Dans la foulée d’une interview avec la télévision Polonaise, SourceA a, aussi, tendu son micro à l’ancien Sélectionneur de l’équipe nationale du Sénégal, Abdoulaye Sarr. Au menu : le conseil à Aliou Cissé, l’analyse du Groupe H du Mondial 2018 composé de la Pologne, la Colombie et le Japon, le triomphe de la génération de 2002…
Entretien
La chance d’avoir Aliou Cissé
«Aliou Cissé a, déjà, un vécu. Car il faisait partie de l’équipe de 2002 au Mondial, en tant que capitaine. Une équipe qui a eu à jouer les quarts de finale. Donc, il a, déjà, une expérience, parce qu’être capitaine n’est pas donné à n’importe qui. Donc, il connait la réalité d’une Coupe du Monde, même si le Sénégal est à sa deuxième participation. C’est une chance d’avoir un capitaine qui a fait la campagne de 2002 et qu’il soit l’entraineur. Il sera même, au-delà de son statut d’entraineur, un Manager. C’est à lui d’indiquer la voie à suivre aux dirigeants pour bien gérer l’environnement.
Comment diriger… ?
«L’environnement, c’est tout un tas d’éléments qu’il faut rassembler. Dans le programme, il doit mettre le nombre de déplacements, qui feront que l’équipe ne sera pas très fatiguée et tout ça, je pense qu’il faut une grande qualité de football, mais aussi de grandes qualités managériales pour pouvoir diriger une sélection».
«Il n’est pas un entraineur au quotidien»
«Je pense que ça fait partie de son rôle, en tant que Sélectionneur. Le joueur doit se sentir, d’abord, intéressé par l’entraineur et aimé par l’entraineur, si bien que le Sélectionneur a des ressemblances périodiques ; il n’est pas un entraineur au quotidien qui gère un club. Il gère une Sélection ; donc, dans son rôle, il doit faire beaucoup de voyages. Certains avec des objectifs précis. Des voyages pour les joueurs, aller leur rendre visite, même s’il n’y a aucun rassemblement, aucun match en vue. Il a le droit, dans son rôle, d’aller visiter les joueurs, discuter avec eux, les rassurer. Donc, aujourd’hui, il l’a fait et il est dans ce rôle-là.
Faire le meilleur 11 et sélectionner 11 bons joueurs
«Il a même amené de nouveaux joueurs en Sélection, mais comme je l’ai toujours dit, il doit faire le meilleur 11 et sélectionner 11 bons joueurs. C’est différent. Il doit chercher les meilleurs 11, chercher les complicités entre les joueurs, qui pourront répondre à ses exigences. On l’a vu avec la France en 98, Aimé Jacquet n’avait pas sélectionné Canton, Ginola, c’est parce que, dans son projet, ces personnalités ne pourraient pas répondre à ses objectifs. Il en est de même pour Aliou Cissé. Son rôle est de trouver un bon groupe, capable de bien vivre ensemble et répondre à tous les objectifs et à toutes les sollicitations sur un terrain de football».
Pourquoi ne pas faire mieux qu’en 2002
«Je pense que si on est au Mondial, on le mérite et on va aller défendre nos chances ; pourquoi pas aller répéter le coup de 2002 et aller plus loin. Il faut des ambitions et on est ambitieux pour ça. Moi, je pense qu’il n’y a pas de petites Nations parmi les 32 équipes qualifiées au Mondial, Russie 2018. Il y aura toujours des surprises dans les grandes compétitions, mais comme on le dit, il y a des statuts, aussi. Le statut de l’Allemagne n’est pas celui du Sénégal. Ils sont détenteur et Champion du Monde. Le statut du Brésil n’est pas celui du Sénégal, non plus. Mais dans ce genre de compétition, les soit disant petits n’ont rien à perdre, il faut mettre la folie et jouer, et c’est qu’on a fait en 2002».
L’ambiance du Groupe en Corée
«Les jeunes, en les voyant, certains se posaient la question à savoir, est ce que c’est gens-là sont en Coupe du Monde, parce que même pour clôturer les entrainements, c’était sur les rythmes africains. Ça dansait, s’amusait et on se faisait plaisir. Si la France gagnait le Sénégal, on n’aurait pas pleuré, on n’avait rien à perdre. C’est eux qui avaient la pression. Donc, nous, nous avons ôté toute cette pression et nos jeunes se sont libérés».
Russie 2018, le Sénégal favori de son Groupe ?
«On va assumer ce statut, si certains pensent, ainsi. La pression ne sera pas sur le Sénégal, parce que nous n’avons pas le même environnement, la même éducation. Nous, tout ce que nous faisons, c’est dans la joie qu’on le fait. Comme on le dit, il faut être heureux pour gagner, n’attend pas de gagner pour être heureux, sinon tu ne gagneras jamais. Sois heureux, d’abord, aimes ce que tu fais, exprimes-toi, donnes le meilleur de ton potentiel. Nous, nous ne serons pas dans une situation attentiste. Nous jouerons cette Coupe du Monde libérés. Le statut de favori, nous allons l’assumer. Mais, je sais que la Pologne, le Japon, la Colombie auront leur mot à dire. »
L’analyse du groupe du Sénégal au Mondial 2018
«En Afrique, on est 54 pays. Et, c’est seulement 5 pays qui se qualifient en Coupe du Monde. Il faut le mériter, mais il faut beaucoup de travail pour arriver à cela. Les gens pensent que la Poule du Sénégal est facile. Et non. J’ai suivi le football polonais. Et, il y a un Polonais qui a entrainé le Sénégal (Ndlr : Kasperzack), c’est lui qui m’a remplacé ; donc, je pense que la Pologne a, déjà, des renseignements sur le style, sur la qualité de nos joueurs. Aussi, la Pologne s’est, une fois, classée 3éme au Mondial, Mexico 86, mais c’est l’histoire. Aujourd’hui, elle a de grands joueurs, à l’image de Lewandowski. C’est un des meilleurs attaquants du monde. Glik, qui joue à l’AS Monaco, fait partie, à son poste, des meilleurs et il n’y a pas d’autres qu’on peut citer. C’est pourquoi, nous devons beaucoup respecter la Pologne, même si elle n’a pas encore gagné un trophée de Coupe du Monde. Elle a, tout de même, la dimension d’une équipe, qui peut se qualifier, facilement, au deuxième tour. La Colombie n’est pas à sa première participation ; donc, plus à présenter. Aussi, les Colombiens sont partout dans les Championnats européens. Falcao et autres, c’est une grosse machine à respecter. Le Japon a fait d’énormes progrès. Moi, j’ai fait des formations au Brésil, alors, je voyais des jeunes Japonais dans les centres de formations, à Rio de Janeiro, dirigés par Zico. C’est dire qu’il s’est donné les moyens d’arriver à ce stade. Le Japon a, aussi, co-organisé la Coupe du Monde en 2002. Suffisant pour dire que le Sénégal joue une Poule assez difficile, à mon avis. Mais dans une Coupe du Monde, seules les équipes qui méritent, arrivent ».
Propos recueillis par Papa Djibril GAYE (Stagiaire)