« Dialogue »
Ce mot est aujourd’hui sur presque toutes les lèvres au Sénégal. Mais la question que je me pose est de savoir si tous ceux qui en parlent ont les mêmes objectifs.
Je m’intéresse particulièrement au sujet en ma double qualité de citoyen et d’acteur politique.
En attendant de trouver le cadre idéal pour entrer dans les détails, je voudrais exprimer, à titre purement personnel, quelques sentiments qui ne seront d’ailleurs que des recommandations:
1) Il faut absolument éviter de parler » Dialogue – Pouvoir – Opposition ». Cela me semble dangereux parce que ce serait une systématisation d’une fracture entre les citoyens sénégalais.
Ainsi on admet d’emblée deux camps où chacun tentera vaille que vaille à avoir le dessous sur l’autre. À mon avis, le dialogue auquel j’adhère consisterait à mettre sur la table les points qui constituent souvent des points de divergences ou des sources de conflit pour trouver des solutions sans esprit partisan. Compte tenu de ce qui passe actuellement à l’intérieur des formations politiques, il n’est même pas évident que les membres d’un même parti ou d’une même coalition aient la même compréhension de certains points, si la discussion est libre.
La plupart des conflits en Afrique (en dehors les guerres tribales ou ethniques qui se raréfient de nos jours) sont nés des élections. C’est pourquoi nous pensons que l’essentiel des débats devrait tourner autour de notre charte fondamentale (la constitution) et le code électoral. Tant que ces textes continueront à connaître des tripatouillages intempestifs et conjoncturels, il n’y aura jamais de stabilité.
2) -A mon avis, la réussite de telles rencontres dépend en grande partie des termes de références pour ne pas dire une claire définition les sujets à traiter et des objectifs visés. Si les interlocuteurs ne se mettent pas d’accord au départ, ce n’est même pas la peine de continuer.
Prenons donc le temps qu’il faut pour avoir un large consensus avant tout démarrage et ainsi éviter que cela ne soit encore une rencontre de plus, pour se donner simplement une bonne conscience.
3) Il faut également un engagement ferme de part et d’autre pour une application effective des conclusions issues des travaux.
Même s’il reste vrai que le Sénégal est une grande démocratie, l’exemple du Ghana et du Cap-Vert doit davantage nous inspirer en matière d’élection.
Pape Diouf, Président du Mouvement pour la Démocratie et la République (MDR).