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Brésil : plaidoirie de la dernière chance pour Dilma Rousseff devant le Sénat

Dernière audience du procès en destitution de Dilma Rousseff lundi 29 août. La présidente brésilienne suspendue de ses fonctions doit se défendre devant le Sénat brésilien au cours d’une procédure susceptible de mettre fin à son second mandat et à treize ans de gouvernements de gauche.

Accusée d’avoir engagé des dépenses sans l’approbation du Congrès et d’avoir maquillé les comptes publics pour dissimuler l’ampleur du déficit budgétaire lors de la campagne présidentielle de 2014, Dilma Rousseff a démenti tout abus. Elle dénonce le processus de destitution lancé à son encontre en décembre comme une conspiration contre le Parti des travailleurs (PT) et ses politiques en faveur des Brésiliens les plus modestes. « Elle va demander aux sénateurs indécis de respecter la démocratie et de mettre fin au coup qui est en cours », a déclaré à Reuters un porte-parole de la présidente. « Elle a bon moral », a-t-il ajouté.

Dans un discours d’une demi-heure, Rousseff va évoquer, selon son porte-parole, son combat personnel pour la démocratie et notamment, bien avant son élection à la présidence, son arrestation par la dictature militaire en 1970 et les tortures subies alors qu’elle était membre d’un mouvement de résistance.

Vingt de ses anciens ministres, ainsi que son mentor et fondateur du Parti des travailleurs, l’ex-président Luiz Ignacio Lula da Silva, que Dilma Rousseff a reçu, seront présents au Sénat pour la soutenir. Ses chances d’échapper à une destitution étant minces, Dilma Rousseff pourrait chercher à dénoncer ce qu’elle conçoit comme un putsch aux apparences légales, plutôt que de se défendre des accusations qui pèsent à son encontre.

Mais depuis sa réélection en 2014, Dilma Rousseff a vu fondre sa popularité auprès des Brésiliens, en lien avec le scandale de corruption de l’entreprise d’Etat Petrobas, et sur fond de récession économique.

Cinquante-quatre votes pour Michel Temer

Le vote final devrait avoir lieu dans la nuit de mardi à mercredi. Si la destitution est votée, le vice-président, Michel Temer, âgé de 75 ans, qui assure l’intérim à la tête de l’État depuis mi-mai en attendant le procès, sera confirmé à la présidence pour le reste du mandat de Rousseff, jusqu’en 2018. Issu du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), de centre-droit, il promet de mettre en œuvre des mesures d’austérité impopulaires pour limiter le déficit brésilien.

Michel Temer est convaincu d’obtenir le vote de deux tiers des sénateurs, nécessaire pour révoquer Rousseff. Il a prévu de s’adresser aux Brésiliens mercredi, avant de s’envoler pour le sommet du Groupe des Vingt en Chine.

« Il nous faut 54 votes, et nous nous attendons à en obtenir au moins 60 », a ajouté son porte-parole, Marcio de Freitas. Un grand nombre de votes contre Dilma Rousseff sera interprété par Michel Temer comme un signal d’encouragement pour mettre en œuvre son programme d’austérité, a-t-il poursuivi.

Selon un sondage publié dimanche par le quotidien El Globo, 53 sénateurs voteront contre Dilma Rousseff et 18 la soutiendront, bien en-dessous des 28 nécessaires pour lui éviter d’être révoquée. Dix sénateurs n’ont pas fait part de leur position, ou n’ont pas été interrogés dans cette étude.

Mesures d’austérité

Même parmi certains sénateurs peu convaincus du motif invoqué pour sa destitution, certains comptent voter contre Dilma Rousseff, jugeant que son retour ne ferait que prolonger la crise politique qui frappe le Brésil. « Je vais voter contre elle, même si je pense que c’est une tragédie de destituer un président élu, mais deux ans et demi supplémentaires de gouvernement Rousseff seraient pires », a analysé le sénateur centriste Cristovam Buarque, joint par téléphone.

Rousseff a perdu ses soutiens au Parlement et à la Chambre des députés, juge le sénateur, estimant qu’elle n’est plus en mesure de diriger le pays.

Helio Jose, sénateur du PMDB et ex porte-parole du gouvernement de Rousseff au Sénat, n’a pas révélé pour qui il voterait. Contacté par téléphone, il estime cependant que Temer fait un travail honnête pour restaurer la stabilité. « Je ne pense pas que le retour de Dilma Rousseff soit une bonne chose pour le pays. Temer a construit des soutiens au Congrès pour faire passer les mesures d’austérité dont nous avons besoin pour reprendre confiance et attirer les investissements au Brésil », juge-t-il.

Actusen.com avec france24.com

1 comment

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