A en juger par ses maigres résultats depuis sa création en 2014, la réponse coule de source. L’institution ne sert à rien, sinon à recaser une clientèle politique. Si le Haut conseil du dialogue social était créé sur la base d’un contrat d’objectifs, il serait dissout depuis longtemps pour absence de résultats. Mis en place pour assurer la stabilité du front social, le Hcds n’a pas réussi à apaiser les tensions qui réchauffent le monde du Travail. Deux ans après sa création, des grèves sont notées partout.
Dans le système scolaire, au niveau de la santé, dans le secteur des hydrocarbures, dans l’hôtellerie… tous ces secteurs ont enregistré des convulsions sociales douloureuses. Ironie du sort, la confrontation entre syndicats des enseignants et l’Etat a atteint son point le plus culminant l’année dernière, deux ans après le démarrage effectif des activités du Hdcs. Pour la première fois de l’histoire du pays, l’Etat allait radier plus de 5 000 fonctionnaires. Les conséquences sociales d’une telle mesure allaient être désastreuses si l’on sait que du salaire de chaque fonctionnaire dépendent au moins cinq personnes.
Une socialisation des revenus qui limite les effets de la pauvreté sur certaines couches sociales. Un pays comme le Burkina Faso a expérimenté l’arme de la radiation, mais les effets de cette mesure de rétorsion se sont fait sentir des décennies durant. Le cas des policiers radiés en 1987 est là pour servir d’exemple. En plus des conséquences sociales, le système scolaire a failli connaître une autre année blanche.
Dans cette crise scolaire, les enseignants ont été rudoyés, humiliés par les menaces de radiation, les ponctions de salaires et les réquisitions sans que le Hcds ne lève le plus petit doigt. Ces fonctionnaires ne doivent leur salut qu’à l’intervention des chefs religieux. Ces derniers ont poussé les enseignants à reprendre les cours et ainsi sauver l’année. Dans ce bras de fer, le Haut Conseil du dialogue social n’a pas prouvé les raisons de son existence. Au contraire, il a passé son temps à prononcer des discours aussi soporifiques que papivores qui n’ont aucune prise sur le réel.
La création du Haut conseil du dialogue social est aussi à l’origine des querelles de préséance et de luttes de positionnement entre la présidente du Hcds, Innocence Ntap Ndiaye et le ministre du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions, Mansour Sy. La volonté du ministre Mansour Sy de priver de parole Innocence N. Ndiaye lors de la réunion tenue le 15 avril entre le gouvernement et les syndicats est une manifestation concrète du malaise qui règne entre les deux personnalités.
Au ministre du Travail, on susurre que la présidente du Hdcs lorgne le fauteuil de son ministre de tutelle. D’autres ministres reprochent en privéeaussila dame de marcher sur leurs platebandes et de négocier à leur place. Une guerre larvée qui n’augure rien de bon. Avec la création du Hcds, l’autorité a péché par l’absence de définition d’un champ de compétencesclair de cette nouvelle entité administrative. A cause de cette malformation originelle, le Hcds est une sorte d’ovni dans l’architecture institutionnelle.
Pour toutes ces raisons, il est permis de dire que la création du Hcds répond au seul souci de recaser des transhumants, particulièrement sa présidente, Mme Ndiaye, transfuge du Pds. En procédant de la sorte, l’autorité a montré le peu de cas qu’elle fait des résultats attendusde l’institution. A l’image d’autres institutions créées à tour de bras, le Hcds est une structure de trop. Et si le ridicule tuait, le Hcds serait mort depuis longtemps.
Ibrahima Diop
Instituteur à Matam