La justice doit déterminer ce vendredi si elle juge valable ou non la demande d’annulation de l’enquête concernant l’affaire la sextape. Karim Benzema, qui fait partie des suspects ayant formulé cette requête, pourrait être ainsi sorti d’affaire. L’affaire du chantage à la sextape contre le footballeur Mathieu Valbuena va-t-elle s’effondrer ? La justice se prononcera vendredi sur l’annulation de l’enquête demandée par les suspects, dont Karim Benzema, alors que l’accusation réclame sa validation et la mise en examen de Djibril Cissé, jusqu’alors épargné. Cet énième épisode pourrait marquer un tournant dans ce feuilleton entamé en juin 2015, lorsque Valbuena avait reçu un appel d’un inconnu lui affirmant détenir une vidéo intime le concernant.
Le maître-chanteur lui proposait de trouver un arrangement, sans évoquer le montant à payer, conduisant l’international français à déposer plainte. Une longue négociation avait alors commencé entre un policier sous couverture, qui se faisait passer pour un homme de confiance de Valbuena, et l’escroc, nourrie d’appels téléphoniques répétés, certains à l’initiative de l’enquêteur.
Pousser Valbuena à payer C’est ce procédé policier, jugé déloyal, qui est mis en cause par quatre suspects qui réclament l’annulation des écoutes et, par extension, de l’ensemble de la procédure. Le parquet général a requis le rejet de ces demandes de nullité, en estimant que le délit était déjà constitué lorsque le policier est intervenu.
L’enquête avait permis d’identifier les cerveaux présumés du chantage, Mustapha Zouaoui et Axel Angot, qui gravitent depuis des années autour des footballeurs, ainsi que le corbeau, Younès Houass. Zouaoui et Angot s’étaient ensuite tournés vers Karim Zenati, un ami d’enfance de Benzema, afin que l’attaquant du Real Madrid pousse Valbuena à payer.
Tous ont été mis en examen pour tentative de chantage, complicité et participation à une association de malfaiteurs, mais seuls Benzema, Zouaoui, Houass et Zenati ont présenté la requête en annulation.
Djibril Cissé toujours dans le collimateur
Lors de l’audience devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles, le 16 octobre, l’accusation a par ailleurs demandé la mise en examen d’une autre star du foot, Djibril Cissé. Mis au courant de l’existence d’une vidéo intime par Zouaoui, Cissé avait prévenu Valbuena dès mai 2015 de « murmures » quant à sa circulation et, lui-même victime d’une tentative de chantage en 2008, il lui avait dit avoir réglé son propre problème en payant. L’ex-attaquant d’Auxerre, Marseille et Liverpool avait été placé en garde à vue en octobre 2015, mais en était ressorti sans faire l’objet de poursuites.
« Des éléments médiatiques laissent perplexes quant à la bienveillance de Cissé à l’égard de Valbuena », estime désormais le parquet général. Quelques jours après cette garde à vue, Cissé avait expliqué dans une émission de télévision que c’était « un truc qui aurait pu être très mauvais pour moi et pour (Mathieu Valbuena) alors qu’il n’y a rien. On est venu me chercher pour écouter ma partie de l’histoire. Moi je n’ai jamais escroqué personne. Mathieu est un ami ! ». Valbuena, selon son avocat, considère également que « l’intervention de Cissé lui paraissait bienveillante par rapport à celle de Karim Benzema ».
Si la cour d’appel de Versailles valide vendredi la procédure, le dossier pourrait, le cas échéant, être jugé devant un tribunal correctionnel à l’horizon 2017. Quand l’affaire a éclaté à l’automne 2015, Benzema, attaquant au Real Madrid, était co-équipier en équipe de France de Valbuena, milieu offensif de l’Olympique Lyonnais. Privé d’Euro 2016 en France en raison de sa mise en examen, il est à nouveau « sélectionnable » chez les Bleus, a estimé depuis le président de la Fédération française de football, Noël le Graët. Pour autant, le sélectionneur Didier Deschamps n’a toujours pas rappelé l’avant-centre du Real en équipe de France.
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