Qu’une fille porte son choix sur un étudiant ou qu’elle jette son dévolu sur un bon lutteur, il y a une belle omission des étudiantes. Et comme à côté de chaque étudiant, se tient une étudiante prête à en découdre avec un adversaire commun. Que cet adversaire soit un élément des forces de l’ordre sachant tirer à bout portant ou simplement un bonhomme ayant pour nom Birima NDIAYE, la seule lecture, qui vaille, va au-delà de ce que les mots renvoient.
Depuis quelques années, la production d’hommes a bien tourné dans la manufacture nationale. Elle a donné naissance à des individus forts curieux. Des orgues dans la pensée et des têtes remplies de cotons. Et si on continue de penser qu’épiloguer sur le niveau de langue des étudiants est un bien riche débat, c’est qu’on se plait encore à lire en marge de la page, qui nous est soumise. Une morose vitrine de ce que nous avons à l’intérieur des magasins. Des personnes qu’il faut aller cacher dans un asile de fou et des discours, dont il faut avoir honte, pullulent et parasitent l’échantillon de l’homo senegalensis.
Que peut-on attendre d’un Sénégalais ? Rien qui soit différent de la graine qu’on a semée sur le territoire. Du bon et du moins bon. Alors, venons-en à la question de savoir lequel on préfère. Avec l’inversion de l’échelle des valeurs, on ne s’étonne guère que les projecteurs soient braqués non pas sur le bon, ni sur le moins bons, mais sur le pire. Les seuls, qui perçoivent les choses par le bon bout paraissent bizarres. Les pieds en l’air, ils marchent sur les mains, pour bien saisir la bonne disposition des choses. Ils se promènent, souvent, dans l’ombre des élans ostentatoires de ceux, dont ni les actes ni les pensées n’inspirent modèle. Malheureusement, ceux-là ont à portée les médias, pour y distiller toutes sortes d’inepties propres à faire sensation. Une autre conséquence de la crise de la presse. Cette presse, une des cibles prioritaires du «ndeup collectif» en vue.
Ainsi, mes lignes rappellent, cette fois, l’impérieuse nécessité de relativiser. Au lieu de faire dans le nihilisme, peut-être qu’on devrait farfouiller du regard, pour détecter les motifs de fierté. Qu’on critique le niveau de langue ou le niveau tout court des étudiants, sur la base des prestations de personnes qui ne sont pas revêtues de ce statut laisse à plaire. Loin de faire l’autruche ou nier l’évidence, mais juste brandir une mise en garde. Halte à la généralisation ! Quand on passe dix bonnes années à finir un master, il est difficile de faire croire en une légitimité pouvant conduire à la table de la négociation du Palais de la République. Alors, n’en soyons plus exigeants.
Rassurez-moi… Je ne suis pas bizarre, au moins. Il n’est pas aussi facile d’atteindre ce haut niveau, qui donne le droit de parler, au nom d’une communauté aussi grande que celle des étudiants. Ceux qui y arrivent doivent être forts de la confiance de leurs pairs. Et dans la sincérité et la sérénité devant gouverner un dialogue social fécond, deux éléments doivent répondre présents : la qualité à agir et l’intérêt à agir. Cet intérêt, on l’a, quand on est étudiant. Cette qualité fait défaut à la personne, qui ne l’est pas ou qui cesse de l’être. Attendre de ces derniers qu’ils cumulent des mots pouvant donner un sens est d’une grosse naïveté. A moins que l’on veuille tirer sur un ensemble, pour le simple plaisir de les atteindre au flanc, il n’est pas fastidieux de trouver de la qualité. Sinon, d’où nous viennent tous ces jeunes disséminés dans divers corps de métiers rehaussant parfois l’image de la Nation à l’échelle internationale. D’où, nous viennent tous ces jeunes entrepreneurs symboles des croissances futures.
Et chaque ensemble, comptant des bons et des moins bons, le culte de la médiocrité remarquable, depuis les sommets, se répercute dans le milieu universitaire. Ceux qui savent, se taisent et ceux qui parlent, ne savent pas. A qui la faute ? Au silence, bien sûr…le silence de ceux qui savent et qui manquent de courage. Mais sans la vive complicité de ceux qui coiffent le tout.
S’il convient de sauver l’Université sénégalaise, il est bien que l’Etat en reprenne le contrôle, pour organiser le nivellement vers le haut. Et cela passe par une redéfinition du profil du Délégué d’étudiant, afin de rehausser le niveau des débats. Ce serait un pas, qui doit aller à l’encontre d’un autre qui est la marche courageuse de ceux qui prétendent pouvoir et qui se cachent derrière les critiques stériles.
Et pour tous ces tirailleurs aux langues bien pendues, qui aiment prendre desserts sur les étudiants, qu’ils n’oublient que l’étudiant, ne constituant guère une catégorie socioprofessionnelle, est une cible abstraite. Une communauté bien éternelle dans le temps et très éphémère par ses composantes. Il était élève hier ; aujourd’hui, il devient étudiant et ; demain, le Recteur ou le ministre. Il vaut mieux que tous le sachent ; ceux qui tirent à boulets rouges et ceux qui entendent s’en réclamer à vie.
Cette intemporalité fait de ce Temple le bien de tous ; donc, plus qu’une propriété individuelle. Elle n’appartient plus aux enseignants et autres administratifs supports. Elle est un bijou de la Cité ; un laboratoire d’humanisme et un creuset d’espérance pour le savoir qui y est entretenu et pour la connaissance, qui y est transmise. C’est pour cette raison, que la reprise du bien commun par la Collectivité demeure une urgence. S’il faut en faire un laissé pour compte, autant cesser l’injection des milliards du contribuable sénégalais.
Il faut que l’adolescente retrouve une fierté à souffrir d’amour pour l’étudiant, même si cela ne signifie pas mal servir le lutteur. De toute façon, à chaque marmite, correspond un couvercle.
Une condition préalable se pose : bouter tous les indignes de l’Université. Traquer ceux qui ont brûlé toutes les cartouches et les extirper de la vie universitaire. Démanteler tous les réseaux d’influences composés d’anciens Délégués aux desseins politiques, dont la seule vocation reste le marchandage des crises universitaires contre une instabilité servant des personnes tapies dans l’ombre. Et quoi que cela coûte, le cœur de l’Université doit battre dans les Amphithéâtres. Alors, il est temps que la CESL montre sa grandeur, qu’on lui connait, pour qu’une issue soit trouvée à cette crise. Et si elle est capable de se montrer à la hauteur de ce qu’on lui connait, c’est qu’elle sait trier dans le tas ce qui ressort de l’intérêt de l’étudiant et le distinguer de ce qui lui est étranger.
Seule voie de salut et qui pourrait replacer l’étudiant dans les cœurs de nos jeunes demoiselles.