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Donald Trump en Corée du Sud, où plane la peur de la guerre

Le président américain Donald Trump est ce mardi 7 novembre, en Corée du Sud, deuxième étape de sa tournée asiatique après le Japon. L’accueil est contrasté : de nombreuses manifestations de protestation sont prévues, alors que Donald Trump est accusé par les progressistes sud-coréens de jeter de l’huile sur le feu en multipliant invectives et menaces de frappes sur la Corée du Nord.

Donald Trump ne reste que 24 heures en Corée du Sud et les Sud-Coréens ne peuvent s’empêcher de remarquer que le président américain a choisi de passer le double, 48 heures, chez le voisin japonais. Ce détail reflète bien l’inquiétude de la Corée du Sud, qui redoute d’être reléguée par Washington au rôle de spectateur sur la question nord-coréenne, alors qu’elle sera la première victime d’un éventuel conflit militaire déclenché par les décisions américaines. Choi Chang-hee est une militante pacifiste qui manifeste devant l’ambassade des Etats-Unis à Séoul : « Si Trump et Kim Jong-un perdent leur sang-froid, s’ils décident de se provoquer l’un l’autre, cela peut provoquer une guerre. Même si la probabilité d’un tel conflit n’est que de 1%, il faut les en empêcher. Nous sommes donc venus ici pour défendre la paix, pour demander que des pourparlers de paix soient initiés. Il faut négocier ! »

Survivalistes

De son côté, Woo Seung-hyeob est un « survivaliste » : il a quitté son travail d’informaticien il y a cinq ans pour devenir consultant dans la préparation de désastres. Sur son forum internet qui compte 20 000 membres, la possibilité d’une guerre avec le voisin du Nord est devenue la première cause d’anxiété.

« Sur mon forum, les inquiétudes liées à une possible guerre ne font que croître depuis l’élection de Trump en décembre. Maintenant c’est encore pire. Après le printemps, les Etats-Unis auront achevé leurs préparatifs de guerre, et je pense qu’une vraie crise va alors éclater », redoute Woo Seung-hyeob.

Or, dans une ville comme Séoul qui compte avec sa périphérie 25 millions d’habitants, impossible en cas de guerre ou de tremblement de terre d’évacuer tout le monde, explique encore ce consultant. « En cas de désastre, l’endroit le plus sûr, c’est chez soi : il faut rester à la maison et attendre que la situation devienne sûre », indique-t-il.

Un exercice d’équilibriste

A chaque provocation de Pyongyang, le président américain a répondu par une déclaration belliqueuse. Une escalade des tensions que n’a guère apprécié Moon Jae-in. Elu en mai dernier, le président sud-coréen élu prône au contraire le dialogue et l’apaisement avec son voisin.

Partisan d’une diplomatie dite « de l’équilibre », Moon Jae-in va donc devoir jouer les équilibristes lors de la visite de Donald Trump. D’un côté, la sécurité de la Corée du Sud dépend largement des Etats-Unis : le système anti-missile est américain, tout comme les 30 000 soldats stationnés sur la péninsule. De l’autre, la Chine voit dans cette présence militaire américaine une potentielle menace sur sa souveraineté. Surtout que depuis un an, les Etats-Unis proposent l’implantation d’un nouveau système anti-missile en Corée du Sud et imaginent une alliance militaire tripartite entre la Corée du Sud, les Etats-Unis et le Japon.

Le président sud-coréen a d’ores et déjà déclaré qu’il voyait d’un mauvais oeil ces solutions militaires, leur préférant des solutions diplomatiques. Moon Jae-in sait bien que l’interlocuteur prévilégié de la Corée du Nord est la Chine. Pour désamorcer les tensions dans la péninsule, Séoul va donc tenter une équation difficile : calmer les ardeurs militaristes du protecteur américain, tout en maintenant de bonnes relations avec le médiateur chinois.

Quelques jours avant l’arrivée de Donald Trump, le président Moon Jae-in a assuré devant son Parlement qu’aucune action militaire sur le Nord ne sera possible sans l’accord de la Corée du Sud. Mais cela ne devrait pas suffire à calmer l’inquiétude des milliers de manifestants anti-Trump attendus dans les rues de Séoul.

Déficit commercial

Mais il y a aussi la question du déficit commercial : le président américain veut renégocier l’accord de libre-échange signé entre les deux pays, accord qu’il juge déloyal. On se souviendra que Donald Trump a aussi dans le passé exigé que la Corée du Sud paie davantage pour la présence des soldats américains déployés sur son sol.

Avec RFI

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