Présidentielle américaine : le trou d’air de la campagne d’Hillary Clinton

L‘inquiétude commence à poindre dans le camp démocrate, à 67 jours du vote pour la présidentielle américaine. Selon un sondage Washington Post-ABC News publié le 31 août, Hillary Clinton bat son record d’impopularité, avec 59 % d’opinions défavorables chez les électeurs inscrits (Trump est à 60 %).

Si elle est toujours la grande favorite de l’élection, la question de la gestion de ses emails quand elle était secrétaire d’État et ses liens avec la Fondation Clinton, régulièrement accusée de corruption par Donald Trump, lui causent du tort.

Pendant ce temps, Donald Trump multiplie les déclarations, suscitant la curiosité médiatique. Sa dernière sortie a été très largement couverte par les médias. L’homme d’affaires, connu pour sa volonté de construire un mur à la frontière mexicaine, a créé la surprise en annonçant subitement mardi son voyage éclair au Mexique, à la suite d’une invitation, lancée vendredi par le président Enrique Pena Nieto.

Hillary Clinton, qui était également conviée, n’a pas cru bon de répondre par la positive, laissant la voie libre à son rival. « Il ne faut pas s’y méprendre, la relative discrétion d’Hillary Clinton est un choix stratégique », explique Vincent Michelot, professeur d’Histoire politique des États-Unis à Sciences Po Lyon. Ce spécialiste décrypte pour France 24 la stratégie de la candidate démocrate face à un Donald Trump omniprésent sur la scène médiatique.

France 24 : Hillary Clinton a-t-elle fait une erreur en n’allant pas au Mexique et en laissant la vedette à Donald Trump ?

Vincent Michelot : Mercredi au Mexique, Donald Trump a voulu jouer sur une image : celle deux hommes d’État, lui et le président mexicain posant côte à côte sans faux pas ni impair. En tant qu’ex-secrétaire d’État, Hillary Clinton n’a pas besoin de se rendre à Mexico pour montrer qu’elle a une bonne connaissance de la politique étrangère. L’expérience parle pour elle. Et contrairement à Donald Trump, elle n’est pas en position difficile par rapport aux électeurs hispaniques.

À quoi joue Hillary Clinton ? Quelle est sa ligne de communication en ce moment ?

Contrairement à son rival républicain qui pense que « toute publicité est de la bonne publicité », Hillary Clinton joue la carte d’une campagne tranquille. Elle fait le pari de laisser Donald Trump déclencher ses polémiques avec des déclarations provocantes et incohérentes au point de s’auto-saborder.

Pour autant, elle ne se laisse pas faire. À la suite du déplacement du candidat républicain au Mexique, elle lui a répondu, en déclarant qu’œuvrer au rapprochement de deux pays, surtout quand il s’agit de réparer des semaines d’insultes aux hispaniques, méritait plus qu’une « simple session photo ».

Hillary Clinton tient absolument à ne pas se laisser dicter son programme et son emploi du temps par son rival. Elle préfère mener une campagne très classique, sans prise de risque, sans faire reposer toute sa campagne sur les meetings. Avec deux à quatre meetings par jour – moins que Trump – la candidate démocrate prend du temps pour rencontrer des Américains ordinaires, les leaders syndicaux et les personnalités politiques locales.

Alors pourquoi est-elle tant détestée d’après les sondages ? Perd-elle ses chances de devenir la prochaine présidente américaine ?

Pour le moment, elle reste en tête des sondages malgré une légère baisse, et ce ne sont que des frémissements. D’après le New York Times, elle est passée de 90% de chances d’être élue à 87%, face à elle Donald Trump qui grimpe de 10 à 14 %.

Dans certains États, comme l’Ohio ou la Floride, où elle disposait d’une avance confortable, Hillary Clinton a décidé de ne plus diffuser de publicité télévisée par souci d’utilisation raisonnable de ses ressources de campagne. Cela peut expliquer sa baisse de popularité. Et puis, depuis la convention démocrate fin juillet, les Américains commencent à envisager la victoire de l’ex-secrétaire d’État, ce qui exacerbe la haine à son égard, d’où cette hausse de l’opinion défavorable.

Actusen.com avec France24.com