Monsieur le Ministre,
Je ne saurais commencer cette lettre, sans au préalable, vous souhaitez plein succès à la tête de ce département ministériel, ô combien important et même vital pour nous et notre descendance.
En effet, Monsieur le Ministre comme vous le savez mieux que moi, l’un des principaux enjeux de ce siècle est d’ordre environnemental. Quel Etat ou personne n’est pas concerné ou touché par les changements climatiques et leur corollaire : inondations, avancée de la mer, sécheresse, apparition de certaines maladies, poussée excessive de chaleur… ? Que de drames et pertes économiques incommensurables !
Le Sénégal, pour mieux faire face à ces fléaux des temps modernes, a compris, très tôt, qu’il fallait accorder à l’ENVIRONNEMENT et au DÉVELOPPEMENT DURABLE toute la place qui sied dans une telle situation exceptionnelle marquée par des risques en catastrophes naturelles de tous bords et natures.
Quasiment, tous les protocoles et conventions internationaux œuvrant pour la sauvegarde de l’environnement ont été ratifiés accompagnés par une présence constante et remarquée dans toutes les rencontres internationales dédiées, dont la dernière est la cop 23 à BONN.
Nous ne pouvons qu’encourager et saluer un tel engagement de nos autorités dans ce vaste mouvement mondial pour sauver la planète contre les agressions multiples et multiformes menaçant sa survie.
Cependant, au regard de certaines pratiques et mesures prises, au niveau de certains sites, nous ne pouvons qu’être stupéfaits et dubitatifs sur la sincérité de cet engagement. Nous faisons allusion, Monsieur le Ministre, au périmètre de reboisement du littoral de Guédiawaye.
Je ne m’étalerai pas, outre mesure, sur les énormes investissements (humains, financiers et matériels) qui ont été consentis pour planter, depuis près de 50 ans, des filaos sur une bande littorale s’étirant de Yoff à Saint-Louis (180 km de côtes). Tout cela pour protéger des activités maraîchères, des infrastructures et des habitations contre l’ensablement et par ricochet contre l’avancée de la mer.
Aujourd’hui, qu’en reste-t-il de cet important patrimoine écologique? Quasiment, rien ! Tout a été détruit par des actions pernicieuses de l’Homme, récurrentes et demeurées impunies. Pourquoi laisse-t-on faire, jusqu’à présent, après avoir autorisé le passage d’une voie de dégagement, certes rapide pour améliorer la mobilité urbaine mais véritable catalyseur pour une destruction totale de cet écosystème rare, précieux et pittoresque ? Pire, des titres de propriété et autorisations de lotir ont été octroyés à des tiers sur ce périmètre de reboisement inscrit dans le domaine classé de l’Etat.
Même si ce périmètre de reboisement aurait été déclassé (décret dont nous aimerions disposer), le code forestier est sans ambigüité sur ce point : Titre III, chapitre Premier : Du classement et du déclassement des forêts en son articleR39 : « Le déclassement d’une forêt ne peut intervenir que pour un motif d’intérêt général ou de transfert des responsabilités de l’Etat en matière de gestion forestière au profit d’une collectivité locale qui garantit la pérennité de la forêt.
Le déclassement n’entraîne pas de la part de l’Etat, renonciation à ses droits sur la parcelle de forêts déclassées. De plus, même en cas d’affectation à un tiers, il ne peut donner lieu à la reconstitution de droits de même nature que ceux qui avaient été supprimés par le classement ».
Si nous comprenons bien la quintessence de cet article, déclasser ne signifie pas faire l’usage que l’on veut de l’assiette foncière, la pérennité de la forêt, autrement dit la fonction verte devra être maintenue. Pourquoi donc, des titres de propriété ont été délivrés pour faire raser totalement des filaos au profit d’édification de maisons (voir lotissement Bada Thiam derrière la cité des Enseignants, derrière la cité COMICO de Wakhinane Nimzatt).
Tout cela Monsieur le Ministre au vue et au su de vos services forestiers dont nous nous nous demandons, s’ils ne risquent pas de disparaître à ce rythme de destruction soutenu de nos espaces naturels ?
Monsieur le Ministre le communiqué du Conseil des Ministres du 30 Novembre 2016 faisait ressortir les propos du Chef de l’Etat ci-après : « (…) Rappelant par ailleurs ses directives relatives à l’urgence de déployer des mesures concertées pour un aménagement préventif optimal du littoral national, le Chef de l’Etat demande au Gouvernement d’examiner les modalités d’aménagement et d’exploitation de la Grande Côte (de Dakar à Saint- Louis), en vue de valoriser davantage les zones côtières concernées. Il a en outre exigé du gouvernement l’élaboration d’un plan rigoureux et cohérent de protection du littoral national en général et de la Grande côte, en particulier. A ce sujet, le Président de la République demande également au Premier Ministre de lui faire un rapport circonstancié sur la situation foncière et immobilière le long de la bande des « Filaos », qui fait l’objet d’une grande convoitise, suite à la réalisation de la nouvelle voie de dégagement nord (VDN) ».
Permettez-nous, Monsieur le Ministre de vous rappeler ces instructions de Monsieur le Président de la République et de vous demander où en est le gouvernement car sur le site, les convoitises sont grandes et il semblerait que des surfaces importantes auraient été déjà attribuées selon des informations diffusées dans la presse.
Monsieur le Ministre, au regard du travail remarquable et de la rigueur dont vous avez fait montre au niveau de votre spécialité médicale, nous osons espérer que vous porterez haut le flambeau de l’ENVIRONNEMENT et du DEVELOPPEMENT DURABLE en sauvant ce qui reste du littoral Nord comme l’a instruit le Président de la République à travers ce communiqué du Conseil des Ministres.
Ne devrons-nous pas léguer aux générations futures une région-capitale et un pays vivables ?
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération distinguée.
Mamadou DIENG
Tél. 774319866
mdieng14@yahoo.fr