans de plus. Du côté du gouvernement, on ne veut pas s’avancer là-dessus en expliquant que la version actuelle du texte sera probablement amendée. Les manifestants, qui ne cachent pas leurs espoirs d’alternance, ne veulent pas en entendre parler.
Rencontres avec le représentant de l’ONU
Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, le docteur Ibn Chambas, arrivé dans la foulée, a multiplié les contacts jeudi, rencontrant une délégation de l’opposition composée du chef de fil de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, un délégué du Cap 2015, et un membre du PNP puis le président de la République.
Selon le compte Twitter de Faure Gnassingbé, le diplomate onusien a dit à la délégation de l’opposition qu’il les a encouragé à s’investir dans des discussions avec le gouvernement pour faire avancer l’agenda des réformes de manière définitive.
Internet toujours coupé au Togo
En plus de ces revendications de fond, l’opposition réclame aussi le rétablissement d’internet. Le réseau est coupé depuis mercredi sur tout le territoire togolais. Il est aussi impossible d’envoyer des SMS. Une censure dénoncée par Norbert Glakpe, président du chapitre togolais de l’Internet Society.
Avec RFI