Des missiles ont frappé un aéroport militaire syrien ce lundi 9 avril matin faisant plusieurs morts, a rapporté l’agence officielle syrienne Sana. Ces frappes sur l’aéroport de Tayfur, près de Homs, interviennent alors que les présidents américain et français ont annoncé vouloir apporter une « réponse forte et commune » à une « attaque chimique » qui a fait des dizaines de morts dans la Ghouta orientale le samedi 7 avril. Cependant, Américains et Français nient avoir procédé à l’attaque. La Russie accuse Israël.
Hasard du calendrier, c’est ce jour qu’entre en scène le nouveau conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, le faucon John Bolton, qui plaide depuis longtemps pour un bombardement en Syrie. Si les Américains souhaiteraient encore confirmer la véracité de l’attaque à l’arme chimique, le président a cependant prévenu dès hier qu’il y aurait « un prix fort à payer », traitant Bachar el Assad d’« animal ».
En tout cas, Trump – qui n’a de cesse de dénoncer les reculades de Barack Obama, comme en 2013 dans de circonstances similaires – a déjà prouvé qu’il était capable d’ordonner des frappes massives il y a tout juste un an.
Une réponse forte de Washington et Paris ?
Il semble toutefois qu’il souhaiterait agir en coordination avec ses alliés occidentaux, puisqu’il s’est déjà entretenu au téléphone avec Emmanuel Macron.
Le président français avait lui aussi fixé l’utilisation d’armes chimiques comme une ligne rouge, dont le franchissement pourrait déclencher une riposte française contre des objectifs militaires syriens. Le communiqué de la Maison Blanche indique ainsi que Washington et Paris ont échangé des informations sur la nature de l’attaque samedi et préparent, ensemble, une réponse forte.
Des vidéos montrent le ciel libanais traversé par un missile
Lundi 9 avril, très tôt, les médias syriens avaient fait état de tirs de missiles de croisière visant l’aéroport militaire syrien de Tayfur situé près de Homs. Parallèlement, des internautes libanais ont diffusé des vidéos du ciel libanais traversé par un missile, celui-ci venant donc de la Méditerranée et se dirigeant vers l’Est.
Une information confirmée par notre correspondant régional, Paul Khalifeh, qui souligne que les missiles ont traversé le ciel du Liban, et que cinq explosions ont été entendues au-dessus de la plaine orientale de la Bekaa. Plusieurs médias et journalistes proches de Damas ont, eux, fait état d’une attaque aux missiles de croisière contre l’aéroport T-4, situé entre les villes de Palmyre et de Homs, dans le centre de la Syrie.
Une source syrienne citée par plusieurs médias a indiqué que le système antimissile syrien a riposté aux attaques qui ont fait plusieurs morts et blessés, sans fournir un bilan plus détaillé. Selon l’OSDH, 14 combattants, dont des Iraniens, ont été tués dans la frappe.
« Je ne vois pas en quoi utiliser l’arme chimique est contre les intérêts de Bachar »
L’indignation internationale s’est fait sentir après ce qui ressemble à une nouvelle attaque chimique à Douma. Bachar el-Assad, a déjà reconquis 95% des territoires rebelles de la Ghouta orientale. Quel intérêt a-t-il à utiliser de nouveau les armes chimiques ? « Je ne vois pas en quoi utiliser l’arme chimique est contre les intérêts de Bachar », explique Olivier Lepick, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et spécialiste des armes chimiques et biologiques. « Les intérêts de Bachar el-Assad, c’est de terroriser la population, c’est d’annihiler physiquement la rébellion. Donc, même quand il utilise des armes physiques, il ne passe rien, il n’y a pas de réplique militaire de la part de l’Occident. Donc, quand on dit qu’il n’est pas dans les intérêts de Bachar d’utiliser une arme chimique, moi je ne comprends pas très bien pourquoi on dit cela », poursuit-il.
« C’est un argument qui ne tient pas la route, continue Olivier Lepick. S’il n’était pas dans les intérêts de Bachar el-Assad d’utiliser l’arme chimique, il n’utiliserait pas d’arme chimique, et pourtant il l’a fait à de nombreuses reprises, de manière totalement avérée, condamné par des enquêtes des Nations unies et l’Organisation de l’interdiction des armes chimiques. Donc l’argument qui consiste à chaque fois à dire : mais pourquoi, quel est l’intérêt ? L’intérêt, c’est de mener cette guerre de terreur contre la population et de faire comprendre aux rebelles qu’il n’y aura pas pour eux d’autre sort qu’une mort terrible. Et c’est exactement un message répété depuis des années part le régime à l’égard de la rébellion ».
Rfi.fr