En Afrique du Sud, le président Jacob Zuma, poussé vers la sortie depuis plusieurs semaines, a fini donc par jeter l’éponge mercredi soir. C’est la fin d’un feuilleton qui tenait en haleine les Sud-Africains. Les réactions vont de l’amertume au soulagement.
A Soweto, les habitants sont soulagés de la fin de cette guerre ouverte à la tête de l’ANC. Soulagés également du départ du très controversé Jacob Zuma. Mais à l’image de Joe Mamasela, un des vétérans de l’ANC et combattant de la liberté contre l’apartheid, les citoyens sud-africains vont rester très attentifs aux premiers pas de Cyril Ramaphosa.
« Je ne suis content, ni déçu, confie t-il à notre correspondant. C’était un long processus politique dont la décision était attendue… En revanche, en tant que citoyen sud-africain, je me sens abusé. Car nous vivons dans une démocratie et Jacob Zuma a été démocratiquement élu par nous, le peuple sud-africain. Si L’ANC voulait que cela change, il aurait pu demander au peuple,via un référendum. Il faut laisser les gens voter ! pour dire ‘oui’ ou ‘non’ au départ de Zuma… Et nous aurions pu voter avec notre cœur et notre cerveau !».
Même amertume chez un autre citoyen interrogé à Johannesburg. « En tant que citoyen sud-africain, je me sens abusé. Car nous vivons dans une démocratie et Jacob Zuma a été démocratiquement élu par nous, le peuple sud-africain. Si L’ANC voulait que cela change, il aurait pu demander au peuple, via un référendum !»
C’est quand même le deuxième président de l’ANC à être suspendu dans l’histoire, remarque un autre Sud-Africain, partagé entre la satisfaction des meilleures chances d’une victoire de l’ANC à la présidentielle de l’an prochain et le regret de la démission forcée de Jacob Zuma: «personnellement, sa démission ne rend pas heureux. Il avait été élu pour cinq ans, il aurait dû aller au terme de sa présidence».
Les accusations de corruption pesant sur le président sortant reviennent souvent dans les réactions. « Personne n’aime Zuma, car il a 783 charges de corruptions contre lui. Et il n’y a aucune action de la justice », confie encore une autre personne.
Mais certains préfèrent retenir que grâce à la présidence Zuma, le nombre de millionnaires a explosé en Afrique du Sud. Nous sommes trop focalisés sur ses scandales et pas assez sur ses actions positives, regrette un homme.
Qu’attendre de Cyril Ramaphosa ?
« Même Cyril Ramaphosa a les mains salies par les scandales, nous déclarait Joe Mamasela. Il le sait. Tout le monde le sait. Le scandale de Marikana il y a 5 ans. Et ces affaires vont ressurgir et le hanter car lorsque vous êtes au pouvoir vous êtes exposé et critiqué. Donc il va être critiqué. Et croyez-moi, il ne va pas rester dix ans au pouvoir car ils continueront à se destituer les uns les autres ».
Cet autre Sud-Africain est plus mesuré: « Ce qui me rend heureux à propos du futur président Cyril Ramaphosa, c’est qu’il ne vient pas d’une grande tribu comme Jacob Zuma qui était Zulu. Il est Venda, une petite minorité et il a grandi à Soweto, donc il peut négocier avec tout le monde ».
Rfi.fr