Le fait est saisissant, pour mériter d’être relevé. En effet, à force de gratter le vernis qui recouvre le Gouvernement II du Premier ministre, Mahammad Bunn Abdallah Dionne, Actusen.com a fini par y débusquer une dure réalité : des ministres et d’anciens Directeurs généraux qui ont quitté l’or pour le plomb.
En d’autres termes, ils ont quitté des Stations ô combien juteuses pour atterrir dans des postes qui ne sont ni plus ni moins que des coquilles vides. Dans ce lot, figure, à la première loge, le désormais ex-Directeur général du Port autonome de Dakar.
Longtemps adulé, Cheikh Kanté risque de sombrer dans l’anonymat
Cheikh Kanté, pour ne pas le citer nommément, qui trônait en seigneur sur un empire d’adulateurs ou de contempteurs, c’est selon, et qui manipulait les sous comme pas possible, est tombé de très haut.
Car, désormais, le ministre auprès du Président de la République, chargé du suivi du Plan Sénégal Emergent, ne gérera que des paperasses et des rêves. Ici, la meilleure chose qu’il puisse avoir, c’est la théorie de projets de nature à donner un coup d’accélérateur au PSE si cher au Chef de l’Etat, Macky Sall.
Jadis couru de toutes parts, Cheikh Kanté risque de devenir anonyme auprès des militants de l’Alliance pour la République, Parti au Pouvoir, qu’il chérissait à coup de millions F Cfa. Adulé de partout, il avait fini d’être omnipotent et omniprésent dans la famille marron-beige.
Moustapha Diop, « Xalé xaliss », à la tête d’un tissu industriel en « deuil »
Autre responsable du Parti présidentiel, qui était capable de transformer l’impossible en possible, l’abattement en euphorie auprès des militants «apéristes», et qui, en réalité, n’a hérité que d’une coquille vide, à la faveur du remaniement ministériel survenu, à peine une semaine : Moustapha Diop.
Le maire de Louga, surnommé «Xalé xaliss » (jeune et friqué), était, aux yeux de l’opinion, un sérieux concurrent de Cheikh Kanté, ancien patron du Port autonome de Dakar, dans le rôle de distributeur automatique de billets.
Certes, il était ministre-délégué dans le Gouvernement I de Mahammad Bunn Abdallah Dionne, mais il gérait un Fonds très liquide. Seulement, depuis jeudi dernier, jour de la publication de la liste des membres du nouveau Gouvernement, Moustapha Diop, qui a quitté le Ministère de l’Economie solidaire et de la Microfinance, ne pilote plus qu’une simple vue de l’esprit : l’Industrie et la Petite et Moyenne Industrie.
Ce département, dont l’édile du Njambuur préside les destinées, n’est, en réalité, qu’une utopie. Dans la mesure où l’industrie sénégalaise, dans son ensemble, est en berne. A part les Industries chimiques du Sénégal, qui tente de renouer avec la vie et qui résiste, le reste du tissu industriel est presque dans la fosse. Et son drapeau quasiment en berne.
En un mot comme en mille, si sa base affective de Louga rêvait que son mentor soit récompensé par le Président Sall, eh bien, c’est peine perdue. En dépit de ses nombreux efforts de ces dernières années, pour hisser l’étendard de l’Apr plus haut dans la Commune que contrôlait jadis la ministre socialiste Aminata Mbengue Ndiaye, Moustapha Diop semble avoir été payé en monnaie de singe, au détour de ce remaniement.
Mariama Sarr, Abdoulaye Diop du Cosec, Abdoulaye Bibi Baldé et Mbagnick Ndiaye, tombés de très haut
Toutefois, ce n’est pas seulement «Xalé xaliss», qui doit rougir de nervosité. Parce que Mbagnick Ndiaye, qui pilotait le Ministère de la Culture et de la Communication, ne doit pas, lui aussi, en croire à ses yeux. Pour cause, il ne gère plus qu’une chimère : Ministère de l’Intégration africaine, du Nepad et de la Francophonie.
Mariama Sarr, n’en parlons pas ! En voyant Ndèye Sali Diop Dieng lui chiper le Ministère de la Femme, de la Famille et du Genre, la responsable Apr de Kaolack n’a hérité que d’une litanie de problèmes : le Ministère de la Fonction publique, de la Rationalisation des effectifs et du Renouveau du service public.
Et, pas si sûr qu’elle ne soit pas parcourue par un flot de frustrations, après avoir perdu son désormais ex-fromage, tombé dans l’escarcelle de Ndèye Sali Dieng, épouse du Directeur général de la Sonacos.
Autre mutilé du dernier remaniement : Abdoulaye Diop. De Directeur général du Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec) à Ministre de l’Emploi, de l’Insertion professionnelle et de l’Intensification de la main d’œuvre, le responsable du Parti présidentiel à Sédhiou est, lui également, tombé de très haut. En termes de budget, il n’y a même pas photo entre son ancien fauteuil du Cosec et son portefeuille ministériel.
Autre responsable objet d’une chute libre : Abdoulaye Bibi Baldé. Ancien ministre de l’Environnement et du Développement durable, ce dernier a hérité du Ministère de la Communication. Là aussi, il serait ridicule de comparer les budgets des deux portefeuilles ministériels. Sans compter le fait que Abdoulaye Bibi Baldé n’a pas le profil de l’emploi au Ministère de la Communication.
Richard SAMBOU (Actusen.com)