Il y a 30 ans, le 5 octobre 1988, de violentes émeutes éclataient en Algérie et allaient entraîner l’effondrement du système du parti unique qui, avec l’armée, encadrait de manière autoritaire la société. Réprimées dans le sang, elles ouvriront la voie à des avancées démocratiques sans précédent, mais aussi à l’arrivée des islamistes.
Pour beaucoup d’Algériens, les événements d’octobre 1988 constituent le premier printemps arabe. Cette violente contestation a marqué un tournant dans la vie politique et sociale du pays. Elle a conduit à l’adoption d’une nouvelle Constitution, à la naissance du multipartisme et à l’avènement d’une presse indépendante.
Mais si cette révolte populaire a conduit à l’effondrement du parti unique, elle a aussi, paradoxalement, permis aux islamistes de faire leur entrée dans le paysage politique algérien. Le rêve se transforme très vite en désastre. L’arrivé des islamistes au pouvoir plonge le pays dans une décennie noire. Dans les années 1990, l’engrenage de la violence a fait 200 000 victimes en Algérie. Le parti unique est remplacé par une dictature islamique qui prendra fin dix ans plus tard, peu après l’élection du président Bouteflika en 1999.
Aujourd’hui, le sentiment qui domine à Alger est celui d’un rêve contrarié. Pour le quotidien algérien Liberté, « les acquis d’octobre 88 ont survécu à la déferlante de la violence terroriste », mais ils ont ensuite été graduellement remis en cause, voire enterrés. Et ce notamment depuis l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, peut-on lire dans le journal.
Le quotidien El Watan n’est pas moins critique : « Trente ans après (…), l’autoritarisme est toujours de rigueur, dans un contexte de crise généralisée ».
Rfi.fr