L’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba avait invité ce mardi après-midi à Bruxelles plusieurs médias au lendemain de l’annonce de son retour à Kinshasa pour le 1er août. Notre journaliste Sonia Rolley était à cette conférence de presse. A part un mot de remerciement à ses militants pour le congrès de son parti le 8 juin dernier et son acquittement, le président du MLC ne s’était pas exprimé publiquement depuis dix ans. Jean-Pierre Bemba est l’invité de RFI ce mercredi 25 juillet.
Jean-Pierre Bemba s’est excusé pour ce long silence. Il a expliqué qu’il avait besoin de temps avec sa famille, de temps pour réfléchir à ce qu’il voulait faire, et aussi pour consulter. Mais il le dit ouvertement aujourd’hui : il veut être candidat à la présidentielle. Le chairman du MLC agite un énorme dossier à couverture bleue. « C’est mon programme, il fait plus de 200 pages, je l’ai écrit à La Haye », explique l’opposant congolais. Preuve que, même pendant ses dix années de prison, Jean-Pierre Bemba pensait revenir en politique.
« Cette décision était mûrement réfléchie. Les circonstances de ma libération ont permis avec mon parti de pouvoir relancer l’idée. Et surtout, cette flamme je l’ai toujours, je l’ai depuis 1998. » Il cite aussi l’année 2006, l’année de la présidentielle qui a permis à Joseph Kabila d’être un président élu. Une élection dont il avait contesté les résultats. La bataille politique entre les deux hommes avaient dégénéré en conflit armé à Kinshasa.
Ceux qui se souviennent d’un Jean-Pierre Bemba au tempérament bien trempé, parfois brutal ou même autoritaire auraient été sans doute surpris de voir le chairman du MLC immédiatement préciser qu’il ne faisait pas une fixation sur cette candidature. Il se dit même prêt à s’effacer si nécessaire pour obtenir l’unité de l’opposition : « Si nous voulons le changement dans ce pays, nous devons passer par une unité, un seul candidat au niveau de l’opposition. Je milite pour qu’il n’y ait qu’un seul candidat au niveau de l’opposition. Bien sûr, si ce n’était pas moi, je soutiendrais le candidat qui sera désigné par l’opposition, ça c’est clair. »
Depuis sa libération, les moindres faits et gestes de Jean-Pierre Bemba et des cadres de son parti sont scrutés. Certains notent que l’opposant a obtenu son passeport diplomatique sans difficulté quand son collègue Moïse Katumbi peine à avoir ses papiers.
D’autres encore soulignent la présence d’un représentant du parti au pouvoir au congrès du MLC. Intéressé sur l’existence d’un potentiel accord avec Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba dément : « D’abord, il n’y a pas de deal entre Joseph Kabila et moi-même. Vraiment je suis formel, je ne sais pas d’où viennent ces rumeurs, on appelle ça aujourd’hui des fakes news. Joseph Kabila est en fin de mandat, il a fait ses deux mandats, je ne vois pas quel genre de deal il pourrait y avoir. »
Jean-Pierre Bemba dément également toute volonté de reprendre les armes. L’ancien chef de guerre rappelle que son mouvement est un parti politique depuis 2003. De même, il affirme qu’il est hors de question de demander un report du scrutin. Même s’il s’est déclaré tard, il se dit prêt à faire campagne ; même si, comme c’est le cas pour ses collègues de l’opposition, le processus électoral l’inquiète. Tout le monde a intérêt à avoir un processus électoral apaisé n’a cessé de répéter le chairman du MLC.
Rfi.fr