Brett Kavanaugh, le candidat du président américain Donald Trump à la Cour suprême, est désormais accusé d’agressions sexuelles par trois femmes. La première d’entre elles, Christine Blasey Ford, a accepté de venir témoigner ce 27 septembre devant le Sénat lors d’une audience retransmise en direct à la télévision.
Le juge Brett Kavanaugh, candidat de Donald Trump à la Cour suprême, s’est vigoureusement défendu ce 27 septembre au Sénat, lors d’une audience publique historique, après le témoignage d’une universitaire l’accusant d’une agression sexuelle en 1982.
Visiblement très en colère, parfois submergé par l’émotion, le magistrat conservateur de 53 ans a estimé que son processus de confirmation était devenue « une honte nationale ». « Ma famille et ma réputation ont été détruites à jamais », a-t-il affirmé. Dénonçant un « coup monté » politique, il a clamé son innocence avec véhémence et assuré qu’il ne se laisserait pas intimider. « Personne ne me fera me retirer », a-t-il martelé.
Pour l’instant, seule Christine Blasey Ford, 51 ans, a témoigné devant le Sénat américain. Pour la première fois, ce 27 septembre, les Américains ont pu entendre la voix de cette universitaire. Une voix parfois un peu brisée lorsqu’elle a évoqué pendant une audition préliminaire de 47 minutes cette soirée de l’été 1982.
Dans son récit, Christine Blasey Ford évoque le juge conservateur Kavanaugh, en l’appelant simplement « Brett », son prénom, celui qu’elle employait à l’époque des faits. « J’ai crié, j’ai essayé d’appeler à l’aide, a-t-elle raconté. Brett a mis sa main devant sa bouche pour m’empêcher de crier. Et ce qui m’a le plus terrifiée et m’a hantée pour le reste de ma vie, je croyais que j’allais mourir accidentellement ».
A l’issue de ce pénible récit, Christine Blasey Ford a ajouté : « A part l’agression elle-même, les semaines passées ont été les plus dures de ma vie. J’ai été accusée d’agir pour des raisons politiques. Ceux qui disent cela ne me connaissent pas. Ma responsabilité est de dire la vérité ».
Nouvelles révélations
Puis a commencé le jeu des questions-réponses. Une procureure, spécialiste des agressions sexuelles, posait les questions à la place des sénateurs républicains qui ne souhaitaient pas offrir le spectacle d’une assemblée d’hommes remettant en cause le témoignage d’une femme qui se dit victime d’une agression sexuelle.
Chaque sénateur ne disposait que de cinq minutes pour poser des questions. Ils alternaient entre chaque parti, républicains et démocrates. D’où un interrogatoire plutôt décousu. « Quel est le souvenir le plus marquant de cette soirée ? », lui a ainsi demandé un démocrate. « Les rires. Le rire de ces deux garçons tandis que l’un était sur moi. On aurait dit deux amis qui prenaient du bon temps », a-t-elle répondu. Et à nouveau sa voix s’est brisée. « Etes-vous sûre que c’est bien Brett Kavanaugh qui vous a agressée ? », l’a interrogé un autre. « A 100 % », a rétorqué Christine Blasey Ford. Chaque démocrate qui l’interrogeait a commencé par la remercier pour son courage. « Vous inspirez l’Amérique », a lancé le sénateur Blumenthal.
La magistrate qui représentait les républicains a pour sa part présenté une stratégie confuse, s’attardant sur des questions qui paraissaient absurdes, jusqu’à susciter un rire de l’avocat de Christine Blasey Ford ou son agacement quand elle insistait pour savoir qui a payé le test de détecteur de mensonge que l’universitaire a passé.
Les déclarations de son accusatrice pourraient déterminer la confirmation de Brett Kavanaugh à la Cour suprême, où les juges sont nommés à vie. Son arrivée pourrait en effet faire pencher cette instance un peu plus à droite. Elément nouveau : le président Donald Trump a fait savoir ce 26 septembre qu’il pourrait retirer la candidature du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême s’il était convaincu de sa culpabilité.
Si la nomination à la Cour suprême de Brett Kavanaugh semblait acquise au départ, l’image de cet homme n’a cessé de se brouiller au fil des révélations. Ce 26 septembre, il a ainsi fait l’objet de nouvelles accusations. Une femme affirme l’avoir vu prendre part à des soirées dans les années 1980 où les garçons droguaient les filles avant de les violer.
Rfi.fr