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Affaire Skripal: Moscou expulse 60 diplomates américains par mesure de rétorsion

Après l’annonce de l’expulsion de plus d’une centaine de diplomates russes par une vingtaine de pays, dont 60 rien qu’aux Etats-Unis, la Russie avait précisé qu’elle n’hésiterait pas à prendre des mesures de réciprocité. Après l’avoir fait pour le Royaume-Uni, ce jeudi 29 mars, Moscou a annoncé l’expulsion de 60 diplomates américains, ainsi que la fermeture du consulat de Saint-Pétersbourg. Des mesures absolument identiques à celles prises par Washington contre Moscou dans le cadre de l’affaire Skripal, cet agent double empoisonné par la Russie, selon Londres.

Une fois de plus, Moscou applique le principe de réciprocité dans la crise diplomatique qui l’oppose aux pays occidentaux. Washington a expulsé 60 diplomates, Moscou en expulse le même nombre. Washington ferme le consulat de Seattle, Moscou ferme celui de Saint-Pétersbourg.

Sergei Lavrov a insisté sur ce point : des mesures similaires de réciprocité seront prises à l’encontre de tous les pays qui ont décidé cette semaine d’expulser des diplomates russes. La France par exemple peut s’attendre à devoir rapatrier quatre de ses diplomates en poste à Moscou.

« Nous souhaitons réagir à des décisions absolument inadmissibles », a notamment déclaré Sergei Lavov, pour justifier cette annonce. Sans surprise, Moscou reste sur ligne adoptée depuis le début de l’affaire Skripal et rejette toute responsabilité dans l’empoisonnement de l’ancien espion et de sa fille, tout en dénonçant une campagne de propagande visant à affaiblir la Russie sur la scène internationale.

■ Vers une contre-riposte américaine

Washington regrette une « nouvelle étape dans la détérioration » de ses relations avec Moscou. Les Etats-Unis laissent en effet planer la menace d’une contre-riposte.

« Avec cette mesure regrettable, injustifiée, il est clair que la Russie ne cherche pas le dialogue ». « Moscou décide de s’isoler encore un peu plus ». Réaction de la porte-parole du département d’Etat après l’annonce de l’expulsion de 60 ressortissants américains et de la fermeture d’un consulat à Saint-Pétersbourg par le Kremlin. L’ampleur de la réponse russe est sans précédent, rapporte notre correspondant à San FranciscoEric de Salve. Et cette bataille des diplomates n’est sans doute pas terminée. Le département d’Etat dit envisager le « droit de répondre » et examine plusieurs options.

■ Des relents de Guerre froide

Les diplomates américains concernés devront quitter le sol russe au plus tard le 5 avril, quant au consulat américain de Saint-Pétersbourg, il devra cesser toute activité ce samedi. Parmi les 60 diplomates américains visés, 58 travaillent à Moscou, les deux autres sont employés au consulat d’Ekaterinbourg, une ville située dans l’Oural.

L’affaire Skripal continue donc de détériorer les relations déjà tendues entre Washington et Moscou. Des relations presque similaires à celle qu’entretenaient ces deux pays au temps de la Guerre froide selon le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres : « Je suis vraiment très inquiet. Je pense que nous arrivons à une situation similaire, dans une large mesure, à ce que nous avons vécu pendant la Guerre froide, mais avec deux différences très importantes. Pendant la Guerre froide, il y avait clairement deux superpuissances qui contrôlaient complètement la situation de deux régions du monde. Maintenant, nous avons de nombreux autres acteurs relativement indépendants et qui jouent un rôle important dans de nombreux conflits auxquels nous assistons, avec des risques d’escalade bien connus. D’autre part, pendant la Guerre froide, il y avait des mécanismes de communication et de contrôle pour éviter l’escalade des incidents, pour s’assurer que les choses ne deviendraient pas hors de contrôle si les tensions devaient s’accentuer. Ces mécanismes ont été démantelés parce que les gens pensaient que la Guerre froide était terminée et qu’il n’y avait donc plus aucune raison d’avoir ce genre de pare-feu. Je crois qu’il est temps de prendre des précautions de ce type, en garantissant une communication efficace, en garantissant la capacité de prévenir l’escalade. Je crois que des mécanismes de ce genre sont à nouveau nécessaires. »

Ce jeudi par ailleurs, Moscou a également annoncé avoir demandé la tenue d’une réunion mardi prochain de l’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques. L’occasion peut-être de réitérer son innocence dans l’affaire Skripal, comme elle le clame depuis le début de l’affaire.

Rfi.fr

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