Au nord du Sénégal, il ne serait pas exagéré de crier, « wooy, xiff » (au secours, la famine). La preuve, pour ceux qui ne s’en souviennent pas, Actusen.com a publié, il y a quelques semaines, en exclusivité, un Rapport de « Action contre la Faim »..
Dans ce Rapport de “Action contre la faim”, parvenu à la rédaction de Actusen.com, la Mission humanitaire fait état d’un risque de famine, dans le Nord du Sénégal, lié au démarrage tardif et relativement court de la période hivernale.
Selon le document en question, «le faible niveau de pluie reçu au Nord du pays fait craindre une situation difficile dans les mois à venir pour les agriculteurs et les éleveurs». Ce qui va se répercuter sur les récoltes, et le bétail. Classant ainsi cette zone sous alerte rouge.
Fait rarissime : les prévalences de malnutrition dépassent le seuil critique de 15% fixé par l’Oms
Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’Action contre la faim la compare à l’épisode de 2011. «La sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages de Podor, Matam et Louga est à risque et les données comparables à la crise de sécheresse connue en 2011.
Après 2011 et 2014, ce serait un 3ème épisode en 6 ans. Fait rarissime : les prévalences de malnutrition dépassent le seuil critique de 15% fixé par l’Organisation mondiale de la Santé (Oms)», relève Actusen.com du rapport.
Toujours selon ledit document, «les anomalies les plus alarmantes se retrouvent dans les départements de Matam, Podor, Linguère et Ranerou».
Dans ces zones, la faible pluviométrie a occasionné une mauvaise production de la biomasse, entraînant, en même temps une maigre présence du tapis herbacé. Et donc, une insuffisance à satisfaire les besoins en fourrage du bétail de la zone.
Et ce n’est pas tout. Car, “Action contre la faim” soulève aussi un autre aspect du sombre tableau, qui a trait à la faible productivité agricole.
En effet, «le retard et la perturbation notés dans l’installation des pluies n’ont pas permis à certaines cultures de boucler leurs cycles».
Ce qui laisse donc, présager «que la soudure engendre des flambées de malnutrition aiguë dès le mois de juin 2018, dépassant les capacités nationales et locales communautaires et sanitaires».
“La soudure risque d’engendrer des flambées de malnutrition aiguë dès Juin 2018, dépassant les capacités nationales et locales communautaires et sanitaires»
Pour faire face à une telle situation, il serait nécessaire, selon la Mission d’ «anticiper des plans d’appui à la sécurité alimentaire pour la soudure 2018, qui devrait être précoce (mars-avril) ; de suivre l’évolution de la situation de sécurité alimentaire, des productions agricoles et pastorales ainsi que la nutrition”.
Toujours, conseille ladite Mission, il faudra “renforcer la capacité de réponse nutritionnelle dans le système de santé pour lui permettre non seulement de faire face à la flambée de malnutrition aiguë sévère annoncée de 2018.
Mais aussi et surtout, de «développer les capacités nationales de système d’alerte précoce intégré en sécurité alimentaire et nutritionnelle».
Preuve que les autorités sénégalaises doivent prendre, très au sérieux, l’alarme tirée par «Action contre la faim», déjà, en Août dernier, la presse rendait compte que «plus de 42.000 ménages des départements de Matam, Kanel, Goudiry, Tambacounda, Bambey et Malem Hodar se trouvent dans “la zone rouge” du tableau de l’insécurité alimentaire au Sénégal, selon le Conseil national de la sécurité alimentaire.
Pis, le déficit pluviométrique a entraîné une faible production dans la région de Matam. Une situation qui expose les populations aux risques de famine, insiste la Rfm, dans son édition de ce mardi à midi.
Mamadou Diako, un paysan de la région, confirme : «nous sommes conscient que la situation devient, de plus en plus, inquiétante avec les oiseaux qui ont tout ravagé et il n’y a pas eu beaucoup de pluie ; donc, la région de Matam est vraiment exposée, aujourd’hui ».
Pour Ousmane Ngom, le Gouvernement doit réagir. «La culture du riz dans la région de Matam est un grand apport, car les 80% des populations ne consomment que du riz local. Quand il n’y a pas la production, les gens ne vivent pas», indique- t-il.
Ibrahima Fall, quant à lui, rejette la faute sur l’Etat. Il estime que «rien ne va, cette année-ci et c’est honteux que le Gouvernement observe cela, sans rien faire».
Anna Alberta, Stagiaire (Actusen.com)