Après la prétendue victoire électorale de la méga-coalition gouvernementale aux dernières élections législatives, alors qu’on s’attendait à des scènes d’étreintes mutuelles et fraternelles au sein de Benno Bokk Yakaar, on assiste plutôt à des polémiques insolites entre le parti présidentiel et deux de ses plus grands alliés, à savoir la LD et le PS.
Victimes inconscientes – mais pas tout à fait innocentes – de leurs mauvaises fréquentations, en l’occurence le parti APR, les militants de la LD font les frais de ce que Mamadou Ndoye lui-même qualifie « d’idéologie alimentaire, qui serait en train de dévorer la classe politique ». Il s’avère, en effet, très laborieux, pour un parti se réclamant de la gauche, de préserver la pureté de sa ligne politique originelle, quand certains de ses dirigeants festoient avec des « fauves » prédateurs.
Par ailleurs, certains militants socialistes, après avoir mis beaucoup de zèle à soutenir leurs alliés de l’APR dans leurs vaines contorsions pour étouffer les ambitions présidentielles du Maire de Dakar, estiment n’avoir pas été suffisamment payés en retour et commencent à changer de discours et à faire dans la défiance. Viennent-ils de réaliser subitement que la liquidation politique programmée de leurs camarades dissidents risquait de s’étendre à la totalité de leur formation politique, encore perçue, avec le PDS, comme une des alternatives possibles à l’actuel régime ?
Toujours est-il que le désir effréné du PR d’obtenir un second mandat risque d’être entravé par la boulimie des faucons de son parti, soucieux, avant tout, de renforcer leur jeune Parti au détriment de la grande Coalition de dinosaures. À titre d’exemple, 75% des députés (97/127) de Benno Bokk Yakaar élus lors des dernières élections législatives appartiennent à l’APR, qui obtient ainsi une majorité qualifiée, lui permettant, le cas échéant, de procéder à des réformes constitutionnelles, déconsolidantes, comme de coutume.
À ces tensions au sein de l’alliance gouvernementale, accentuées par les désillusions et frustrations consécutives au dernier remaniement ministériel, vient s’ajouter l’hostilité de l’Opposition qui, subodorant un piège, oppose une fin de non-recevoir au dialogue politique proposé par le Président.
En fin de compte, le régime apériste apparaît plus isolé que jamais, malgré sa confortable majorité parlementaire.
Refusant de faire des concessions significatives face aux exigences de la classe politique à propos du code électoral et des libertés publiques, le président de la République apparaît plus vulnérable que jamais aux chantages des lobbies et de son propre clan. C’est ce qui explique les nominations de complaisance, dont les unes puent le népotisme à plein nez, pendant que les autres conduisent à une hypertrophie de l’appareil étatique, avec toutes les conséquences sur le renchérissement du train de vie de l’État.
C’est dans ce contexte délétère, que le pouvoir et ses affidés s’emploient à décrédibiliser les Institutions et les formations politiques (du pouvoir comme de l’Opposition) pour faire croire à l’opinion que le président actuel reste le seul recours possible.
Dans le même temps, on assiste à la radicalisation de larges couches de la société sénégalaise, qui ne rêvent que d’en découdre avec ce régime de plus en plus autoritaire, qui nous projette dans un futur enchanteur au lieu de nous délivrer de nos angoisses quotidiennes. Nous citerons, à titre d’illustration, l’accaparement des terres à Dodel, les barèmes ridicules d’indemnisation aux personnes affectées par le projet (PAP) du Train express régional (TER), l’implantation tous azimuts de la multinationale Auchan qui tue le petit commerce, le diktat des autorités turques qui s’immiscent dans l’éducation de nos enfants (Yavuz Selim) … etc.
Dans tous ces cas, il s’agit d’un parti-pris flagrant au profit d’intérêts étrangers, qui vient s’ajouter aux autres tares si admirablement diagnostiquées par des patriotes tels que les chroniqueurs autour de Mody Niang et le commissaire Sadio. Elles ont pour noms la prise en otage des Institutions de la République, l’injustice sociale, l’effondrement des valeurs morales et sociétales et d’innombrables scandales politiques, économiques et financiers.
Tout cela préfigure d’une imminente explosion sociale, que les forces de progrès se doivent d’anticiper et d’encadrer, pour éviter qu’elle ne soit dévoyée par des forces obscurantistes et afin de la transformer en révolution nationale, démocratique et sociale pour le plus grand bonheur du peuple sénégalais.
NIOXOR TINE