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Journée de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes

Le 2 novembre est la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. En Afrique, dans de nombreux pays, on est sans nouvelles de journalistes qui faisaient leur travail. Dans certains pays, c’est la censure qui est à l’œuvre. Exemples.

■ Mali : un journaliste disparu depuis janvier

Au Mali, toujours pas de nouvelles du journaliste Birama Touré de l’hebdomadaire privé Le Sphinx. Il a disparu depuis le 29 janvier 2016. Peu après l’annonce de sa disparition, les autorités maliennes se sont déclarées « mobilisées » pour le retrouver. Mais depuis, plus rien. Des propos d’un policier malien actuellement installé à l’extérieur du pays lancent un pavé dans la marre en déclarant que selon des indices, le journaliste ne serait plus en vie.

L’homme qui jette un véritable pavé dans la mare s’appelle Papa Mambi Kéita. Policier de son état, il est connu pour ses redoutables enquêtes qui généralement permettent d’arrêter les coupables. Mais depuis quelques mois, Il n’est plus au Mali. Il vit dans un pays voisin, et il est, dit-il, en froid avec sa hiérarchie. C’est dans le numéro 664 de l’hebdomadaire malien Le Sphinx qu’il fait une sortie. Il parle d’abord d’une affaire de tentative de meurtre qui un moment a défrayé ici la chronique. Et au détour d’une question sur le journaliste disparu, il affirme avoir mené ses propres investigations, il dit : « A l’heure actuelle, où je vous parle, tous les indices prouvent que votre confère Birama Touré ne vit plus. » Il ne donne pas d’autres détails. Mais cette sortie relance le débat. Le 29 janvier 2016, le journaliste du Sphynx a disparu quasiment en plein centre de Bamako. Depuis, plus de nouvelles. Sa famille se dit « très inquiète ».

■ Tanzanie : les lois et mesures liberticides se multiplient

Sur le continent africain, l’un des pays qui se préoccupent le plus les organisations des défenses des journalistes, c’est la Tanzanie. Depuis l’avènement au pouvoir du président Magufuli, les lois et mesures liberticides se multiplient. Le pays a perdu 12 places dans le classement de Reporters sans frontières l’an dernier et devrait continuer de dégringoler cette année. Même sentiment chez le Comité de protection des journalistes, l’ONG américaine, pour la directrice de son programme Afrique, Angela Quintal.

« Ce n’est pas comme si on n’avait pas été prévenu… En mai 2017, le président Magufuli, lui-même, a prévenu les médias que la liberté de la presse avait ses limites. Et c’est exactement ce qu’on a vu, les médias sont malmenés, des quotidiens ont été suspendus pour trois mois ou plus. Depuis juin, ce sont quatre journaux qui ont été fermés par le gouvernement. Il y a aussi des journalistes qui ont été visés comme Maxence Melo de Jamii Forums qui est un site interactif très populaire où les gens peuvent parler de politique ou de la gestion des affaires publiques. Il a été arrêté, le gouvernement essaie de le contraindre à révéler l’identité des gens qui contribuent à sa plateforme. C’est ce genre d’actes d’intolérance et de répression que l’on voit depuis l’arrivée au pouvoir du président Magufuli. Ce qu’il fait, c’est de s’assurer qu’il y a une censure effective, mais qu’il y a aussi une forme d’autocensure qui se mette en place chez les journalistes qui ont peur aujourd’hui de ce qui pourrait leur arriver. »

■ Libye : journaliste, un métier à haut risque

Dans le classement 2017 de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières, sur 180 pays, la Libye est classée 163e. Dans le contexte libyen dominé par le chaos et les divisions, il est très difficile pour les journalistes libyens de continuer à pratiquer leur métier. Certains ont quitté le pays et collaborent avec des médias libyens à l’étranger, d’autres travaillent dans l’anonymat, mais les menaces persistent et la situation s’est surtout dégradée à l’est du pays.

Les journalistes libyens subissent toutes sortes de pressions et d’atteinte à la liberté de la presse. Ils sont surveillés, insultés, menacés, enlevés et confrontés à un danger permanent. Une réalité qui fait dire à un syndicaliste que la situation aujourd’hui est pire que du temps de Kadhafi. De son côté, l’organisation Reporters sans frontière considère que « les médias libyens évoluent dans des conditions extrêmement difficiles ».

Cette situation prévaut en Libye depuis la montée des islamistes en 2014. Aujourd’hui, les journalistes sont toujours la cible des groupes armés, mais aussi des autorités militaires. Si l’on en croit le Centre libyen de la liberté d’expression, le plus grand nombre d’exactions contre les journalistes et blogueurs seraient enregistrées dans l’Est libyen.

A Benghazi, plusieurs journalistes ont disparu, et selon leur famille, ceux qui n’ont pas été libérés sont encore détenus dans les prisons du maréchal Khalifa Haftar. D’ailleurs, ces journalistes sont obligés d’obtenir une autorisation des services de renseignement pour pouvoir pratiquer leur métier à l’est du pays.

En février dernier une cellule de lutte contre le cyberterrorisme a été créée, mais son but réel, affirme le Centre libyen pour la liberté d’expression, est la traque de toute voix critiquant l’ordre établi.

Rfi

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