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Afrique du Sud: échec de la motion de défiance contre Zuma, malgré les scandales

Avec un total de 198 voix en faveur de son maintien (177 en faveur de son départ), Jacob Zuma a encore une fois échappé à une possible destitution. Depuis le début de son mandat en 2009, le président sud-africain a été la cible de nombreuses motions de défiance au Parlement. De l’affaire Nkandla au « Guptagate », Jacob Zuma s’est empêtré dans une série de scandales mélant politique, conflits d’intérêts et soupçons de corruption.

  • Le scandale de Nkandla

Du nom de la résidence secondaire de Jacob Zuma, le scandale de « Nkandla » est le plus emblématique de sa présidence. Il fait l’objet d’un bras de fer entre le président Zuma et son opposition depuis plusieurs années. Le chef de l’État  sud-africain est soupçonné d’avoir utilisé 20 millions d’euros d’argent public pour rénover sa luxueuse résidence privée, dont les travaux ont démarré en 2009.

La médiatrice de la République l’a enjoint à rembourser une part de la somme, mais il ne s’y plie finalement qu’en septembre 2016, au terme d’une décision de la Cour constitutionnelle qui le condamne à rembourser 500 000 euros.

Mais le scandale continue. D’une part, le montant est nettement inférieur à la totalité des dépenses et à celui réclamé par l’opposition. D’autre part, l’attention se concentre sur la provenance de cet argent.

Aujourd’hui, la justice enquête sur la banque qui a prêté de l’argent au président Jacob Zuma pour ce remboursement. Une banque détenue à 25% par une entreprise publique qui est soupçonnée de nombreuses irrégularités.

  • « Le Guptagate »

Le Guptagate éclate en juin 2017, au moment de la publication de milliers de mails échangés entre le chef d’Etat et son entourage. Ces mails révèlent l’ampleur des liens entre le pouvoir et la famille Gupta, une puissante famille d’hommes d’affaires d’origine indienne.

Les Gupta accumulent les passe-droits et privilèges. En 2013, par exemple, l’un de leurs avions privés atterrit dans une base militaire sans aucune permission de l’armée.

La presse sud-africaine parle aussi de « pillage économique » : de l’argent public aurait servi à financer une partie du mariage de l’un des membres de la famille Gupta. Plus de 400 millions de dollars de pots-de-vin ont également été versés à la famille Gupta par la compagnie ferroviaire publique dans le cadre d’un appel d’offres pour l’achat de locomotives.

Les mails suggèrent même que les Gupta contrôlent les décisions de l’Etat. En 2016, deux membres de l’ANC ont affirmé que la famille leur aurait proposé un poste de ministre. Jacob Zuma n’a jamais caché son amitié pour les Gupta, mais a toujours nié être sous leur influence.

  • Le limogeage de Pravin Gordhan

La mainmise des Gupta sur les affaires publiques atteint son point critique en mars 2017, lorsque le très respecté ministre des Finances Pravin Gordhan est limogé par Jacob Zuma. Il avait été nommé pour lutter contre la corruption et avait ouvert une enquête concernant un contrat de livraison passé par l’une des filiales des sociétés de l’empire Gupta. Or, l’un des postes proposés par la famille indienne à des membres de l’ANC incluait justement celui de ministre des Finances.

En mars dernier, le président Zuma procède à un important remaniement ministériel. Pravin Gordhan fait partie des personnes écartées. C’était son principal détracteur, les deux hommes s’affrontaient publiquement depuis des mois.

Les nouveaux ministres sont tous des fidèles du président, y compris le remplaçant de Gordhan. Son propre parti, l’ANC s’y oppose, mais rien n’y fait : la colère monte alors d’un cran, des milliers de Sud-Africains participant aux manifestations demandant la démission de Jacob Zuma.

Jacob Zuma a résisté à quatre motions de défiance

L’opposition avait souhaité un vote à bulletin secret pour que les membres de la majorité puissent s’exprimer sans pression. Avec ce système, elle n’aura gagné qu’une trentaine de voix par rapport à la dernière motion déposée en avril. Insuffisant pour faire tomber le chef de l’Etat et son gouvernement.

Jacob Zuma aura donc résisté à quatre motions de défiance. Comme en septembre 2015, quand l’opposition s’était indignée de son refus de livrer Omar El-Béchir, le président soudanais, à la Cour pénale internationale et estimait qu’il avait violé la Constitution, en le laissant quitter le territoire sud-africain malgré une interdiction de justice.

Mais Jacob Zuma a aussi résisté à une opposition tenace. De plus en plus tenace à mesure que les scandales politico-financiers éclatent. Ces scandales ont profondément divisé jusqu’au sein de son parti l’ANC, parti historique, le parti de la lutte anti-apartheid. Son secrétaire général et son vice-président ont réclamé des enquêtes judiciaires contre Jacob Zuma et les défections se multiplient. Il faut désormais préparer le congrès de l’ANC au mois de décembre, au cours duquel le parti doit se choisir un nouveau leader.

Avec RFI

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