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APOLOGIE PRÉSUMÉE DU TERRORISME: JAMRA sollicite la clémencedu chef de l’Etat pour le jeune étudiant Ousseynou Diop, incarcéré depuis 4 ans sans jugement!

Brillant étudiant en Mathématiques, Physique et Informatique, classé parmi les 40 meilleurs de la Faculté de Sciences, c’est sa mère Adja Aminata Sall et son oncle El Hadji KharSéne, qui ont directement interpellé JAMRA, sollicitant qu’elle fasse entendre sa voix sur le sort pitoyable de ce jeune étudiant, qui n’avait que 19 ans au moment des faits, qui lui ont valu d’être incarcéré depuis 2015. Pour s’être adonné sur les réseaux sociaux à ce qu’on ne saurait moins qualifier d’enfantillage, son «jeu» a malheureusement pris une tournure inattendue, parce qu’ayant été perçu autrement par les autorités publiques.

C’était au lendemain des attentats de «Charlie Hebdo», que le jeune étudiant avait ainsi commentés sur sa page Facebook (s’adressant notamment à la France) : «Vous ne devez pas oublier ce que vous avez fait avec l’œuvre de Charlie Hebdo, en caricaturant notre cher prophète (psl). Vous n’avez encore rien vu. Des attentats, il y en aura d’autres» ! Victime d’une erreur de jeunesse (qui n’en a pas commise !), cette «kaff» (plaisanterie de mauvais goût) lui aura déjà coûté quatre bonnes années derrière les barreaux, et toujours sans jugement. Risquant de voir définitivement compromise sa brillante carrière estudiantine, c’est de guerre las que le jeune Ousseynou Diop s’est résolu à entamer une grève de la faim. Un acte de désespoir qui n’est pas sans risque pour sa santé, désormais précaire depuis qu’une éprouvante maladie l’a récemment terrassé à la prison du Cap-Manuel, où il est interné présentement, après un bref passage à la Maison d’Arrêt et de Correction de Reubeuss. Soucieux de son avenir et inquiet d’avoir déjà perdu quatre précieuses années de sa carrière universitaire, il a maintes fois, depuis sa cellule, exprimé de bonne foi aux autorités qu’il était totalement ignorant que son acte, qui se voulait initialement espiègle voir ludique, aurait eu une telle portée. Joignant l’acte à la parole, il a fait amende honorable, par voie épistolaire, en se confondant en plates excuses et en sincères regrets auprès du Chef de l’État, du Premier ministre et du Ministre de la Justice, à travers trois correspondances, demeurées hélas sans effet.

Le terrorisme est incontestablement un fléau des temps modernes auquel toutes les forces du monde libre doivent certes s’évertuer à faire face, en synergie, mais en gagnant à garder la tête froide, pour éviter de céder aux préjugés simplistes, et à la dangereuse psychose sécuritaire, qui risque de saper les bases même de la Démocratie et de compromettre les fondamentaux des libertés publiques. Censée être la cible privilégiée du terrorisme internationale, la première puissance mondiale, les États-Unis, semble à présent avoir bien intériorisé la nécessité de mettre un bémol au «tout-sécuritaire», qui a maintes fois failli faire basculer ce porte-étendard de la Démocratie vers un État de siège, à force de céder à la panique,en laissant s’installer une insidieuse tendance à la confiscation des libertés publiques. A la grande satisfaction naturellement des mouvances jihadistes, qui justement usent du «diktat de la terreur», comme arme de prédilection «pour empêcher aux mécréants de vivre en paix»! Depuis qu’ils ont compris qu’ils étaient en train, en toute bonne fois, de faire le «Jeu du démon», les USA ont opté – du moins sous le magistère du Président Barack Obama – de «rectifier» (même s’il ne le disent pas expressément) les excès de zèle du FBI et de la CIA, qui ont valu à de nombreux prévenus, barbus, coupable du délit de faciès, d’avoir été injustement jetés dans les geôles du célèbre Centre de détention de Guantanamo, dans l’enclave américaine de l’île de Cuba, dont des Commissions d’enquêtes parlementaires (américaines et européennes) ont eu à dénoncer les conditions inhumaines de détention.

