Le football africain est en berne. Ce continent n’aura aucun représentant en huitièmes de finale de la Coupe du Monde et c’est un fait inédit depuis que cette compétition lui offre cinq accessits, c’est-à-dire depuis l’édition 1998 en France. Un fiasco total que personne n’a vu venir, mais qui finalement n’est pas si surprenant au vu du niveau affiché par les différentes équipes.
Il faut remonter à la Coupe du Monde 1982 pour retrouver un tournoi planétaire où les Africains ont tous baissé pavillon dès le cap des poules. Mais, à l’époque, ce n’était pas si étonnant puisque seules deux équipes de ce continent étaient conviées à la grand-messe internationale (Algérie et Cameroun). L’affront n’était donc pas aussi conséquent qu’à l’issue de ce Mondial 2018.
Le Sénégal victime des cartons, mais aussi de ses propres manquements
Avant cette dernière journée de la phase des poules, il restait pourtant un espoir et il était symbolisé par le Sénégal. Avec quatre points pris en deux matches, la sélection d’Aliou Cissé semblait même bien partie pour sauver l’honneur de tout un continent. Dans le jeu aussi, et en dépit de quelques erreurs défensives flagrantes, elle n’était pas si ridicule et on la voyait conquérir l’une des deux premières places du Groupe H. Un seul point suffisait à son bonheur face à la Colombie. Finalement c’était trop lui demander.
Dans un match où ils se sont montrés trop peu offensifs et où ils ont donné l’impression de faire des calculs et miser sur un scénario favorable, les Sénégalais ont failli. Au final, leur sortie est quelque peu cruelle puisqu’elle s’est jouée sur le nombre de cartons jaunes – ce qui est une première dans l’histoire de la compétition-, mais il n’empêche ; on ne récolte que ce qu’on sème, à fortiori dans un mini-championnat à quatre équipes. Plus que les cartons, c’est le manque de régularité et une certaine suffisance, née d’un premier match réussie contre la Pologne, qui ont eu raison des Lions de la Téranga.
La Tunisie et l’Egypte n’avaient pas le niveau
Le Sénégal s’est loupé, mais pas dans les proportions aussi importantes que certains autres représentants du continent. L’Egypte et la Tunisie, avant son dernier match de poule contre le Panama, n’ont enregistré aucun point sur quinze possibles. C’est à se demander s’ils avaient le niveau pour disputer une compétition aussi relevée. D’aucuns souligneront que leur parcours qualificatif avait été parfaitement négocié et que leurs places dans le Top 32 étaient méritées. Toutefois, leur rendement interpelle quand même. À fortiori lorsqu’on sait que la dernière victoire d’une de ces nations en phase finale de Mondial remonte à 1978, alors qu’il y a eu 19 parties disputées depuis cette date-là (6 pour l’Egypte,13 pour la Tunisie).
Pour le Maroc, il convient d’avoir une autre lecture du bilan au vu du contenu que cette sélection a proposé, mais aussi et surtout des décisions d’arbitrage défavorables qu’elle a subies. Des 32 équipes qui ont participé à ce tournoi, la bande à Hervé Renard est peut-être celle qui a subi le plus d’injustices, en raison notamment du système de VAR. Cela ne masque pas toutes ces insuffisances comme l’absence d’un attaquant de qualité, mais cela explique d’une certaine manière la sortie prématurée que les Lions de l’Atlas ont vécue. Et puis, il y a aussi lieu de parler de malchance lorsqu’on encaisse deux de ses quatre buts dans les arrêts de jeu.
Enfin, il y a aussi le Nigeria. Les Super Eagles ont vendu chèrement leur peau dans un groupe qui était particulièrement relevé. Néanmoins, le but qu’ils encaissent de Marcos Rojo et qui scelle leur sort lors des dernières minutes de la rencontre face à l’Argentine découle aussi d’une certaine naïveté. Même si ce n’est pas ce qui fait la beauté du football, plus de vice et d’agressivité lors de cette fin de match leur aura assurément été salutaire.
Des leçons à retenir pour le futur
Au final, le bilan des Africains lors de cette Coupe du Monde est décevant, voire catastrophique. Par le passé, il y a déjà eu des éditions où la plupart des équipes du continent noir sont passées à côté de leur sujet, mais il y avait alors au moins un représentant qui limitait la casse et sauvait les apparences (Nigeria 1998, Sénégal 2002 ou le Ghana 2010). Cette fois, on n’aura donc pas droit à cette maigre consolation. Pour les Africains, il s’agit aujourd’hui et plus que jamais de se remettre en question afin de ne plus connaitre une pareille humiliation dans le futur. La seule chose qui peut les réconforter c’est que la distribution des places pour le premier Mondial à 48 équipes (2026) a déjà été faite et les neuf places dont ils ont hérité leurs sont assurées malgré cette faillite générale.
Goal.com