Dans le cadre de sa rubrique intitulée «Dans l’univers du Ramadan de… », Actusen.com a rendu visite aux salafistes de Castors. Ces derniers se retrouvent dans une petite mosquée près du marché pour s’adonner aux prières ainsi qu’à la lecture du coran. Durant le mois béni, ils en font davantage pour, disent-ils, mettre tous les atouts de leur côté le jour du jugement dernier. A première vue, on croirait être en face de Hibadu. Mais, que nenni ! Même si les membres de cette communauté s’habillent de façon similaire, ils nous indiquent que le salafisme est une doctrine qui tire ses enseignements des compagnons du prophète.
Il est 16 heures 30 minutes. L’appel du muezzin retentit dans la petite mosquée Salafiya qui se trouve à Castors à quelques mètres du marché. Les fidèles musulmans de toute obédience confondue se bousculent dans la salle d’ablution. C’est une petite espace aménagée à l’extrémité sud du lieu de culte. La plupart des robinets sont à l’arrêt. Mais, une grande barrique remplie d’eau permet de corriger cet impair. Au moment où certains décident de faire leur ablution à l’intérieur, d’autres, « Satala » à la main, prennent le soin de sortir dans la rue. Sept minutes plus tard, tout ce beau monde se dirige à l’intérieur du lieu de culte pour effectuer la prière de l’après-midi. De droites lignes blanches apparaissent par-dessus le tapis. Elles indiquent à chaque rangée de personnes là où il faut mettre exactement les pieds. Un volontaire reconnaissable par sa barbe, son bonnet et son pantalon un peu court s’assure que les rangs sont bien serrés. Le vieil homme retourne à sa place après s’être acquitté de sa tâche. L’imam attend scrupuleusement que tout soit en ordre pour commencer la prière. Une petite remarque, après chaque deux prosternations, d’aucuns, apparemment des habitués de la mosquée, prennent un temps d’arrêt avant de se relever. Ce qui fausse par moment l’harmonie durant la prière. Certains fidèles, sans doute des passants que la prière a trouvés en ces lieux, se lèvent eux subitement.
Le maitre des lieux
Après le salut final, Abdallah Diop, l’imam du jour, se retire de la petite espace qui lui est réservée. Un exemplaire du coran à la main, il se met à lire à voix basse avant de refermer le livre sacré. Il assure l’intérim lorsque le premier imam n’est pas là. Etant directeur d’une école coranique, il arrive à celui-ci de ne pas pouvoir assister certaines heures de prières. « Je suis là durant toute la journée. Cela ne veut pas dire qu’il en a toujours été ainsi. Ce n’est qu’au cours de mon adolescence que j’ai décidé de m’investir un peu plus dans la religion. En ce moment-là, j’étais élève en classe de première au lycée Maurice de la Fosse. L’année suivante, je devais passer en classe supérieure. Mais mon désir d’apprendre le coran a pris le dessus. Ce qui fait que je n’ai pas terminé mes études », nous explique-t-il. Notre imam par intérim avec sa barbe dominée par les cheveux blancs, porte en ce jour une djellaba marron avec un bonnet blanc sur la tête.
Aux origines du salafisme
Deux mois avant le début effectif du ramadan, des causeries sont organisées dans la petite mosquée. C’est l’occasion pour les imams de préparer les fidèles aux exigences du mois béni de ramadan. Depuis le début du jeûne, il est donné la possibilité à tous ceux qui le désirent de pouvoir couper le jeûne au niveau de la mosquée. Des jeunes salafistes s’occupent de cela. Après, ils procèdent au nettoiement des lieux. On les reconnait facilement de par leur comportement. Chacun prend le soin de laisser pousser sa barbe. Il y en a un qui porte un pantalon de type occidental. Mais, la plupart portent des habits traditionnels.
Les autres activités dans la petite mosquée ont trait à la lecture du coran. Les psalmodies s’intensifient au cours des dix jours du mois de ramadan. Il y a par ailleurs les prières surérogatoires qui peuvent durer jusqu’à quatre heures du matin. Seulement, attention aux amalgames. Comme nous l’explique Abdallah Diop, « Les Sénégalais ne savent pas faire la différence entre les hibadou et les salafistes. Nous sommes des salafistes. Nos références sont les compagnons du prophète. Leur vie, leur manière de prier, nous les appliquons à la lettre. Ce qui est conforme aux recommandations divines. Dieu nous demande de calquer nos œuvres sur les compagnons du prophète », se démarque-t-il.
Hommes et femmes dans la même salle
La petite mosquée que dirige Abdallah Diop est de taille moyenne. Mais, elle peut contenir plusieurs centaines de personnes. Des fils en nylon séparent l’espace réservé aux femmes à celui des hommes. Ce jeudi, les représentantes de la gent-féminine dans le lieu de culte n’étaient pas nombreuses. Nous en avons juste dénombré trois. Elles portaient toutes des djellabas pour femme. Juste à côté de l’imam, à sa gauche très exactement, des amplificateurs sont disposés à même le tapis vert. De l’autre côté, à peu près un mètre du sol, trois petites étagères qui contiennent des livres sont accrochés sur le mur. Ici, tout le monde ou presque a une barbe. Les djellabas, les bonnets et les pantalons courts sont aussi à la mode. Un individu attire notre attention. A notre arrivée sur les lieux, vers 15 heures, il était assis à l’extérieur de la petite mosquée. Le personnage qui s’est couvert la tête avec un turban porte un grand manteau de diverses couleurs qui lui arrive jusqu’au genou avec un pantalon bleu marine. Il tenait aussi un sac à la main. Tout indique qu’il est un étranger. Malgré nos saluts multiples, il ne répond pas. Etant plongé dans la lecture du coran. Peut-être même qu’il ne comprend pas Wolof.
Le musulman doit davantage faire le bien durant le mois de ramadan. Cela doit se traduire à travers la lecture du coran, la visite aux parents proches, le fait de donner de l’aumône etc. Un bienfait durant le mois de ramadan va peser plus sur la balance lors du jugement dernier. Et personne ne peut jurer qu’il sera là l’année prochaine. C’est pourquoi, il faut en profiter au maximum. C’est en substance le conseil qu’Abdallah Diop donne à tous ses frères musulmans.
Omar Ndiaye (Actusen.com)