Ayant promis durant sa campagne électorale d’enclencher un processus de démantèlement de Guantanamo, le Président Obama, même s’il n’a pas atteint la totalité de son objectif en quittant la Maison Blanche en 2016, aura eu le mérite d’avoir réduit ce «camp de concentration moderne» à sa plus petite expression. Il ne restait en effet plus que 61 prisonniers, en août 2016, sur les 242 détenus, qu’avait trouvés Obama en arrivant au pouvoir en 2008 ! La lenteur du processus d’élargissement tenait moins de la volonté politique du chef de l’Exécutif américain que de sa difficulté à trouver des pays d’accueil à ces parias que le Pentagone avait fini par cataloguer pudiquement de «détenus libérables». Et dont la plupart avaient arrêtés dans des circonstances illégales aux yeux de la loi américaine. Les Etats-Unis exprimèrent alors publiquement leur reconnaissance aux pays d’accueil, dont certains Emirats arabes, le Ghana et … le Sénégal, «pour (leur) geste humanitaire et (leur) volonté de soutenir les efforts en cours des États-Unis pour fermer le Centre de détention de Guantanamo», indiquait le communiqué du Pentagone.

Le gouvernement du Sénégal achoisi la date symbolique du 4 avril 2016, jour de la fête nationale, pour faire l’annonce officielle de «l’asile humanitaire» qu’il avait décidé d’accorder à deux ex-détenus de Guantanamo. Il mit en exergue dans son communiqué que «cet asile humanitaire s’inscrivait dans la tradition d’hospitalité sénégalaise et de solidarité islamique envers deux frères africains». Lesquels étaient des ressortissants libyens, détenus sans procès durant 14 ans, et finalement libérés sans qu’aucune charge n’eût été retenue contre eux ! Et l’organisation humanitaire «Human Rights Watch» de féliciter l’Etat du Sénégal pour son «geste humanitaire important, qui offrait à ces hommes la chance de commencer une nouvelle vie».Et pourquoi donc n’offrirait-on pas également au jeune étudiant Ousseynou Diop – qui boucle sa quatrième année de détention, sans jugement – l’opportunité de refaire, lui aussi, sa vie après tant de pénibles épreuves ?

Les Bureaux exécutifs de l’Organisation islamique JAMRA et de l’Observatoire de veille et de défense des valeurs culturelles et religieuses, MBAÑ GACCE, expriment leurs soutiens fraternels à cet adolescent en détresse et à sa famille dans le désarroi. Et sollicitent la bienveillante et prompte réaction du chef de l’État, M. MackySall, afin que le destin de ce brillant étudiant, promu à un belle avenir, ne soit sacrifié sur l’autel de la hantise sécuritaire, qui aura fait se fourvoyer nombre d’Etats démocratiques, dans leur hâte à «bouffer du jihadiste à tout prix» ! Laquelle précipitation aura suffisamment fait de victimes innocentes Outre-Atlantique, pour que notre pays, le Sénégal, daigne s’en inspirer largement pour s’épargner de causer d’inutiles préjudices à ses fils. Comme en atteste à suffisance la jurisprudence Imam Alioune BadaraNdao, finalement acquitté,bien qu’un foudroyant réquisitoire,le diabolisant à souhait, lui eût promis 30 ans de réclusion criminelle, pour «apologie du terroriste» et autres chefs d’inculpation de la même veine !JAMRA & MBAÑ GACCE réclament solennellement le jugement du jeune étudiant Ousseynou Diop – qui a déjà été suffisamment «sanctionné» -ou sa relaxe pure et simple, s’il y a inexistence de preuve de sa culpabilité.

Dakar, le 12/11/2018
Les Bureaux exécutifs
de JAMRA et de MBAÑ GACCE

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